lundi 18 juillet 2022

L'Ouest a des odeurs de gasoil

 

Rendez-vous est pris au port pour tirer le bateau à terre dimanche après-midi. Nous sommes sur la fin de notre balade marine. La fréquentation est tout simplement trop importante pour nous qui pouvons, en principe, choisir notre période de navigation. Nous avons maintenant envie de rentrer. Et pour cela il faut - encore - faire de l'Ouest. Et le vent ne veut pas. Il en vient, lui, il sait comment c'est de ce côté. Il nous prévient. Faut pas y aller.

Alors nous commençons par l'écouter et restons deux jours devant La Capte, à l'abri devant la plage et le petit port si accueillant pour nos annexes. Tellement accueillant : je n'en ai jamais vu autant de ces annexes en grappes près d'un quai ou un peu n'importe où, là où un petit bout de place est disponible. Il y a le marché dans le bourg : une rue d'exposants où tous se serrent devant les étals de n'importe quoi à des prix très estivaux. L'ambiance est bonne, le Covid rigole sous cape.

Mais il faut quand même y aller à l'Ouest. Pour ça, nous avons une fois de plus nettoyé le filtre décanteur toujours très sale. Une horreur, incompréhensible alors que le réservoir de gasoil a été nettoyé cet hiver. Ça devrait bien tenir pour cette dernière étape de 65 milles, soit toute une journée et une arrivée prévue en soirée.

Ça ne tient pas. Ça commence par des vibrations. L'alignement du moteurnen a pris un coup. On ne peut pas accélérer. Ça vibre trop fort. Je tente un réglage. C'est à peine mieux et je perds les repères d'origine. Il va falloir tout reprendre à sec. En attendant, on se contente d'un régime réduit. Avec le vent de face, l'avance n'est pas terrible.


 Et puis le moteur ralentit, repart. On dirait qu'il renâcle devant l'Ouest. Nous, c'est la confiance que nous perdons. L'île Riou offre un joli mouillage aux marseillais qui ne veulent pas aller trop loin. Nous y faisons un arrêt de trois quarts d'heure pour changer le préfiltre. Après tout, nous avons fait la moitié du chemin vers Martigues. Le nouveau filtre fera bien la fin.


 Eh bien pas vraiment, ou du moins, il se sera donné du mal pour soigner le suspense. Il aura tenu deux ou trois heures et puis les changements de régime se feront plus fréquents dans le golfe de Fos. Le canal vers Martigues se remonte à toute petite allure. Le port est enfin là. On s'amarre et... on nettoie encore une fois parce qu'il faudra démarrer demain pour la mise à terre. L'avantage de l'habitude, c'est qu'on va maintenant assez vite et qu'il nous restera un peu de soirée pour une douche et une bière tranquille.


D'où proviennent ces soucis à répétition ? Des saletés dans le gasoil qui obstruent les conduites. Mais ces saletés restent un mystère. Nous nous demandons si la station de Propriano ne nous a pas vendu un gasoil sale, une hypothèse soulevée pas J-Y, notre ressource pour tout ce qui est mécanique. Il en aura subi des coups de téléphone pour une info qui nous manquait. 

jeudi 14 juillet 2022

La route de l'Ouest

 

Porto Pollo, Cargèse et enfin l'anse de Tuara à côté de la Girolata, ce sont nos dernières escales en Corse. Le temps est redevenu clément sur le bassin et nous allons en profiter pour aller voir du côté du soleil couchant.


Porto Pollo, c'est une station touristique du Nord du golfe de Valinco. Nous l'avons atteint en un peu plus d'une heure de voile depuis Campomoro pour y attendre J-Y et S qui vont enfin pouvoir sortir de leur abri devant Ajaccio. Une soirée en compagnie d'amis, ça ne nous était pas arrivé depuis notre départ, depuis maintenant un mois. Snif.

Quelques courses (on a enfin trouvé le préfiltre à gasoil qu'on avait cherché à Propriano, mais au prix d'un modèle doré à l'or fin). Et puis un beau chemin vers Serra Di Ferro.

C'est comme souvent dans la vie : c'est le chemin qui est intéressant, l'arrivée l'est beaucoup moins. C'est quand même moins tragique ici, un bourg sans grand intérêt dans une région superbe.

Et puis Cargèse, plus au Nord, un mouillage un peu rouleur, pas trop protégé, mais une petite ville presque grecque dans laquelle il est bien agréable de déambuler. Les indépendantistes corses taguent volontiers les murs.

Enfin, nous avons rendez-vous avec B, P et P à l'anse de Tuara, tout près de la Girolata, un des sites phares de la Corse.

Petit problème technique : la chaine de mouillage a décollé le revêtement qui protège du frottement l'écubier, ce petit bout de tube métallique par lequel elle sort sur le pont. 

Il faut démonter le mouillage, séparer l'ancre de la chaine, gratter, coller, remonter l'ensemble, protéger avec de l'adhésif pour que le frottement ne décolle pas la réparation avant que la colle ne soit sèche.


Tout ça pendant la navigation sous pilote automatique. Le paysage défile mais nous sommes occupés par nos bricolages. C'est terminé à l'arrivée.

Et non, il n'y a pas trop de monde au mouillage. Nous trouvons une chouette place face à la plage et aux vaches qui viennent s'y promener le soir. Nous sommes tout contents de retrouver ici l'équipage de Rizzanese, ce qui fait que notre traditionnelle balade à terre sera courte. 


Retour au bateau. Les rames ne font pas de bruit dans la nuit. Le clair de lune nous fait plaisir : il éclairera notre navigation demain, vers l'Ouest.


Départ tout doux le matin. Nos voisins dorment encore. Nous gagnons le large et puis c'est droit devant pendant presque 24 heures. Au revoir la Corse.


Au moteur tout le temps, parfois aidé par une ou deux voiles. Cette année, nous n'avons pas attendu un renforcement des vents qui nous permette de faire route à la voile. C'est le choix que nous avions fait durant nos deux précédents retours et nous avions subi des temps plus difficiles que prévu et une mer bien chaotique.


Alors nous optons pour une traversée tranquille mais, en contrepartie, nous conserverons le moteur du début à la fin.

Nous profitons du coucher de soleil en solitaires. 360 degrés d'horizon et, parfois, on distingue un bateau. Ca peut être un cargo ou un voilier. Cette route entre Corse et continent est fréquentée en cette période de vacances.


Quand la nuit arrive, nous aurons couvert la moitié du trajet. Ce temps calme est bien agréable mais il faudrait inventer des moteurs plus silencieux. De toutes manières, il faut maintenir une veille assez attentive.


Ce serait une sacrée malchance de faire une route de collision avec un plaisancier qui traverserait vers la Corse mais un cargo peut arriver en une vingtaine de minutes et passer... pas loin.


La carte électronique à l'approche des îles d'Hyères. Les traits sont des bateaux qui naviguent dans la zone. L'un d'eux nous croise sur notre arrière. Nous sommes dépassés par trois paquebots de croisière sur notre tribord. Ils sont tellement illuminés qu'il est à peu près impossible de distinguer leurs feux de navigation parmi cette profusion de lampes.


Encore plus près de l'arrivée. Ici l'écran nous alerte avec la possibilité d'une collision avec une vedette qui file vers la Corse à 22 nœuds. Elle mettra 6 heures au lieu de 24.


C'est l'arrivée. Nous passons le Cap des Mèdes, l'extrémité Nord-Est de l'île de Porquerolles, et trouvons un endroit où nous poser dans le mouillage de l'Alycastre où nous ne sommes pas seuls. Il est 7 heures et demie, l'heure du petit déjeuner et d'une sieste.


vendredi 8 juillet 2022

Catlante.com

Pour les clients, que du bonheur : un skipper habile à la manœuvre, capable de se faufiler dans les mouillages et de placer son gros machin où les plus petits n'oseraient pas se poser, du monde pour faire la fête éventuellement.

Pour les voisins au mouillage c'est selon. Selon l'équipage, selon les vacanciers plus ou moins bruyants et concernés par le bateau ; selon le skipper plus ou moins attentif aux voisins. Ici, nous repérons trois membres d'équipage pour une demi douzaine de clients. Nous nous en sommes bien sortis, ils étaient assez discrets.

On imagine que les grands bateaux restent en eaux profondes, laissant les bords pour les plus petits. C'est de l'histoire ancienne avec les catamarans qui ont changé la donne et se plaisent à se glisser au plus près, rassurés par leur faible tirant d'eau et la maniabilité de leurs doubles coques (deux moteurs, deux hélices, ça tourne sur place). Seulement, les catamarans n'évitent pas au vent de la même manière que les monocoques et, surtout, on n'apprécie pas toujours d'avoir les voisins qui ont une visiion surplombante chez nous. Je préfère les savoir plus loin de mon petit déjeuner.



mardi 5 juillet 2022

Retour en Corse

Rondinara, c'est entre Porto Vecchio et les îles du Sud de la Corse : Cavallo où on chuchote à propos de la densité de milliardaires et Lavezzi où on essaie de se souvenir du naufrage de la Sémillante en admirant les rochers aux formes déchiquetées. Cette baie de Rondinara possède un paysage bien différent, presque circulaire et bordée d'une belle plage. En hauteur, un camping enfourne les touristes de maniere industrielle sans être trop repérable du bas. La plus belle maison, la mieux placée, c'est la maison de Parc, superbe, un peu cachée au dessus de l'eau.

La plage comporte une partie aménagée qui plaît beaucoup avec ses parasols et ses chaises longues. On y trouve des pédalos et des paddles, et puis un restaurant de bonne tenue concurrencé vaguement par un snack caché dans la partie Sud. Il y a tout plus plaire à la foule qui vient ici en voiture ou en bateau. Le défaut le plus grave du moment traîne dans l'eau : les méduses sont assez nombreuses.

La supérette du camping nous a permis de retrouver le pain, les fruits et les yaourts qui avaient déserté nos repas depuis quelques jours. Et puis il nous fallait un moment pour (re) plonger dans le moteur. Le préfiltre à gasoil est encore colmaté et nous devons le changer à nouveau. Et le fil de la sonde de pression d'huile est coupé. Encore une cosse électrique qui a lâché. Mais il nous reste du temps pour une balade sur les chemins voisins, entre poussière, chaleur et mer bien bleue.

Dimanche, nous franchissons les bouches de Bonifacio par la passe de Piantarella. Il nous faut rejoindre des écueils à fleur d'eau et, à partir de là, suivre une route précise au cap 228 degrés, une route qui passe au milieu de hauts fonds. Pour nous guider, un mur gris sur un petit îlot. Derrière, le bout du cap est couronné d'un drôle de monument surmonté d'une perche. Le principe est simple : aligner le mur devant la perche et ne pas dévier jusqu'à la balise qui nous indiquera la fin de l'alignement. Ca semble rustique mais c'est très précis, une fois qu'on a repéré les bons amers.

Après, nous longeons la pointe Sud, le golf bien vert, les banlieues aux maisons d'architectes et nous remontons vers Bonifacio perchée sur sa falaise. Tout ça, c'est très beau. Les vedettes et leurs remous gâchent un peu l'environnement, bien sûr.

Rien à redire sur l'esthétique de notre mouillage du jour. L'anse d'Arbitru est un petit bout de sable blanc au milieu du maquis. Nous ne sommes pas seuls, environnés de bateaux de location. Une balade dans les terres passe par des plantations d'oliviers et longe des prés pelés habités par quelques vaches. L'impression dominante est que cette magnifique région a été en grande partie privatisée.  Notre indice ? Les clôtures et les portails. Une gentille dame très souriante nous propose de nous emmener dans sa voiture, pourtant immatriculée en Corse. On ne pourra plus dire du mal des Corses...

Une vingtaine de milles plus au Nord-Ouest et le jour d'après, nous sommes de retour à Campomoro où nous nous trouvons une belle place. Ce n'est pas toujours acquis parce qu'il y a du monde en juillet. Le mouillage se remplit rapidement. Bon, Campomoro, c'est l'occasion de faire de belles balades et de (re)nettoyer le préfiltre à gasoil déjà encrassé. On se fait les plaisirs qu'on peut. 

Des nouvelles des voileux ami.e.s : R et A renoncent à leur grande balade vers les Canaries à cause d'une entrée d'eau vers leur safran. P et B ont enfin changé leur arbre d'hélice après avoir remis à sec. JY e S qui traversaient vers la Corse ont dû se dérouter plusieurs heures à cause de filets qu'on ne nomme plus dérivants puisque c'est désormais interdit, mais ça fait toujours plusieurs fois 3 milles, c'est éclairé de place en place et il est assez difficile de se rendre compte du chemin à prendre pour se sortir de la zone, même quand il fait beau. Le monde de la plaisance n'est pas toujours facile.