mardi 17 novembre 2020

Coronapente 20


On connait à peu près son environnement social, et les gens qu'on fréquente régulièrement. Enfin, c'est vrai qu'on les fréquente autrement en ces temps confinés, mais ils sont toujours là et on parvient à se faire une idée de leur façon de vivre, de leurs pensées, même à distance.

Quant aux conditions de vie des populations qui nous sont plus étrangères, c'set plus délicat, on peut  s'attendre à des surprises. Je veux évoquer ici un exemple que je prends auprès des demandeurs d'asile. Tout le monde le sait peut-être mais pas moi. Si j'ai bien compris ce que je viens d'apprendre, à partir de leur demande d'asile et si "tout se passe bien", les demandeurs reçoivent un peu plus de 500 € mensuels pour (sur)vivre en attendant la fin de l'étude de leur dossier. Après, leur statut de réfugiés sera accepté et ils pourront accéder au marché du travail, ou bien ils auront essuyé un refus et ils pourront faire appel ou repartir. Cette règle, je la connaissais.

Ce que je ne savais pas, ce sont les conditions pratiques de ce versement mensuel : la somme est "accessible" via une carte de débit. Et cette carte de débit n'est pas adossée à une banque. Première conséquence : il est impossible de retirer de l'argent à un distributeur. Autre conséquence : tous les magasins n'acceptent pas la carte (certains auraient eu des difficultés pour se faire payer par l'administration).

Alors quand on n'a rien d'autre ? Eh bien, on tente la débrouille. Trouver quelqu'un qui accepte d'échanger pour pouvoir disposer d'un peu d'argent liquide, éviter de se faire confisquer la carte par un profiteur quelconque... En ces temps de confinement, la situation ne doit pas être toujours simple.

Un système que je trouve étonnant. Il aurait été mis en place pour éviter que l'argent versé par l'état soit employé à d'autres fins que la (sur)vie, par exemple pour rembourser un passeur... Ce système très étonnant n'aurait-il pas été initié pour rendre la vie des demandeurs plus difficile ?

Quand on considère des foules depuis une position éloignée, on remarque la cohue, on apprécie les statistiques, et on conçoit facilement l'idée de décourager l'immigration, d'éviter les "appels d'air". C'est quand on doit gérer sa famille entre hébergement précaire et futur fragile qu'on se retrouve ainsi à la merci de n'importe quel incident, un confinement par exemple.

Et puis, avoir de l'argent sans pouvoir en disposer, c'est une drôle de logique qui est ici en œuvre. Cette République si prompte aux contraintes ne peut-elle imaginer que son attitude pourrait se révéler contre-productive ? Est-ce par la force qu'elle prétend faire adhérer à nos valeurs ? Les parents, les éducateurs, les enseignants, les fonctionnaires, savent que ça ne fonctionne pas ainsi, qu'il faut susciter de la compréhension, une adhésion, de l'espoir pour tenter d'éviter que certains se positionnent ailleurs, dans le ressentiment ? Alors que nous vivons une épidémie, des attentats, notre manière de vivre la laïcité est parfois difficile à faire comprendre. L'imposer par la contrainte n'est peut-être pas la seule solution, ni la plus urgente à mettre en place.

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