mardi 16 mars 2021

Mars mi-confiné : 3 jours entre Verdon et Lubéron



Sainte-Croix, un bourg touristique ? Les immenses parkings vides lui donnent un air délaissé et triste, un magasin est ouvert, des places sont libres pour notre voiture parmi la poignée d'emplacements dessinés au sol entre les bâtiments resserrés du centre bourg. Si la vue est splendide sur le lac de Sainte Croix du Vercors, la base nautique reste fermée et l'immense zone dévolue aux camping cars est barrée d'un bout de rubalise miteux. On a tout fermé pour cause de Covid, et les touristes qui ne rapportent pas ne sont plus les bienvenus. 


Drôle d'ambiance dans ce magnifique sud du Verdon où on croise quelques marcheurs sur les chemins à défaut des autochtones vraiment très discrets. Une jolie balade au départ de Quinson sur le sentier du gardien du canal, le long des basses gorges du Verdon émeraude. 


Nous avons mis un moment à comprendre (un peu) l'histoire de cette voie d'eau aménagée en plein dix-neuvième pour acheminer l'eau jusqu'à Aix en Provence : 80 kilomètres dont 20 de tunnels, un aqueduc, mais l'entretien à assurer puis l'abandon à cause du canal de Provence, au milieu du vingtième siècle. Désormais on y célèbre les chauves souris qui ont trouvé refuge dans des portions de tunnels, les aigles des falaises, quelques plantes endémiques. J'éprouve toujours un peu de nostalgie devant l'abandon de ces chantiers datant d'à peu près deux siècles.


Quinson : le seul lieu ouvert était l'Office du tourisme. Il y avait un vendeur ambulant de fruits de mer qui s'ennuyait, un Proxy qui n'ouvrait qu'à 16 heures 30. Un peu plus loin, le supermarché de Montpezac était fermé. Nous n'avons pas repéré de boulangerie. Le touriste devrait en principe être accueilli dans les locations, restaurants, parkings, si nombreux et à présent vides. On rencontre quelques fermes, un livreur en camionnette cramponné à son téléphone. Il est difficile de se faire une idée de la vie locale. Peut-être que tous les gens d'ici travaillent à la ville et en ramènent jusqu'à leur baguette fraîche ?


Les paysages sont splendides. Les montagnes à l'est, le lac tout proche ponctué des lumières des villages côtiers, des plateaux partagés entre champs de lavande et forêts claires, des bourgs resserrés assiégés de propriétés encore discrètes derrière la verdure. Nous sommes à un peu plus d'une heure de Martigues, dans un autre monde fait de routes étroites et sinueuses, avec de l'eau douce et un climat assagi, sans zone industrielle ou commerciale, tranquille et beau.


Plus loin dans le Verdon, la charge touristique augmente. Enfin, on devine les endroits où la foule serait accueillie, canalisée, exploitée. Par exemple avec les rafteurs vers Castellane, ou alors simplement les aires gigantesques de camping cars, les parkings, les campings avec ou sans bungalows, avec ou sans ombre, avec ou sans guinguette à proximité, et toujours les restaurants... On repère facilement les opportunistes confortables, profs de tao ou de bien être, artisans d'art aux magasins ouverts trois heures par semaine (un numéro de téléphone est affiché pour permettre les ventes ou les livraisons à un autre moment). Mais les touristes sont absents et les boutiques n'accueillent plus, fermées. 


Les gorges sont spectaculaires et savourent sans doute leur tranquillité. Tout en bas, le Verdon fait le petit innocent, couleur émeraude sur sables blancs, il se faufile entre les parois, discret, comme s'il n'était pour rien dans l'existence de ce monde de canyons. De rares maisons partagent le paysage avec quelques voitures de passage. Aux portes des gorges, les bourgs aux rues resserrées gardent calmement leurs moutons. On ne voit à peu près personne. C'est une chouette scène, mais il manque les acteurs.


Il fait froid les nuits. Pas question de dormir en altitude, et puis le lac de Saint Laurent du Verdon ne nous tente pas. Nous revenons vers Moustiers où nous avons repéré une plage et un parking. Arrivée une demi heure après le début du couvre feu. Il y a déjà là du monde pour la nuit, deux ou trois vans, quelques voitures en groupe autour de tentes.  Apéro le soir face au lac pendant que la nuit tombe.


Une nuit frisquette. Il y a du givre sur la voiture le matin et du soleil dans un  ciel clair. La photo ci-dessus ne provient pas de Moustiers mais de la station de Lure où nous faisons une balade au frais, au beau, bien aérés. La station en elle-même s'abandonne autour de parkings à peu près inutiles. Rien de bien folichon ici sinon le départ de belles marches.


Le réchauffement est pour bientôt, après être redescendus de nos 1600 mètres d'altitude et avoir traversé des plateaux de lavande organisée. A Manosque où les ruelles sont encore bien fraîches, on rencontre enfin des habitants qui fréquentent les marchés. Quelques groupes se sont déguisés pour rappeler l'existence du carnaval, ils se baladent sans parvenir à mettre beaucoup d'ambiance. Il y manque une proximité pré-pandémique.


Une promiscuité que nous retrouverons plus loin, à Roussillon, au sein du pays de l'ocre, où les murs se couvrent de ce mélange aux proportions diverses mais toujours dans le rouge, l'orangé, le brun, le jaune... Même privés de visites organisées, les promeneurs sont nombreux ce samedi après midi. Ils sont attendus ici : les boutiques sont ouvertes.


Cette région est douce entre lavande, vins et forêts. Nous couchons à proximité de Gordes, bien à l'abri entre les pins. Mais Gordes, comment dire ? C'est beau, c'est magnifique... de loin. L'approche de la ville perchée sur son éperon, les murs de pierres sèches, les bories, les paysages des environs, il n'y a pas de reproche à formuler quant à l'écrin.


Mais oui, c'est snob et ça le montre. L'hôtels qui cannibalise les remparts pour une piscine à offrir à des clients qui raquent 22000 euros la semaine, les prétentions des agences immobilières, les revêtements muraux de l'église qui partent en loques derrière des décors prétentieux, on finit par ne plus remarquer que ça. Gordes, ça reste beau en cliché.


Une découverte : les bories qui se cachent un peu au dessus du bourg, proches de la route qui mène au monastère -grand, ordonné en une géométrie implacable, et pourtant dominé par la route et les passants.


Je n'évoque pas là le village organisé dont la visite est fermée pour la raison habituelle mais les ruines découvertes par hasard à proximité de notre bivouac.






Allez, un dernier arrêt à l'Isle sur la Sorgue. C'est jour de marché. Immense le marché, et très fréquenté aussi. Il s'est répandu (le marché, pas le Covid - enfin, j'espère parce qu'il y a foule à touche touche) dans les places, les rues et les bords de la Sorgue, en centre ville. Les camelots proposent de tout avec plus ou moins de succès, plutôt plus que moins : les clients et les curieux sont assez nombreux pour imaginer que les affaires seront bonnes. Les traiteurs, les vendeurs de confiseries sont les plus fréquentés en cette fin de matinée de dimanche. L'Ile sur la Sorgue fait une belle conclusion pour cette balade ; il est temps de retourner bricoler à Martigues.

Y'a pas que le téléphone qui reste le plus rapide pour mettre les photos en ligne. Voici, après coup, quelques résultats issus de l'appareil photo :





















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