jeudi 19 octobre 2017

Deux jours en Suisse

Des paysages époustouflants, depuis la sévérité du Simplon, la majesté des massifs au-dessus de Saas Fee et le massif du Cervin ainsi que le Menerhorn après Tasch.



Justement, après Tasch, il faut affronter un commerce juteux qui consiste à interdire la route aux visiteurs et à leur faire payer le train au prix fort pour les 6 kilomètres restants. C'est tout gagnant pour les habitants de Tasch qui ont pu s'implanter comme taxis et fournisseurs de parkings. Ils ne peuvent que réussir grâce à cette combinaison. Nous hésitons à nous rendre à Zermatt et renonçons.
Parce que l'expérience à Saas Fee était très moyenne dans le genre station de ski avec Immeubles chalétiformes et boutiques. Bof.


On se rattrape à Grimentz : c'est une station, c'est aussi un superbe vieux village dont les maisons en bois nous occupent un moment. C'est vraiment la patrie du bois qu'on célèbre dans les bâtiments, les greniers sur pilotis protégés des nuisibles par des pierres plates, les statues dans la rue principale.
Le lac Moiry, plus haut, est d'un bleu violent dans la lumière du soir ; il sera plus laiteux au matin. Là-haut, les derniers rayons du soleil effleurent quelques sommets, le glacier se refroidit, c'est magnifique.




Le matin, nous partons en balade vers le refuge Moiry. La glace craque un peu sous les pieds, la terre est dure, les plus hauts sommets s'éclairent lentement. Notre progression n'est pas non plus très rapide entre les pierres jusqu'au panorama qui nous est offert là-haut sur le cirque et le glacier avec le soleil en plus.




On a vu trois sortes de promeneurs :
- les montagnards sont partis à l'aube et n'ont pas laissé de traces. Ils sont en haut ou évaporés ;
- les marcheurs sont montés aux environs du refuge. Bonnes chaussures, souvent avec des bâtons, ils ont un sac chacun quand ils sont tardifs. On les soupconne d'emmener leur pique-nique ;
- les promeneurs restent en bas. Bonnes chaussures et survêtement, ils ont bien envie de monter mais ne courent pas de risques. Ils profitent de la vue mais les balades horizontales sont limitées.

Deux jours, c'est très très court.

vendredi 13 octobre 2017

Les Cinq Terres

Ce qu'il aura fallu faire d'autoroutes pour aller jusque là, les tronçons rectilignes et les virages de l'approche de Gênes dont la banlieue semble interminable, pour atteindre enfin des coins plus calmes. Nous allons, un peu par hasard, à Setta Anzo Framura. C'est un petit coin de nulle part, desservi de petites routes pentues et assez étroites pour interdire les croisements. Les maisons résidencent dans les arbres, à l'abri derrière leurs portails. Tout en bas, au bout, il y a la gare, un parking, un accès piétonnier à un petit port, et deux lieux éclairés à cette heure tardive : la station et un tunnel pour y accéder. D'ici, on se croirait dans une banlieue tranquille.


A Montaretto, nous resterons en haut. D'abord le bourg est sympathique, les habitants semblent accueillants. Et il y a un restaurant qui parait être le point de rencontre local et nous attirerait bien, mais il est trop tôt. Nous nous contentons d'une balade dans le bourg et ses environs.
Les pentes escarpées sont couvertes de maquis quand elles n'accueillent pas de la vigne et des oliviers prêts pour la récolte. Plus loin, nous serons dans les châtaigners.



Benassola est plus grand, c'est une petite ville du bord de la mer, avec une plage très aménagée, un caïque mouillé devant, une grande rue piétonne à l'abri de la digue et des commerces ouverts bien qu'il n'y ait pas une grosse affluence. La focaccia est très bonne, mais nous n'avons pas réussi à en traduire la recette malgré les efforts du boulanger. C'est une bourgade un peu endormie en cette saison qui a rangé soigneusement les animations de l'été.


Nous entrons dans les 5 Terres en gagnant Levanto. Aïe ! Nous rejoignons le tourisme de masse et ses excès. Surtout les excès. Nous n'avons pas perçu le moindre intérêt à rester là. Autant regarder de loin, de haut, c'est joli et la Méditerranée est superbe. Le reste, la ville, les boutiques à touristes et l'afflux étonnant en octobre, il faut le laisser aux nombreux anglais, aux retraités dépassés, ou bien sportifs ou alors élégants, mais toujours en couples. Les parkings deviennent payants et l'organisation vise à une gestion efficace de l'afflux jusque dans les check points des sentiers : c'est une réserve italienne, tout est donc organisé pour passer à la caisse. Il fait chaud. Les plus jeunes sont sur la plage.


A Monterona al Mare, on se baigne aussi. Et on retrouve cette ambiance fracassée depuis longtemps par le tourisme de maintenant ou les villégiatures d'antan dont les bâtiments sont difficiles à éviter. Les routes sinueuses n'ont vraiment préservé ces lieux. Il vaut mieux aller plus haut, dans les bourgs si joliment perchés, où l'environnement est plus tranquille, les chemins accessibles et les forêts de châtaigniers superbes avec leurs couleurs d'automne.


Heureusement, il y a Vernazza au bout de son vallon. Il y a du monde, on y vient pas la route, par le train, par la mer et c'est superbe. Une descente accidentée dans la forêt débouche sur le vallon qui conduit au bourg. Il y conduit aussi de l'eau - beaucoup d'eau - et des boues. On en voit des traces dans les parties arrachées aux terrasses en amont, dans les murs tachés jusqu'au premier étage des premières maisons. Passant sous le chemin de fer entre les boutiques, la rue principale finit au port où tout le monde finit par se retrouver. C'est le cœur du lieu, avec l'église, la place et ses terrasses, la plage rocheuse et la jetée. Autour, les maisons poussées en hauteur, étagent leurs murs pastels dans la pente et sur le promontoire ; les rues sont des escaliers de débris de marbre noir ou de briques, les vignes tout autour sont exploitées avec des drôles de petits funiculaires, des motoculteurs à une place et deux ou trois petits wagons à plateaux en grille métallique, à cheval sur un rail dont les courbes grimpent dans les pentes.






Corniglia, nous y arrivons un peu trop tard. Le soleil est en train de se coucher, ce qui ravit les spectateurs massés sur la dernière terrasse du bourg à attendre que le soleil plonge. Les touristes sont à l'apéritif ou s'interrogent sur leur restaurant. Il n'y a pas de gare : on en voit pousser leurs valises de loin sur la route. Ont-ils manqué le bon bus ?

Manarola et Romaggiore concluent notre tour. Les deux voisines sont à une petite heure à pied, reliées par un sentier taillé dans la falaise.. Il faut largement ce temps en voiture avec les détours de la route, d'autant qu'il faut se garer loin des bourgs pour trouver de la place. Ces deux villages sont superbes, leur port charmant mais nous en sommes maintenant à détailler les différences entre les bourgs : la propreté maniaque de Manarola où une association locale soigne le patrimoine et les vignes en terrasses, par exemple. Serait-ce un début de lassitude ? Trop de monde sans doute, trop d'apprêt aussi. Pourtant, nous apprécions ces paysages que nous retrouverons également à Porto Venere : l'architecture est semblable ; la ville est plus développée et la rade de la Spezia superbe.


 Les vignes cultivées en terrasses sont souvent d'accès acrobatique. L'engin qui remplace un motoculteur impuissant ressemble à un monorail à crémaillère, monoplace et aérien.


Admirer les jolies courbes du rail :


D'autres photos ici