vendredi 1 novembre 2024

Du nord, du nord et la Slovénie

Plitvice, c'est un coin à brouillard ce matin. C'est aussi une concentration de chambres d'hôtes, les sobe, les Zimmer, Airbnb s'affichent un peu partout.
Toute la région semble impactée par un tourisme envahissant. La maison où nous avons couché est clairement organisée autour de ces hébergements, que ce soit en chambre simple ou en appartements. On ne remarque pas tellement de différence avec un hôtel si ce n'est la réservation par une plateforme en ligne.
J'écrivais qu'il y avait de la brume mais elle a disparu dès que nous avons quitté la ville. Nous avons abandonné l'idée des lacs mais, par contre, nous allons voir une base aérienne abandonnée à une demi heure de route près de la frontière bosniaque.
La Bosnie est si proche qu'on distingue un minaret dans la plaine à l'horizon. Et nous avons un deuxième indice de cette proximité géographique quand nos téléphones basculent sur le réseau bosniaque. Mais là bas, ce n'est pas l'Europe et nous nous empressons de couper l'accès au réseau pour éviter les frais supplémentaires.
D'autant plus que nous n'aurons pas de réseau quand nous serons sous terre. Si l'extérieur se remarque avec une épave d'avion dans un parking et des pistes cimentées dont une au moins assez longue et large pour faire décoller de gros avions, les vestiges les plus remarquables se situent sous terre dans quelques kilomètres de tunnels.
A l'époque de la guerre froide, il s'agissait de se protéger d'une attaque nucléaire avec des bombes du genre de celles qui ont détruit Hiroshima ou Nagasaki. On pouvait cacher ici une soixantaine d'avions et 2000 hommes pendant un mois. A l'époque de la partition de la Yougoslavie et de la guerre qui a ravagé la région dans les années 90, les Serbes ont fui en détruisant à l'explosif l'intérieur des tunnels. Les murs ont à peu près résisté mais les équipements ont été pulverises.
Ça explique les dégâts, les restes de matériel à terre, les lourdes portes détruites, les gravats... Ils n'ont pas fait les choses à moitié.
Trente ans après, nous déambulons dans ce qui reste : les tunnels tiennent bon, il faut un peu regarder où on met les pieds car il y a régulièrement des trous, la lampe est indispensable car tout est dans le noir.
Nous ne sommes pas seuls à visiter ce qui pourrait être éventuellement aménagé pour en faire une attraction touristique si l'environnement s'y prêtait. Mais non : les environs ne sont pas déminés.
Et puis les habitations ne respirent pas trop le bonheur. Certaines maisons sont détruites, abandonnées. Ici, la guerre a pris des allures de nettoyage ethnique. On a l'impression que la région ne s'en est pas relevée : il y a vraiment plusieurs parties bien différentes dans la Croatie.
Après, il est temps de faire de la route, de la petite route qui nous emmène dans le jolis paysages de moyenne montagne où le bois est dominant : il chauffe, il fait les maisons et les granges... La Slovénie est bientôt là, propre et nette. Pourquoi cet écart entre les pays ? Qu'est ce qui a fait que l'un s'est davantage développé que l'autre ?
Dans le café slovène, le prix du cappuccino a diminué mais le chocolat chaud a nettement augmenté. Les déchets ont complètement disparu du bord des routes et les poubelles semblent triées. Tout est bien lisse, on ressent l'approche de la Suisse ou de l'Autriche.
Nous approchons de Ljubljana avec la nuit. De toutes manières, nous ne verrons pas grand chose de la ville.
Une fois installés, il suffit de moins d'une demi heure à pied pour atteindre le centre. C'est sympa de déambuler dans les rues piétonnes : il fait beau, la bière se sert en terrasse avec des conversations animées, les magasins vont bientôt fermer, Uber pédale à fond, les bâtiments les plus beaux sont éclairés, ces villes européennes ont beaucoup de points communs et pas tellement de surprises pour le passant trop pressé.
C'est Halloween : nous avons vu les cimetières se faire une toilette de fleurs et de visiteurs sur la route, et les accessoires s'affichent en ville sur les enfants et quelques adultes ou en décors dans des cafés.
C'est rassurant : les dragons gardent toujours la ville.

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