samedi 2 janvier 2021

Foebus

 
 

Foebus est malade, il a un lymphome. Les ganglions sont gonflés un peu partout,. Foebus va mourir.
Un chat gentil avec les humains, sociable, débonnaire et confiant, attaché à sa maîtresse et affectueux envers les autres.  Un beau Maine Coon dont les deux défauts principaux étaient les poils blancs qu'il disséminait et son aversion pour les autres chats.


Mais la société des chats est régie par des lois imposées par des fauves et il ne fait pas bon y être faible. Désormais, Foebus ne sortira plus. Il se traine sur quelques mètres, s'étend sur un repose pieds devant la porte vitrée mais ne regarde même plus dehors. Il cherche la tranquillité tout en étant rassuré par notre présence aux alentours, dans la même pièce si possible.


Il a perdu du poids et l'envie de bouger. Nous le guettons. Il ne faut pas le laisser douloureux, il ne faut pas l'emmener trop loin. Quand on le voit changer péniblement de position, on sait que l'échéance est proche.


Nous nous remémorons ce chaton arrivé voici maintenant une dizaine d'années, Il était parfois craintif, plus souvent curieux, affectueux, vif, joueur... 
 

Il a grandi très vite, a donné l'impression d'être heureux dans sa vie de chat. Sa maîtresse l'a emmené un peu partout, elle nous l'a laissé en pension parfois. Il passait ses vacances dans sa maison de campagne. Il a tâté du bateau, sans enthousiasme.


On pense aussi à nos peurs, quand on l'a perdu une nuit complète et retrouvé le lendemain matin seulement, quand il s'est fait piquer par une vipère et qu'il est resté en soins intensifs avec une patte énorme.
 

On pense aussi à la fin de Sap, il y a six ans, à cette même époque de la fin de l'année. L'histoire se répète : la maladie irrémédiable, la déchéance physique, l'abattement, une décision.

 
Il est accompagné. Sa maîtresse reste avec lui. C'est elle qui saura trouver le moment.


Nous vivons plus longtemps que nos animaux de compagnie, nous les voyons à tous les âges de la vie nous les voyons confrontés à leur fin, et ils nous ramènent à notre propre condition. Nous aussi nous vieillissons, nous changeons en plus laids, en plus lents, en plus fragiles, parfois en plus savants. Et nous comptons sur nos proches parce que notre conscience de la mort est une partie de ce qui nous différencie d'avec Sap et Foebus. Et la décision de notre fin devrait nous appartenir en propre.


Mais Foebus ne sait rien de la mort et, pour nous, c'était toujours un petit chat. Et puis il a vieilli d'un coup, maintenant il n'en peut plus. Est-ce rassurant pour nous de nous dire que la vieillesse pourrait survenir brutale, tardive et, qu'en attendant, on doive savoir vivre ?

 
Foebus s'est endormi paisiblement mardi 2 janvier 2021.


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