vendredi 24 décembre 2021

Münster


L'aller

1000 kilomètres d'accord, mais avec le brouillard, la bruine, le givre, les petites routes pour aller jusqu'à Dijon. A partir de là, on se disait que ça devrait aller tout seul. Tu parles ! 

Oui, l'autoroute vers le Nord avance bien. Il nous aura fallu plus de six heures pour faire le premier tiers du trajet vers Dijon mais on monte rapidement vers Metz et la frontière luxembourgeoise. Du Luxembourg, qu'aura-t-on distingué ? Quatre voies avec de belles voitures bien rapides (plus que nous) et des camions en nombre (moins rapides que la Saxo quand même), des panneaux de signalisation, des vallées en dessous, la frontière allemande bientôt.

Je ne m'attendais pas à autant de routes à deux voies. Les autoroutes ne couvrent donc pas tous les trajets en Allemagne ? Et je ne m'attendais pas à autant de circulation. Enfin, une fois remis en piste, je veux dire sur l'autoroute, je me suis aperçu que j'avais oublié leur caractéristique première : les travaux permanents avec le rétrécissement des voies et les embouteillages qui peuvent en découler parfois, ce soir en particulier.

Bon, faut pas se plaindre, on y arrive, à Münster. Même qu'on fait le tour de la ville par le Nord, on évite la zone verte où une Saxo fumante n'a rien à faire, on trouve l'entrée de l'immeuble, M-C et E. sont là, on va être à l'heure pour le champagne.


Premières impressions sur la ville

Münster abrite des bicyclettes et des marchés de Noël après s'être consacrée depuis des siècles à une horloge astronomique.

Pour ce qui est des bicyclettes, on a tenté de les canaliser sur une piste verte où les cyclistes peuvent se précipiter en silence mais on l'invasion gagne un peu partout sur les trottoirs, aux arrêts des feux, aux passages de piétons. De mon point de vue de piéton, le vélo fait beaucoup pour l'insécurité locale et nécessite de rester aux aguets même si les hordes qui déboulent en silence derrière leurs lumières ne nous ont encore jamais agressés personnellement, si ce n'est dans notre amour propre vexé par leur indifférence pressée.

Pour leur éducation et les trajets en ville, les tout petits sont d'abord enfermés dans une bulle de plastique à l'avant de vélos cargos ou, en deuxième option, rangés dans une remorque. Je ne sais pas comment le choix se fait entre ces deux stratégies. Après, on entraîne les enfants à circuler sur ces machines qu'ils doivent savoir maitriser été comme hiver, éventuellement sur le verglas. 

Dans un souci de démocratie sans doute, les piétons qui auront flippé sur tous les trottoirs, se seront agglutinés à l'écart pour attendre aux feux rouges, ces mêmes piétons se retrouveront prioritaires aux passages protégés. Les coureuses et les coureurs sont considérés font partie de cette catégories d'usagers mais font beaucoup plus de bruit avec leurs semelles qui claquent sur les pavés. Soit les chaussures sont raides, soit l'entrainement est lacunaire. 

Les chiens en laisse attendent la nuit pour arborer leurs jolies laisses et leurs mignons colliers décorés de led clignotantes du plus bel effet. Ci-dessous, un stand de test pour le Covid.

En centre ville, le piéton nécessairement masqué remplace parfois le chien par un ou des enfants installés dans des poussettes mais c'est relativement rare le soir, quand les gens en groupe préfèrent boire une boisson chaude ou déguster un plat plus ou moins appétissant en stationnant debout au marché de Noël. Il y a foule le soir à discuter une jolie tasse à la main.


La grosse erreur ? Ne pas s'habiller assez chaudement pour les températures actuelles, bien jolies pour le givre qu'elles déposent sur les arbres ou les vélos. La cathédrale chauffée fait office de refuge. On peut sortir les mains des poches, se planter sans trembler devant l'horloge astronomique, à midi de préférence pour admirer les personnages qui surplombent les cadrans. 


Quatre personnages pour frapper deux cloches, renverser un sablier, jouer de la trompette, et puis les rois mages défilent en ronde et s'inclinent devant Jésus, surveillés par l'étoile du berger. Plus bas les cadrans compliqués donnent accès à beaucoup plus d'informations qu'une simple montre, tellement que je n'ai pas tout compris aux indications. Pour des explications moins lacunaires concernant Münster et l'horloge, il vaut mieux jouer sur le Net.

Les marchés

La nuit tombe bien trop vite en hiver. Pour compenser, on a inventé le lampadaire qui permet de se retrouver dehors, de préférence par temps frais.


Ca n'empêche pas un petit plaisir solitaire de temps en temps.


Pour les plus frileux, on trouve ce qu'il faut en abris de toutes sortes.


Le marché de Noël se démonte le plus rapidement possible le 23 au soir. Le stand est déshabillé pour être chargé dans un camion et disparaître. Reste le marché deux fois par semaine pour conserver les habitudes acquises en profitant d'un moment ensoleillé.


Mais la foule conviviale a disparu.


Münster retrouve sa tranquillité le 24 décembre...


dimanche 5 décembre 2021

Sulfleuve : la galerie photo

 Comme d'habitude après une belle balade, on retrouve une galerie photo sur Piwigo. Voici l'adresse des paysages de notre voyage sur le Maroni :

https://dvisuels.piwigo.com/index?/category/29-sulfleuve



 

mercredi 24 novembre 2021

Un petit air de villégiature

 C'est à l'embouchure du Maroni qu'on découvre un lieu où la Guyane sourit à la mer. Sympa, non ?





Awala-Yalimapo, après Mana, mérite bien un petit détour. Des hébergements, des gens accueillants, un environnement plutôt tranquille.

lundi 22 novembre 2021

Cacao, un dimanche matin

Cacao, pour un premier dimanche libéré !


Les restrictions dues à la pandémie sont allégées en Guyane où la situation sanitaire est sur une tendance à l'amélioration. La cinquième vague n'est pas encore arrivée ici et dimanche 21 novembre 2021, eh bien c'est le premier dimanche libéré du confinement qui s'imposait aux Guyanais de la zone orange.

Pour nous, c'était prévu, nous allons à Cacao.

C'est un lieu où les Hmong se sont installés dans les années 1977. Voir le lien ci-dessus. 45 ans après, le village semble à la fois prospère, laborieux et dénué d'ostentation. La semaine y est sans doute tranquille, tout comme ce dimanche matin à 8 heures quand nous arrivons. La foule, ce sera pour plus tard quand les visiteurs en masse auront investi les restaurants et leurs files d'attente.

Pour nous, c'était l'ouverture, un moment encore bien calme. Nous étions les premiers à commander notre soupe au milieu des préparatifs. Bonne la soupe ! Une institution que nous n'avions pas pu approcher à Javouhey, le deuxième bourg Hmong, plus proche de Saint-Laurent. Là-bas, le confinement limitait l'accès à un seul établissement devant lequel la file d'attente était rédhibitoire.

Là, on n'attend pas. On a quand même le temps de visiter les stands d'artisanat tout proches où acheter des tissus, des sacs, des photos prises dans la nature guyanaise (orignaux parce que tirés très flashy avec le parti pris de faire ressortir le travail sur les couleurs au tirage).

Un peu plus loin, le marché. Euh... Les Hmong vendent ailleurs sur les marchés de Cayenne entre autres lieux, ce qui limite l'extension du marché aux produits disponibles. Il est donc tout petit ce marché. Pour s'approvisionner, ce n'est pas indispensable de venir jusqu'ici ; par contre, pour la salade de papayes, nous avons même eu droit à la démonstration de la recette (il aurait fallu noter : je n'ai à peu près rien retenu, hors la gentillesse gaie de la dame).




Balades dans le bourg et ses maisons de planches noires, outillages, poules, quads ou pickups aux roues marquées par la latérite, beaucoup de voitures garées dans les rues, la gendarmerie...




L'église et la messe dominicale très suivie : les officiants sont en blanc bien repassé, les fidèles entrent et sortent librement pendant l'office et les chants puis repartent en belle voiture ou en camion plateau fatigué.



Dominique nous montre ses collections d'orchidées, de poissons et de serpents. C'est le deuxième herpétologue qualifié que nous rencontrons en Guyane. Il y a de quoi être fasciné par la culture de nos guides et les bêtes mais j'aime bien les admirer derrière une vitre. Pas tout à fait vrai, certains serpents s'habituent au contact et à la manipulation (pas pris dans les mains, pas envie de les laisser tomber par terre).

Une grand mère placide. Elle bouge peu ses quatre mètres. Embêtant : elle n'a pas voulu manger depuis cinq mois.

Je savais que les chats étaient liquides. Eh bien les serpents le sont également ! La tête est bien à l'abri.




dimanche 21 novembre 2021

Les îles du Salut

On l'appelle le bagne de Cayenne, c'est d'ailleurs à peu près tout ce qu'on connait de la Guyane avec les insectes, les mygales, les serpents, la forêt... Une liste limitée, bien sûr, mais la Guyane, c'est un peu notre point aveugle de la France, département 973.

Alors ce bagne. Il n'était pas du tout à Cayenne. Les bagnards arrivaient à Saint-Laurent du Maroni d'où ils pouvaient être assignés à d'autres emplacements, des lieux plus ou moins proches de l'enfer, où l'espérance de vie pouvait être en moyenne de cinq ans. Cinq ans ou beaucoup moins pour ceux qui étaient par exemple en forêt. Si j'ai bien compris, on pouvait y travailler nus, histoire de... Histoire de quoi ? Eviter les évasions ? Punir ? Torturer ? Ça dépend des époques, expier et coloniser, ou faire disparaitre et punir. La troisième république fit pire que l'empire.

Si l'esclave s'achetait, le bagnard devait être disponible pour moins cher ; réduit à son matricule d'après Seznec, moins qu'un esclave sans doute, moins qu'un homme, jetable.

J'imagine qu'on se préservait une bonne conscience comme on pouvait. Les religieuses du couvent des îles du Salut, qu'en pensaient-elles ? Les curés, les médecins de la marine, les autres, tous les "libres" ? Il reste les murs de l'hôpital, plutôt bien foutu, cet hôpital, mais pas pour tout public. Les pavillons des administratifs, des gardiens en famille, les chambres des gardiens célibataires, l'église, et même le logement pour les visiteurs, tout était bien organisé pour gérer l'horreur.

Le cimetière des enfants est tout proche de notre logement. Les bagnards, eux, étaient jetés à l'eau. Il faut comprendre : la place était limitée, il fallait gérer au mieux. D'autant que même ici, sur l'île du Salut, on trouvait un quartier des condamnés à mort, une guillotine dont il subsiste les plots pour l'installation.

Ici, il en reste une ambiance de vacances. Les chambres se louent, le restaurant bénéficie d'une belle vue sur l'océan, l'île du diable est bien mignonne avec ses palmiers et la cabane de Dreyfus, le port est fréquenté par quelques catamarans qui font la liaison avec Kourou ; on vient pour se détendre, passer un moment hors du temps, loin des contraintes.

Si l'eau était plus claire, la Guyane serait envahie par les hôtels ou les marinas. Les grands fleuves et les courants charrient trop d'alluvions pour espérer une eau bleu et limpide. Tant pis pour les plongeurs, tant pis pour l'économie du tourisme de masse.

Ouaip. C'est quand même l'île du Diable où Dreyfus passa quatre ans. Nous avons connu l'endroit bien tranquille vendredi, nous l’éviterons samedi soir.