dimanche 6 août 2017

Une traversée



Comment décrire ce moment particulier ? Faut-il d'abord aborder le stress induit ? Ou alors ces moments où on est isolés dans 360° de paysage horizontal, quand tout va bien, quand le mauvais temps n'y met pas de l'animation ? Ou alors faut-il commencer par la fin, par la satisfaction de l'avoir faite, cette traversée ; nous qui ne nous pensons pas marins, nous sommes allés de l'autre côté...


 Le stress, c'est celui d'une situation exceptionnelle. Les interrogations peuvent être multiples, entre météo et matériel. La météo, c'est de mieux en mieux. Le temps est prévu d'une manière toujours plus fiable. Et ce n'est pas obligatoirement toujours rassurant parce que les informations sont plus nombreuses qu'avant, plus accessibles et nous pouvons anticiper de manière plus fine et plus inquiète sur le développement de la houle, des orages , le vent qui pourrait se mettre de face... Le matériel, ça peut être le moteur et les inquiétudes qu'il nous offre de bon cœur : va-t-il chauffer, aura-t-il des soucis qu'on n'aura pas la compétence de résoudre ? Le reste du bateau fait davantage confiance mais ce n'est pas un foudre de guerre qui pourra partir au près serré comme un voilier de compétition...
Durant la traversée, notre emploi du temps oscille entre temps libre à occuper, manoeuvres de navigation, et veille plus ou moins attentive selon les moments et les conditions de navigation. Il faut dire que l'apéritif pris au milieu de nulle part est bien agréable. Aucune terre à l'horizon. Si des lumières apparaissent, ce seront celles de navires. Compréhensibles, elles seront des anecdotes qui ponctueront le voyage ; erratiques, difficiles à déchiffrer, elles rejoindront le paragraphe précédent consacré au stress. C'est que les pêcheurs ont inventé mille manières de nous pourrir la tranquillité : la recherche aléatoire du poisson ou, plus difficile à gérer, les filets dérivants dans lesquelles s'accrocher, de préférence par l'hélice.


Après, on sera arrivés et ce sera bien. D'abord, il y aura le soulagement de n'avoir plus à guetter l'incident. Ensuite la satisfaction d'avoir fait le voyage, et puis d'avoir conquis le lieu d'arrivée. Nous ne serons pas descendus d'un avion mais aurons planifié, étudié, géré, mené à bien notre navigation.

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