mardi 18 mai 2021

La Loire, rive Sud


 Elle est longue la route pour rejoindre la Loire. Il ne s'agit pas du département mais du fleuve, là-haut sur la carte, à portée de déconfinement partiel. Notre contrainte principale sera de nous poser à 19 heures. Une contrainte facile à respecter aujourd'hui parce que nous aurons roulé longtemps et nous souhaitons trouver un coin assez tôt pour quitter le volant. Je baille. Je fatigue. Donc je râle un peu - mais pas trop ?

 Ce long trajet fait que nous n'aurons pas marché beaucoup dans la journée. Ce matin, il y avait la route à faire et la pluie à supporter. Le temps s'est éclairci en fin de matinée et nous avons fait notre première étape à Crozant, dans la Creuze, du côté de l'Indre. La "frontière" est matérialisée par un méandre de la rivière sous les ruines du château dont on se plaît à imaginer un passé majestueux sur cette presqu’île formée par la courbe de la Creuze (la rivière). Aujourd'hui, c'est un coin un peu abandonné, boisé, tranquille. L'hôtel des Ruines (c'est son nom), le restaurant avec vue sur les eaux du barrage et les activités nautiques, tout ça n'est pas encore déconfiné.


 Aux alentours de Crozant

Sur la carte, nous n'avions d'abord pas repéré Crozant. Nous y sommes passés parce que nous l'avons vu sur une affiche de la route. Et puis c'était l'heure du pique-nique et nous avions faim.


 Par contre nous avions prévu un arrêt au château de la Prune au Pot, plus loin. Un nom pareil, ça ne se rate pas.

 

 On ne visite pas. Un sentier boueux permet la vue sur trois faces, la dernière étant réservée aux vaches voisines jalouses de leurs prérogatives et de leur prairie. Là aussi, il faut pouvoir imaginer la bâtisse au Moyen-Age. C'est toutefois moins difficile qu'à Crozant : il subsiste davantage de pierres et de larges traces de restaurations. Il était chouette ce château, d'une forme tout à fait conforme aux canons de notre imaginaire avec ses tours d'angles. L'originalité concerne l'implantation sur un terrain plat. On comptait sans doute sur les douves pour gêner les assaillants avant qu'ils n'atteignent les remparts.

 


 La suite de notre trajet passe par la Brenne dont les milliers d'étangs artificiels ont façonné la région. Une sorte de petite Sologne où l'on a gagné sur les marais en ménageant des pièces d'eau alimentées par des canaux de drainage, créant ainsi ce paysage où les buttons au sol imperméable culminent à quelques mètres, où l'eau se dissimule derrière quelques haies ou des roselières, où la forêt voisine avec cultures, élevages ou pisciculture, où les bottes sont indispensables.


 Du grès, de l'argile, des maisons disséminées, des forêts parfois humides, des oiseaux en nombre. Nous passons trop vite mais la Loire attend.


 Plus loin, nous longeons la Creuze (la rivière) puis la Vienne ( la rivière). Des mondes un peu à part où l'eau courante nous sépare de ceux d'en face qui semblent loin sur l'autre rive même si les ponts ne manquent pas pour relier les deux côtés.

 Ici, c'est plutôt la Loire

 Quand nous traversons les villes, c'est pour les trouver mornes, victimes de la situation sanitaire. Il n'est pas question de visites, de restaurants, d'accueil des curistes dans ces innombrables chambres d'hôtes délaissées à La Roche Pausay, bien après la Brenne. Mais Migné, en plein cœur du parc, n'était pas non plus folichonne.

 Notre but, c'est la Loire. Nous y voilà. Nous cherchons un endroit un peu abrité, éloigné des vergers du secteur. La nuit s'annonce calme derrière la levée qui protégeait les plantations des crues du fleuve. 


 Un drôle de calme mis à mal par une battue arrivée à l'heure du couvre-feu. Les chasseurs se sont disséminés sur deux côtés du champ voisin, à portée de voix de leur voisin. Ils ont attendu, debout, le fusil cassé sur l'épaule. La chasse en groupe est donc une activité solitaire et méditative. Quand un chien est revenu bredouille mais tout content de retrouver son maître, ce monde s'est décidé à repartir sans avoir tiré un coup de feu. Il est 21 heures ; la nuit sera maintenant tranquille.


Mercredi

 A peine plus loin sur la route qui coiffe la levée, une aire de pique-nique aurait fait un coin plus joli pour dormir, en bénéficiant d'un beau point de vue sur l'eau. C'est ici, au confluent de la Loire et de l'Indre, que nous voyons nos premières embarcations. L'une d'elle est goudronnée de frais, on le sent (très) bien. C'est un endroit de balades organisées sur l'eau, en période de liberté.

 Le château de Villandry, derrière son mur d'enceinte

 Ce n'est pas le bon moment non plus pour les châteaux. A Villandry, les jardins sont seuls accessibles pour 7,50€ par personne. Quelques touristes iront admirer ces jardins à la française. 


 On sent bien que la région retient son souffle dans l'attente de l'affluence. Pour l'instant, les visites, les boutiques d'artisanat, même les syndicats d'initiative ont abandonné l'espoir de profiter du touriste. Il reste quelques boulangeries, des commerces dits de proximité, et beaucoup de places libres sur les parkings mais nous commençons à rencontrer des camping-cars de plus en plus nombreux.

 A défaut des châteaux qui colonisent les environs, les visiteurs peuvent profiter des vues sur la Loire, des villages avec quelques ports pour évoquer les temps de la batellerie, et quelques bateaux pour la tradition, ainsi que des châteaux Renaissance ou des falaises creusées pour des habitats troglodytes maintenant reconvertis dans le tourisme, en hauteur.

 Il fait enfin soleil. Les pluies fines du matin ont cessé. Nous passons à Saumur pour faire des provisions pour les trois jours du long weekend et acquérir quelques bouteilles des crus locaux, et puis nous repartons bien vite vers les bords de Loire. Elle est maintenant plus large, parsemée d’îlots, de bancs de sable et de ces bateaux locaux qui peuvent être reconvertis pour la plaisance ou la balade collective. Pourquoi pas une croisière en amoureux ? 1h30 de romantisme, un rêve à portée de main mais assez onéreux.

 Pour la nuit, à côté de la Loire, une guinguette endormie nous prête son parking un peu boueux (mais comment rester sec et propre avec ce temps ?). La Loire longe des bancs de sable usés, à côté d'autres bancs de sable plus hauts où les arbres sont colonisé l'espace davantage en hauteur. Ce ne sont pas quelques inondations de temps en temps qui vont les gêner.



Jeudi


 Aujourd'hui, nous allons (encore) rouler. Le temps est aux ondées entre lesquelles l'accalmie sera fragile. Il faudra attendre la mi-journée pour bénéficier du soleil, et même le milieu de l'après-midi pour ne plus craindre les averses. Alors on va faire de la route et j'aurai bien des soucis quand je voudrai me souvenir des paysages traversés trop rapidement.

 Nous aurons longé la Loire, bien sûr, et puis photographié un ou deux ponts qui la traversent, allant même pointer le capot de l'autre côté, sur la rive droite et les maisons dont les façades sont ici orientées au sud. C'est bien joli mais ce n'est pas le sujet du moment et nous repartons bien vite sur la rive gauche même si nous y sommes parfois à l’ombre, même si on se demande parfois s'il pleut autant de l'autre côté.

 C'est le jour des écarts à la ligne droite avec une incursion vers les vignes du Layon, du côté de l'Echarderie, du Quart de Chaume, en une sorte de pèlerinage rapide, de souvenir familial. Ces grandes étendues bien soignées nous sortent pour un moment du fleuve auquel nous revenons vite pour le Cul du Moulin, à Champtoceaux. Ici, les marchandises passaient un péage, et les moulins tournaient, et j'aime bien ce nom. C'est un endroit assez fréquenté : on vient ici pour pique-niquer, pour faire un étape à vélo, ou pour poser un instant son camping-car. Les balades sur l'eau reprendront bientôt.

 Pour l'instant, nous remarquons déjà la fréquentation qui va en augmentant. C'est le weekend de l'ascension et les promeneurs profitent de la fin du confinement strict. D'autres fréquentent l'église. A Chalonnes, les familles se succèdent sur les marches pour aller à l'office. Tout le monde est bien habillé, avec un masque pour les grands et les habits "du dimanche" pour les petits.


Nous évitons Nantes et sa circulation et partons vers les bords de l'estuaire du côté du  canal de la Martinière et son écluse. Et puis c'est Paimboeuf à l'environnement industriel. Ici, la Loire roule des eaux boueuses qui en font une voie pour l'industrie davantage qu'un support de jeux nautiques. Ce  n'est pas un lieu pour s'amuser.


C'est fini. Nous quittons la Loire pour le Sud. 


Des petites routes nous mènent jusqu'à la Pointe Saint-Gildas. Un caprice de notre part, une idée comme ça, à l'étourdie, sans anticiper sur l'affluence de ce jour férié. Une erreur que nous renouvelons au port de Pornic, mais il nous faut bien rendre au moins une visite à l'océan et une autre à la plaisance. 


Partir, s'écarter des circuits des promeneurs de ce dimanche... Peut-être les marais bretons ? Faut-il avouer que nous ne connaissions pas l'existence de ces marais de l'Est de la baie de Bourgneuf ? Ici aussi, un long travail pour gagner des terres sur la mer a façonné le paysage. Les polders ont été drainés, ils auraient même été rincés avec l'eau du canal de la Martinière pour aboutir à ce pays plat parcouru par des petits canaux, sans doute les drains qui permettent l'existence des prairies qu'on voit partout. C'est une terre qui semble facile à vivre (c'est aussi ce que je pense de la Vendée ; j'imagine que les Vendéens doivent trouver le monde bien bordélique quand ils quittent leur région).

 Nous trouvons un coin pas trop sauvage devant le cimetière de Sallertaine. Le respect du couvre-feu ne semble pas trop marqué ici : les voitures roulent encore tard ce soir. Samedi, suite vers Apremont où il n'y a pas de fromage mais un curieux château échancré avec un côté moyenâgeux et un autre Renaissance du côté du lac. Et c'est la fin de cette balade. Nous avons rendez-vous pour le déjeuner à peu de distance d'ici.


Paimboeuf

















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