jeudi 21 juillet 2016

Porquerolles (fiction)

Porquerolles



L’homme a enfilé sa combinaison noire. Il aimait bien : ça faisait ninja avec le Néoprène qui le moulait des chevilles à la tête. Il a mis le masque avec son tuba. C'était maintenant un plongeur anonyme et discret.

La lune faisait briller quelques mats et la surface calme de la mer. Il a terminé son équipement avec la bouteille de plongée, les palmes, un sac porté en bandoulière.

Il est entré doucement dans l’eau sans ajouter de bruit aux quelques tintements de drisses. Nul ne s’en est aperçu parmi les occupants des centaines de bateaux au mouillage dans la baie. On était en été, au moment des touristes sur l’île, des baigneurs sur les plages et surtout, surtout, des plaisanciers qui bronzaient leur ennui sur la côte de l’île. Ceux-là dormaient à cette heure.

On avait installé des bouées pour les faire reculer. Mais ils sont toujours là, à peine plus loin. Avec leurs ancres, ils saccagent les fonds. Avec leurs chiottes, ils polluent les plages. Avec leurs peintures spéciales contre les salissures, ils perturbent l’écosystème. Et la vue : un voilier c’est bien, mais là bonjour les dégâts !

Alors, il avait choisi la nuit pour son premier coup de main. Il y a longtemps qu’il y pensait mais il a fini par se décider à agir. Seul, encore une fois seul.

La lune éclaire faiblement l’eau. Il y voit assez pour s’orienter. Il choisit sa première cible : une grande carène claire sous laquelle il ne sera pas remarqué. Il pourra travailler à l’aise.
Il s’approche doucement… Ne pas faire de bruit. Surtout pas maintenant. La ventouse se fixe doucement sur la surface lisse. Sa main plonge à nouveau dans le sac, en ressort une torche dont la lumière semble occultée en partie. La main file une troisième fois vers le sac…

Combien de bateaux cette nuit ? Combien la nuit prochaine ? Combien pendant la saison ? Sur chacun, il passe un long moment avant de partir, toujours aussi discret.

Il rit silencieusement en sortant de l’eau. Sa bouteille d’air comprimé est vide, les gros marqueurs sont terminés. Il devra les remplir durant la journée. Il a inventé ce système lui-même et, maintenant, il peut peindre sous l’eau. Et  il faut avouer que taguer les carènes, c’est quand même vachement mieux que les dessous de ponts ou les murs de la sous-préfecture !

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