vendredi 19 avril 2019

Balade autour de la Dordogne

Balade autour de la Dordogne. Autour de la Dordogne parce qu'il ne s'agit pas du département mais de la rivière et des gorges qu'elle a formées, bien avant la patrie du foie gras.


Mercredi
Nous sommes en Corrèze, en limite du Cantal. Va savoir pourquoi les deux peuvent être si différents. Les environs de Neuvic et les grandes forêts jardinées s'oublient dans les taillis er les prés du Cantal, de l'autre côté du Pont de Saint-Projet.
Meymac, c'est joli ; on savait le situer mais Bort les Orgues me perdait : je le pensais dans le Cantal. Il est en Corrèze : un autre département, une autre région, comme un coin enfoncé plein est dans l'AURA. On s'aventure jusqu'à Clédat, un village abandonné définitivement au milieu du vingtième siècle après un long déclin. Il semblerait que les machines agricoles aient eu de la peine à digérer les grosses boules de granite disséminées par l'érosion jusqu'au voisinage des maisons. En réalité, elles étaient là d'abord... Si, si... Et la chapelle du douzième est une petite jeunette à côté, surtout qu'elle a été restaurée, de même que la chaumière voisine. C'est très propre, joli, perdu au milieu des forêts, et c'est peut-être pour ça que j'ai des difficultés à imaginer cet endroit autrefois habité, entouré de landes, disposé sur un chemin fréquenté qui évitait les vallées.


Reste à revenir vers les gorges de la Dordogne. Le problème serait de vouloir faire le trajet rapidement. Ces petites routes nous font perdre gentiment notre temps et nous allons même nous détourner plusieurs fois pour des forêts (belles, hautes, gérées, avec de plus en plus de résineux), des étangs (ailleurs, on les qualifierait de lacs), Neuvic et ses installations touristiques sur le lac de la Triouzoune (Il fallait que je place ce nom que j'aime beaucoup), un camping qui se prend pour un port, un village VVF un poil défraîchi, un peu trop loin de l'eau, et le plan d'eau qui semble drainer une grosse fréquentation à la belle saison, au point d'adopter des sens uniques de circulation. Les petites routes locales sont sans doute débordées.


Le barrage de Neuvic semble bien petit pour une si grande retenue. Il n'en sort qu'un jet d'eau sous pression et une conduite forcée qui mène à l'usine électrique, plus loin, plus bas, dans les gorges de la Dordogne. On y est enfin.



Jeudi
Dans mon souvenir, mais j'écris ces lignes le soir, après une (bonne) bière, et mes neurones moulinent lentement, dans mon souvenir, tout commence au barrage de Chastang et le village EDF de Aymes. Mais qu'a-t-on fait avant ? Je me souviens de routes en lacets, des gorges de la Dordogne qui plongent des forêts vers l'eau, de quelques ports, l'appellation locale pour une ancienne route débouchant sur un ou deux pontons et, souvent, une petite infrastructure touristique de balade en gabare, de mise à l'eau de pédalos, ou une terrasse....
Ce n'est pas que les villages du haut, sur le plateau et côté Cantal, ne soient pas intéressants : mignons parfois grâce au gazon ras et à la pierre claire qui a servi à construire les maisons traditionnelles. Mais ils se donnent trop souvent des allures de banlieues transportées à la campagne avec des trottoirs et des places de parking, des lotissements, une supérette parfois.


Revenons au barrage de Chastang. On ne visite que le vendredi et à condition de prendre rendez-vous. C'est raté pour les deux conditions. Pas de chance ou manque de prévisions, nous verrons la cité EDF de Aymes avec ses grosses maisons de pierre que quelques familles continuent à occuper, dispersées sur la plaine herbeuse, un lotissement où l'espace et les matériaux de construction ne furent pas comptés.
Les ouvriers qui ont construit l'ouvrage en pleine guerre vivaient dans des cabanes plus rustiques. Il y avait du monde, jusqu'à 1300 personnes qui ont vécu cette période troublée. On imagine certains travaillant à bâtir ce qu'ils complotaient à saboter, une sorte de situation à la manière de Docteur Jeckill et Mister Hyde...


Nous n'avons donc pas visité le barrage, seulement regardé les maquettes fonctionnelles trop mal restaurées et les panneaux explicatifs. Et puis le paysage des bords de la Dordogne, entre ombrages et pêche à la ligne, canoës et gabares... Enfin, en été. Maintenant, c'est tranquille, tout comme notre pique nique au bord de l'eau, au soleil, devant un point d'embarquement prévu pour une gabare estivale.


Après, il y a eu aussi les villes : Argentat, Beaulieu. Elles sont vraiment agréables avec leurs quais sur la Dordogne, les monuments historiques, les bâtiments anciens, leur histoire, entre guerres de religion, transports de marchandises et exode rural (je raccourcis beaucoup), ce qui fait que nous y passons le temps que nous avions prévu à arpenter des sentiers.


Nous retournons en pleine campagne pour dormir. Un chemin de croix nous tend... les bras ! Après un début un peu acrobatique, le terrain a été remodelé par des engins et la montée est plus facile. Passée la troisième station, nous nous cachons dans un coin. C'est seulement après que nous réfléchissons : chemin de croix refait + vendredi saint = procession possible.
Gagné : une procession a lieu tous les ans au puy Turlau (ou Turlaud). On partira tôt demain.

Vendredi
Aujourd'hui, le programme est composé des villages remarquables du coin, et ils ne manquent pas. Nous passons en revue les vieilles demeures, les municipalités gentrifiées, les parkings payants pour la qualité de l'accueil, les rues astiquées, les glycines, les pierres taillées, les châteaux jumeaux et les manoirs mitoyens. Tout n'est pas obligatoirement sympathique mais c'est très beau, remarquablement préservé, un peu aseptisé.


Le moins bon, c'était assurément Collonges la Rouge : impossible d'échapper au parking payant, à l'artisanat d'art devant lequel trônent des fours mexicains en terre cuite, au parfum d'ambiance planant lourdement sur tout le bourg, au monde, entre ceux qui paient et ceux qui font payer. J'en ai fini par ne plus voir ces beaux murs de pierres oxydées, à me demander comment on peut vivre ici, à moins que ce ne soit pour le fric.


Une autre endroit étonnant : le petit village sous le château de Castelnau où il n'y a pas seulement des gîtes, mais aussi quelques vraies maisons avec de vraies personnes, et quelques ventes plus ou moins ruinées. Le château en lui-même est imposant, moyenageux transformé au cours d'évolutions voulues ou largement subies, depuis la vente de ses pierres, jusqu'à son dernier propriétaire privé qui l'a sauvé et fantasmé.


Samedi
Il n'a pas connu la même histoire mais lui aussi revient de loin. Le château de Montal, proche de Saint-Céré, est né à la Renaissance. Jeanne de Balsac l'a fait construire comme une artiste peut conceptualiser son œuvre, avec un assemblage minutieux de signes personnels dans les travaux d'artisans de la pierre qui ont décoré l'édifice. 


Notre guide nous a conduits à travers les salles et les époques. Là aussi, un richissime propriétaire a recréé "son" château, ici avec le souci d'une restauration au plus près de la date de construction. Et là aussi, il y eut don à l'état.


Une bien belle visite pour une bien belle réalisation.

Et, pour les (vraies) photos, il faudra aller sur https://dvisuels.piwigo.com/, comme d'habitude et dans quelques jours, le temps de les bricoler un brin...

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