samedi 26 décembre 2020

Coronapente 26

 

 

C'est un monde étonnant que celui de la rencontre entre la société et le coronavirus. Individuellement, chacun ou chacune se débrouille le moins mal possible avec la pandémie mais la gestion collective qui en est faite procure des moments étonnants. Je ne crois pas que le gouvernement se soit ici beaucoup plus mal débrouillé que d'autres, même si je suis persuadé que le démarrage a été compliqué et qu'un peu trop d'autoritarisme ne facilite pas une gestion agile.

 

Je ne veux pas m'appesantir ici sur les masques tellement inutiles pour tout un chacun parce que réservés aux professionnels exposés aux virus à l'intérieur des hôpitaux, des masques déconseillés avant d'être rendus obligatoires à peu près partout sous peine de sanctions. C'était avant, quand le Covid était encore conjugué au masculin et qu'on découvrait l'existence de l'argent magique qui nous avait tant fait défaut auparavant.

 

Il y eut les tests, inutiles, éventuels, avant d'être réservés à certains, conseillés à tous, obligatoires pour certains. Un sujet encore d'actualité en cette fin d'année même si la récente accélération du retour des résultats permet enfin d'en tirer des informations utiles.
 

A ma connaissance, l'utilité des lits des services de réanimation n'a pas été remise en cause. Ils sont nécessaires, alors le gouvernement en crée. Il crée même des lits de réanimation durables et ça, ça me parle. Durable, ça signifie que ces lits vont rester longtemps, longtemps, longtemps... Ben non. La durabilité, elle fonctionne juste le temps de la crise. La durabilité, c'est le temporaire.
 
 
Et les vaccins ? La vaccination débutera dimanche et avec elle la mise en œuvre de la stratégie du gouvernement pour choisir qui sera vacciné et à l'aide de quel vaccin. Mais une évidence a profité d'un moment de lecture pour me sauter aux neurones : ce n'est pas parce qu'on est vacciné qu'on ne sera pas contagieux. Pour convaincre les réfractaires à la vaccination, il va être nécessaire d'argumenter avec finesse, de souligner les avantages. La confiance, c'est pas gagné d'avance.
 
 
Vivement les temps chauds.

lundi 21 décembre 2020

De Cordes en boucles au sud

 

Il ne fait pas beau. La route s'est cachée derrière une pluie hargneuse depuis notre départ et le temps se calme depuis que nous sommes arrivés - mais le soleil n'est pas au programme.


Un texte sur Cordes sur Ciel ? Franchement, qui n'a pas déjà vu Cordes sur Ciel ? Qui ne s'est pas baladé dans ses rues pavées moutonnées d'herbe verte, dans son quartier ancien si bien conservé ? Ben... Y'a pas foule.
 

La ville moderne s'est développée plus bas. Le haut, ruiné ou non, est resté globalement préservé sans que la contrainte en paraisse démesurée : en témoignent les antennes paraboliques, les fils aériens, les descentes d'eaux usées, les ruines ou les maison toutes propres sorties d'un catalogue du début du vingtième.
 

Pas de règle trop stricte ici sauf celle de flanquer une boutique d'artisan tous les vingt pas. L'artisan est rarement présent ; il ou elle préfère qu'on le contacte au cas improbable où on aurait besoin de sa présence !

 
 Il reste des artistes actifs pour préparer une grande exposition libérée. On leur espère des visiteurs.


J'avais déjà visité Cordes. Sans doute qu'il faisait un temps plus lumineux, ça m'avait plu davantage.. Avec de nombreux commerces encore fermés en ce premier jour de déconfinement, Cordes semblait nostalgique de temps plus gais.

En fin d'après-midi, nous gagnons un peu de temps pour demain. Direction le sud et un parking tranquille pour la nuit bien avant le Canal du Midi. Une bonne idée que d'utiliser ce parking : le terrain alentour est complètement détrempé. Ici, le sol est bienveillant pour nos chaussures. Il reste le frais du soir puis le froid relatif de la nuit.


Et un matin sans pluie, un matin tout doux, sans soleil mais sans menace pour améliorer nos trop rares notions de géographie à propos du canal du Midi. Cette région agricole aux champs immenses est particulièrement bien desservie par les voies de communication.
 

Le canal, la voie ferrée, l'autoroute jouent les parallèles. C'était moins rapide du temps de Riquet, quand il a fallu calculer et bâtir l'ouvrage.. 
 

Nous sommes sur la ligne de partage des eaux. La grande avancée ici, ce fut l'approvisionnement en eau du canal, un apport nécessaire pour faire fonctionner les écluses qui, à partir d'ici, partent toutes à la descente vers l'Atlantique ou la Méditerranée.
 

Depuis, il y eut bien des perfectionnements, l'irrigation, la concurrence avec le train, la motorisation, l'abandon du fret, le tourisme.
 
 
J'aime bien l'idée qu'on puisse jouer en grandeur nature avec les écluses pour faire passer sa péniche(tte).

En vrai, il n'y a plus assez d'eau en cette saison, et les bateaux raclent le fond en attendant...

 

Castelnaudary côté canal. La cité encombrée par la circulation méridienne se calme brusquement autour de ses bassins où il n'y a pas grand monde alors que le centre ville s'animait autour de ses boutiques. Ici, le port tout à fait endormi n'est pas dérangé par les clients de la seule boulangerie ouverte. Les loisirs aquatiques riment ici avec beau temps.


Les affichages font parfois de drôles d'associations...


On traîne un peu à Franjeau, à Mirepoix où les façades anciennes autour de la grand place font un peu oublier la grisaille désuète de ces bourgs. Le soleil manque à leur éclat.
 

Nous avons passé beaucoup de temps à nos balades et l'après midi est bien avancé quand nous décidons de notre nouvelle route.
 

Faut-il imaginer une sacralisation du liquide hydroalcoolique ou une nouvelle présentation de l'eau bénite ?

 
Nous n'irons pas à Foix, Ax les Thermes et quelques vallées repérées sur les cartes. Pas le temps ou pas l'envie d'accumuler les kilomètres, sans occulter l'idée de préserver notre confort en évitant de coucher dans des endroits trop frais.
 

Nous resterons en plaine pour la nuit. Notre nouvel itinéraire sera sud-est, entre Galamus et le Pic du Midi, demain, en pleine journée quand le froid ne nous embêtera pas.


Il existe encore des endroits où l'affichage évite l'agressivité de l'interdiction mais pratique l'accueil...
 
 
Ce matin, c'est un peu gelé dans les creux mais le ciel dégagé nous prépare une belle journée. Allez, hop, direction les Pyrénées, Prades, Villeneuve de Conflens, Casteils... Des lieux que l'on snobe sans regrets pour le moment parce que nous avons à faire plus haut, du côté du col de Jou. Là-bas, il y a le GR et l'envie de troquer provisoirement quatre roues pour quatre chaussures montantes.
 

Le chemin,  lui aussi, il est montant. Pas joli joli parce qu'à l'ombre et nous marchons longtemps dans les bois. Mais quand la vue s'ouvre du côté du Canigou enneigé, c'est superbe. Le pique nique se tient face à la montagne avant de redescendre pour explorer un peu la vallée. Surtout Villeneuve, encore un coup de Vauban. Quelques coups d’œil vers les fortifications nous rassasient vite. La ville intérieure est très calme, pas du tout dérangée par la demi douzaine de touristes qui se promènent dans les rues.


Les magasins restent en général fermés avec la traditionnelle affichette vantant un téléphone portable pour le cas où nous aurions envie d'acheter un article. L'ambiance est morne. Doit-on imaginer que ce sont les boutiques qui font vivre un lieu ? Dans ce cas, le touriste pourrait être attiré n'importe où et le voyage deviendrait inutile. Pourquoi pas ?


Une porte de la ville donne sur la voie ferrée. Les messages de prudence rappellent de bien regarder et de ne pas mettre ses mains partout...


Les camping cars sont pourtant un peu plus nombreux. On en croise de temps en temps. Il est vrai que les vacances scolaires commencent de manière exceptionnellement souple cette année mais j'ai plutôt l'impression que ce sont des couples qui se baladent en ce moment. 


Plus haut, le fort Liberia est évidemment fermé malgré toutes les affiches placardées dans les rues. Ça n'empêche pas de faire la montée pour le paysage, les montagnes blanches en arrière plan au dessus de la vallée du Tet, le bourg à l'étroit dans ses fortifications, la gare et ses trains jaunes immobiles, l'ancienne fonderie à nos pieds, quelques maisons et hôtels le long des routes.


Retour par les petites routes depuis Prades, par Sournia, empruntant une route tortueuse et étroite dans des massifs désertés, des paradis pour les chasseurs et les misanthropes. Le soleil rasant égaie à peine le paysage de maquis clairsemé où les chemins sont nombreux. Pas question d'y rester pour la nuit quand on cherche à éviter trop de fraicheur. C'est le retour dans la nuit à notre coin d'hier vers l'extrémité du lac d'Agly, au départ d'un sentier de découverte des oiseaux vers Ansignan.
 
C'est bien : Il fait moins froid que les jours précédents. Ce qui est moins bien c'est le ciel chargé de gros nuages sombres et gras, le temps humide, la brume qui couvre les reliefs. Les gorges de Galamus baignent dans le gris et nous sommes seuls à emprunter le sentier sous l'ermitage.


La saignée dans les roches se fait aiguë quand les parois se resserrent avant de s'ouvrir sur l'Aude. Peyrepertuse, Queribus sont dans les nuages ; nous les évitons. pas envie. Plutôt le château des Termes, du côté des éclaircies.
 
Eh bien non. Le château est fermé en novembre et décembre. La route est barrée d'une corde symbolique que nous respectons de manière trop scrupuleuse.  A la réflexion, je me dis que nous aurions dû l'enjamber, cette corde, et continuer vers le haut. Ces interdictions me mettent en rogne. Quelle justification a-t-on inventée pour interdire ces accès à des monuments du patrimoine commun ? Une règle devrait à mon sens exister quant à la gestion des monuments historiques dont l'accès devrait être garanti et les droits perçus utilisés exclusivement à leur entretien. Je suis parti des Termes en colère doublement : d'abord pour l'interdit, ensuite pour l'avoir respecté. J'en deviendrais grossier facilement et qualifier Termes de pays de merde. Voilà.

Plus au nord, Lagrasse est un bourg fortifié dressé face à un monastère imposant dont l'activité se perpétue de nos jours.


 Entre les deux, l'Orbieu dont les crues doivent être terribles mais le grand pont en dos d'âne a résisté à tout. Pas grand chose d'ouvert mais un fabricant de vinaigre et de toutes sortes de produits locaux intéressants. Quelques camping-cars garés sur leur zone ont dû absorber leurs occupants. Nous n'aurons vu aucun visiteur pendant notre balade dans les rues, seulement quelques personnes du cru qui vaquaient à leurs tâches et s'affichaient cordiales.

Nous remontons vers le Nord. Minerve est une belle étape trop rapide en cette fin de journée. La nuit tombe doucement quand nous errons encore dans les rues de la cité. Un habitant nous confie que c'est le plus beau village de France, surtout le côté Sud.

Établir des hiérarchies n'est pas tellement notre truc mais c'est superbe avec les remparts perchés sur les falaises qui surplombent un méandre de la Ceusse, les rues souvent pavées mais pas apprêtées à outrance.

 
On vit encore à Minerve ; ce bourg ne semble pas encore tout à fait colonisé.

 
Voici un affichage prudent. Ou alors les produits ne sont pas frais ?
 
 
Après, ce sera brouillard et virages vers la Salvetat. Nous avons repéré un endroit pour nous poser en bordure de la base de loisirs. Pourvu qu'il n'y fasse pas trop froid.


Bilan de la nuit : pour le froid, ça allait bien. Mais l'arrivée à la nuit nous a fait bâcler notre parking. Nous nous sommes garés sous des arbres, il a plu, des grosses gouttes qui n'ont pas cessé de tomber des branches pour rebondir sur la tôle du fourgon ont gâché le plaisir. Nous avons craqué en milieu de nuit et nous sommes déplacés un peu n'importe où pour dormir enfin.  Au matin, nous nous sommes aperçus que nous étions à côté d'un grand parking vide et tranquille qui nous aurait volontiers accueillis pour la nuit. Le lac est presque vide en cette saison et l'immense base de loisirs est alors inutilisée. L'été doit avoir des airs de Méditerranée à la Salvetat avec l'eau qui affleurerait les appontements, la foule sur les équipements de loisirs, sur la plage ou les aires de piques niques. Quelques maisons laissent trainer une barque échouée à côté d'un appontement d'où le plongeon est actuellement déconseillé à moins de désirer un bain de boue. Là-haut, l'usine d'embouteillage explique peut-être en partie la profusion d'équipement.

 
Nous continuons notre remontée vers le nord vers Roquefort. La ville nous a toujours parue endormie quand nous y sommes passés ; c'est encore le cas - à se demander si les voitures garées dans la rue ne sont pas là pour le décor, si quelqu'un habite le bourg. On y trouve du fromage dans la seule boutique ouverte.

Pendant un long moment, notre route contournera Millau par l'ouest mais n'évitera pas la vue sur le viaduc. Il a sans doute fallu une grosse campagne de pub pour faire accepter ce tracé, immanquable depuis les reliefs alentour.


Notre dernière étape intéressante : Castelnau Pegayrolles : un petit bourg délicatement restauré blotti autour d'un château trop grand. Ici, les nombreuses maisons secondaires ont sans doute coûté chaud et les habitants ont fait preuve de bon goût. Des visites guidées sont organisées en saison. Elles ne nous manquent pas ; nous avons pris beaucoup de plaisir à flâner dans les rues.


jeudi 10 décembre 2020

Soir studieux


J'ai lu que le Japon envisageait le recours à l'intelligence artificielle pour favoriser les rencontres et la formation de couples dans un pays trop vieux aux liens sociaux parfois trop distendus. C'est sûrement une bonne idée. On sait bien que certaines espèces animales vivent solitaires et peuvent ne jamais former de couple par trop d'éloignement. Peut-être devrions-nous anticiper cette problématique en France alors que le Covid nous cantonne ?

J'imagine un grand plan gouvernemental, éventuellement une option dans une nouvelle application StopCovid (le retour), un discours de Cédric O sur la garantie d'une absence d'espionnage mais une possibilité de notation personnelle des rencontres proposées par l'algorithme. Celui-ci progresserait en pertinence à mesure qu'on cocherait quelques cases judicieusement choisies. Un grand tirage au sort serait organisé et le couple gagnant aurait le choix entre une berline électrique ou un voyage en avion.


Quand on a tendance à sacrifier l'environnement au profit de l'économie dans un contexte de concurrence internationale, quand on divorce difficilement d'avec le Royaume Uni et qu'on pense à couper dans les projets festifs de fin d'année, on pourrait proposer enfin un peu de légèreté, un storytelling individuel qui compenserait notremanque de vision dans l'avenir.

Ces citoyens ou citoyennes qui cumulent les frustrations concernant les libertés individuelles, qui guettent régulièrement les pater familias télévisés des jeudis, eh bien ce serait une bonne idée le leur proposer un plan visant à constituer des couples bien tranquilles dans leurs salons à partir de 20 heures. Une société bien ordonnée comme l'église la proposait bien avant que l'Islamisme ne prenne toute la place dans les non dits des lois sur la laïcité.