dimanche 22 novembre 2020

Coronapente 21

 

Les forces de l'ordre sont autorisées à conserver leur arme de service sur eux pendant leurs temps de repos, et désormais cette autorisation vaut aussi quand ils se trouvent dans des endroits clos recevant du public. Je ne sais pas si ça concerne aussi les flasballs. A priori, la démonstration de l'aptitude des policiers à conserver leur sang froid en toute circonstance a été testée avec succès en 2019.

Il était question de protéger les policiers en interdisant toute publication permettant de les identifier. Il était question de flouter leurs visages sur les images prises pendant leurs interventions. Après les masques, voilà le gouvernement est en pénurie de cagoules ?

Un ministre de la santé se débarrasserait volontiers des députés qui l'empêchent de faire correctement son boulot. Encore un qui est au clair avec le rôle des représentants.

Un ministre traite les maires d'irresponsables. Encore un qui est au clair avec la fonction d'élu.

Les journalistes verraient leur travail sur le terrain facilité si eux-mêmes ou leur employeur les accréditait. Il semblerait qu'on pousserait la sollicitude jusqu'à éviter autant que possible de les flanquer en garde à vue ou de leur taper dessus.

Certains ont proposé de rendre obligatoire l'application de traçage gouvernementale contre le Covid pour pouvoir fréquenter les restaurants qui, de toute manière, ne sont pas encore sur le point de rouvrir leurs portes. Il serait sans doute plus efficace de laisser ses papiers d'identité à l'accueil mais j'imagine que le personnel pourrait faire des erreurs en transmettant noms et adresses à la préfecture. Un bon passeport de santé, les compagnies aériennes en rêvent.

L'armée patrouille dans certains marchés jusque dans les Côtes du Nord, haut lieu du terrorisme subi. Il faut bien montrer les muscles. En même temps, on prend des précautions en évitant d'indiquer le régiment d'origine des militaires. Je ne sais pas si les gros flingues sont chargés ; la situation deviendra intéressante quand une patrouille se sera fait agresser pour leur piquer leurs armes.

J'aime quand l'état démontre les avantages de la démocratie et les bienfaits d'une société du dialogue, ouverte, inclusive, égalitaire et bienfaisante.

mardi 17 novembre 2020

Coronapente 20


On connait à peu près son environnement social, et les gens qu'on fréquente régulièrement. Enfin, c'est vrai qu'on les fréquente autrement en ces temps confinés, mais ils sont toujours là et on parvient à se faire une idée de leur façon de vivre, de leurs pensées, même à distance.

Quant aux conditions de vie des populations qui nous sont plus étrangères, c'set plus délicat, on peut  s'attendre à des surprises. Je veux évoquer ici un exemple que je prends auprès des demandeurs d'asile. Tout le monde le sait peut-être mais pas moi. Si j'ai bien compris ce que je viens d'apprendre, à partir de leur demande d'asile et si "tout se passe bien", les demandeurs reçoivent un peu plus de 500 € mensuels pour (sur)vivre en attendant la fin de l'étude de leur dossier. Après, leur statut de réfugiés sera accepté et ils pourront accéder au marché du travail, ou bien ils auront essuyé un refus et ils pourront faire appel ou repartir. Cette règle, je la connaissais.

Ce que je ne savais pas, ce sont les conditions pratiques de ce versement mensuel : la somme est "accessible" via une carte de débit. Et cette carte de débit n'est pas adossée à une banque. Première conséquence : il est impossible de retirer de l'argent à un distributeur. Autre conséquence : tous les magasins n'acceptent pas la carte (certains auraient eu des difficultés pour se faire payer par l'administration).

Alors quand on n'a rien d'autre ? Eh bien, on tente la débrouille. Trouver quelqu'un qui accepte d'échanger pour pouvoir disposer d'un peu d'argent liquide, éviter de se faire confisquer la carte par un profiteur quelconque... En ces temps de confinement, la situation ne doit pas être toujours simple.

Un système que je trouve étonnant. Il aurait été mis en place pour éviter que l'argent versé par l'état soit employé à d'autres fins que la (sur)vie, par exemple pour rembourser un passeur... Ce système très étonnant n'aurait-il pas été initié pour rendre la vie des demandeurs plus difficile ?

Quand on considère des foules depuis une position éloignée, on remarque la cohue, on apprécie les statistiques, et on conçoit facilement l'idée de décourager l'immigration, d'éviter les "appels d'air". C'est quand on doit gérer sa famille entre hébergement précaire et futur fragile qu'on se retrouve ainsi à la merci de n'importe quel incident, un confinement par exemple.

Et puis, avoir de l'argent sans pouvoir en disposer, c'est une drôle de logique qui est ici en œuvre. Cette République si prompte aux contraintes ne peut-elle imaginer que son attitude pourrait se révéler contre-productive ? Est-ce par la force qu'elle prétend faire adhérer à nos valeurs ? Les parents, les éducateurs, les enseignants, les fonctionnaires, savent que ça ne fonctionne pas ainsi, qu'il faut susciter de la compréhension, une adhésion, de l'espoir pour tenter d'éviter que certains se positionnent ailleurs, dans le ressentiment ? Alors que nous vivons une épidémie, des attentats, notre manière de vivre la laïcité est parfois difficile à faire comprendre. L'imposer par la contrainte n'est peut-être pas la seule solution, ni la plus urgente à mettre en place.

jeudi 12 novembre 2020

Coronapente glissante 19


Nous étions deux à nous promener sur ce petit chemin de campagne, et dans le respect le plus strict des mesures imposées par le (re)confinement. Enfin, non, pas tout à fait. Nous avions laissé derrière nous nos attestations que nous n'avions d'ailleurs pas renseignées. Il faut dire qu'à force de les trainer partout, de les gommer puis de les réécrire, le papier s'use.

Nous aussi... un peu. Le confinement nous pèse. Alors on pense à tous ceux qui n'ont pas la chance de disposer d'un espace naturel autour d'eux, même limité à un cercle d'un kilomètre de rayon. Bien sûr, c'est court, un kilomètre à vol d'oiseau : le sommet de la colline d'en face nous est en principe inaccessible alors qu'il semble si proche. Ailleurs, d'autres doivent se dire que ça doit être chouette de distinguer un sommet de colline à quelques kilomètres de distance, tout en étant confiné.


Nous sommes donc sur le chemin. Un cycliste passe, VTT, casque, tenue, chaussures, l'allure de quelqu'un qui n'a pas dû remplir son attestation : on ne s'équipe pas ainsi pour une balade dans le périmètre autorisé. En voici un qui se protège du Covid en soignant son endurance. Peut-être devrait-il se faire établir un certificat médical prescrivant l'effort physique ? Je comprendrais une charte du bon cycloconfiné : je pédale, je ne m'arrête pas pour discuter, j'évite de passer à moins de deux mètres d'un autre humain, je garde mon attestation avec moi.

Il y aurait - pourquoi pas ? - une charte pour chaque activité : les chasseurs auraient été les pionniers ; ils pourraient être imités. Chaque activité justifierait d'un avantage pour la collectivité : après tout, le désengorgement des hôpitaux par le maintien d'une bonne condition physique me semble aussi crédible et justifié que l'urgence de la régulation des nuisibles dans les prochaines semaines.


jeudi 5 novembre 2020

Coronapente glissante 18

Les infos

Je lis que le ministre de la santé, Olivier Veran, s'emporte contre les députés qui ne veulent pas voter l'allongement de l'état d’urgence sanitaire jusqu'en février. Il prend en exemple sa visite d'un hôpital où des patients survivent dans un état alarmant et s'exaspère : "si vous ne voulez pas l'entendre, sortez d'ici", leur lance-t-il. J'ai oublié de vérifier l'endroit où il se tenait au moment de sa diatribe... A l'assemblée ? Non, quand même pas ! Si ? Oh...


Quelques jours plus tôt, Bruno le Maire tançait les maires "irresponsables". Il évoquait les édiles qui avaient pris des arrêtés pour ouvrir les commerces de proximité sur leur commune. Il faudrait faire des maires les adjoints des préfets...


C'est vrai, enfin : à l'heure des discussions concernant l'état d'urgence, quand il s'agit de confier des pouvoirs supplémentaires à un gouvernement qui adore l'autorité, ne serait-il pas normal d'espérer de la part de chaque membre de l'Assemblée un alignement inconditionnel sur les positions de l'exécutif ?

Je ne comprends pas que ce point ne soit pas davantage soulevé dans les comptes rendus ou les articles que je peux lire. Mais je suis confiné et je ne dis rien : des fois qu'on me dise de sortir... 


vendredi 23 octobre 2020

Nouvelle vague (Coronapente glissante 17)

 


Les indicateurs sont au rouge ; les chiffres sont alarmants ; la région ou le département virent à l'écarlate ; c'est l'époque du couvre-feu et l'attente des annonces gouvernementales. En plus, il ne fait pas beau et il semblerait que le virus aime ça, les temps humides.

C'est encore et toujours l'époque des médias simplificateurs, des opinions à l'emporte pièce, des avis tranchés. Ce serait aussi une bonne époque pour le politique, pour nos gouvernants, notre gouvernement, notre président : les voici bien en place, droit dans leurs bottes et le verbe sûr. Ils craignent enfin les petites gouttelettes brumisées à la face de chacun et redoutent le futur confiné, ils réagissent à la menace, ils nous protègent avec autorité et nous frissonnons devant les graphiques alarmants.

Des voix discordantes se font entendre elles aussi. Celles des esprits chagrins qui se demandent si on a bien préparé la sortie du confinement, si on a bien anticipé la deuxième vague.Et puis celles de scientifiques en désaccord avec la gestion, les chiffres, l'atonie économique... Enfin les voix des opposants au port des masques comme il y a ceux qui refusent les vaccins ou l’allopathie. Ces registres de pensées divers ont l'immense avantage de se neutraliser mutuellement, les uns discréditant les autres.

Alors, la nouvelle vague, elle est là ? Elle sera là ? Peut-on la qualifier de vague ? N'est-ce pas autre chose comme une marée qui monte, comme une situation qui s'installe ? Et qui ou que dois-je craindre ? Pour moi, pour mes proches, pour les vieux, contre certains âges de la vie ? On est prompts à diviser : les vieux qu'on préserve sans souci de l'économie, les fragiles qu'on protège sans anticiper les ravages sociaux, les jeunes qui sont toujours trop insouciants et fêtards, les banlieues qui ne respectent jamais rien et les ruraux en sursis...

A 21 heures, promis, je serai tapi chez moi...

lundi 28 septembre 2020

Bretagne(s)

 L'été se termine par une petite balade en Bretagne, quelques photos et un article publiés bien tardivement : problème technique et surtout procrastination sont à l’origine de ce délai.


Paimpol. Les villes désormais subissent le même traitement universel : pierres décapées, joints de maçonnerie refaits, rues pavées, nettoyage, boutiques, restaurants... Le visiteur n’est pas perdu : c'est toujours à peu près le même environnement.


Si l'intérieur des terres n'est pas folichon entre les grandes exploitations agricoles odorantes et les pavillons à l'esthétique bretonnante, en revanche le littoral est époustouflant. Ce sont des îlots, des récifs semés en désordre, des plages étroites et parfois des maisons enserrées entre les blocs arrondis.


 La marée découvre loin et les récifs deviennent des îlots puis des rochers jetés sur un fond de sable ou de vase. Ici, on nomme ports des anses mal protégées où des corps morts semés là occupent l'espace. Dans les estuaires, on entrave les bateaux en ligne le long du chenal. Les touristes adorent ; ils sont nombreux…

Sur les îles, des manoirs à l'abri derrière les panneaux "privé". Sur Saint-Gildas, c'est même un hameau tout beau tout propre derrière un bois de pins, des prés gazonnés, une digue, un mur de protection... Une voiture est garée là : le passage est carrossable à marée basse. Quand on est pieds nus, ça fait mal sur les cailloux et ça glisse dans la vase.

 

Un détour par l'intérieur de la Bretagne, par la Vallée des Saints qui s'avère en réalité être une colline. Les saints sont bien là, une bonne centaine de dieux celtiques monumentaux dont le troupeau s'enrichit d'année en année.


Ils sont traditionnellement créés sur place mais peuvent provenir d'un atelier du Pays de Galles.

Morlaix, au fond d'un estuaire bordé de chantiers maritimes le long desquels les bateaux se vautrent dans des vagues de vase considérables. Le port de la ville est maintenu en eau grâce à une écluse, ceci depuis le milieu du dix-neuvième siècle. Ici, on ne se contentait pas de fabriquer des cigarettes mais on transportait des marchandises en cabotage depuis longtemps.

 

Le port de Penn Enez est aussi constitué d'une immense jetée qui protège un large plan d'eau découvrant meublé de bateaux de plaisance. Ici, on ramasse le goémon que de grosses barges déchargent sur des semi remorques.

 

Brest est plus jolie depuis la mer, depuis la presqu'île de Crozon, la pointe des Espagnols par exemple, nommée ainsi depuis le seizième siècle, quand ils ont pu menacer la ville d'ici. Pour notre part, la ville elle-même ne nous a pas retardés. Outre les points de vue depuis le pont Recouvrance et nos balades dans les anciens quartiers populaires ou les rues piétonnières, on y collectionne des militaires et des étudiants.

De nombreux voiliers profitent du beau temps dehors. Vont-ils mouiller un peu plus loin devant une plage qui ne découvre pas ? 

 

Vont-ils à Camaret ? Ce port est toujours aussi beau. Tout le monde le sait et la preuve, c'est que je paie un café 1,90 €.

Le port de plaisance derrière le sillon dépare un peu l'ensemble, les restaurants sont innombrables.

 

Le cimetière de bateaux m'occupe un bon moment.

 

Nous dormons sur un parking de terre enfoncé dans la végétation, un peu avant la pointe du Van, une avancée de collines et de landes bordée de falaises, de rochers et de vagues.

Le GR34 nous mène vers la Baie des Trépassés et nous profitons pleinement de la vue vers l'Ouest : le phare de la Vieille, l'île de Sein, le courant et ses remous, quelques voiliers qui passent en direction du Sud.


 Le Guilvinec, son grand port et sa flotte de pêche encore très importante. Il y a même un chantier pour les bateaux de pêche. Ils sont en bon état, ces bateaux. 


J'ai quand même repéré un vieux "pêche arrière" en bois classique un peu fatigué, avec des caillebotis plastique en guise d'antidérapant sur le pont.

 

Pont-Aven par gourmandise et pour son musée. Les touristes sont dans les rues, le musée est tranquille : Corneille, le mouvement Cobra, des découvertes pour moi. Je connaissais - un peu - l'influence des Arts Premiers sur Gaughin mais je ne savais rien non plus de ses suivants et des débuts de ce qu'on a appelé l'école de Pont-Aven.

 
  

La rivière d'Etel, devant le cimetière de bateaux. Il y a là des thoniers mis au rebut après 1945 quand la flotte s'est modernisée. Et puis d'autres épaves plus récente jusqu'à un voilier dont le plastique ternit sur la vasière.

 

Les vielles membrures retournent à la vase mais le reste ? Même le coin où nous avons mangé était dégradé : poubelle, sacs plastique, papiers... Il est maintenant rare qu'on trouve un endroit si sale.

La Gascilly : c'est le moment du festival de photo. 


C'est à se demander - ou alors son message est retranscrit à l'encre rouge.




La cathédrale de Chartres


Visite de Chartres, la grande ville. Nous visons le centre ville, un parking souterrain obligatoirement cher, la cathédrale après un café dans les rues piétonnes. Normales, les rues piétonnes : c'est propre, commerçant, ça peut être n'importe où.



Plus haut, plus loin, c'est moins passant sans doute mais plus original...




La cathédrale, ce sera en deux temps. D'abord une première visite le matin dans ce grand volume étonnant.



La richesse des décors, les espaces plus particulièrement dédiés à ces visiteurs qui nous ont semblé venir chercher un lieu particulier à leur foi. Ils étaient fervents, ceux (et celles) qui priaient dans les chapelles. Le prêtre à disposition des visiteurs était oisif.

Ces décors ainsi que les parois sont en mue. Presque blancs dans la pénombre, parfois ocre, ils ont été débarrassés de leur grisaille hors d'âge, des enduits qui pouvaient les recouvrir. C'est toute l'ambiance qui change ici pour des sculptures délicates, par exemple tout autour du chœur dont les saynètes ont été réalisées en quelques siècles !

C'est là qu'il faudrait évoquer les vitraux, je le sens. Il vont me servir de transition pour la deuxième visite du début d'après-midi. Une visite guidée, trois personnes minimum. C'est bien tombé, nous avons eu de la chance, nous étions trois. Ouf ! Nous avons pu profiter de l'érudition de notre guide.

Les vitraux ? J'y reviens :


Notre guide commence par eux. Il nous les montre de l'extérieur. Voici l'armature métallique qui permet de maintenir les plaques en place. Voici les traces d'anciennes restaurations. Voici les clavettes, voici les traces de l'oxydation du verre, et plus loin, il nous montre les techniques plus récentes de restauration des vitraux.

Tout doux. On va finir par y prendre goût aux détails, aux descriptions... Et les trois niveaux d'arcs boutants avec les colonnes en étoiles pour relier les deux premiers étages ? 


Et cette tour non terminée, bloquée à quarante mètres mais toute prête à recevoir une suite qui ne viendra jamais ?


La toiture de zinc a remplacé l'originale en plomb qu'on ne retrouve que sur les étages du bas qui ont échappé à l'incendie. C'est un destin commun aux cathédrales de brûler, de bien brûler, et plusieurs fois.



La charpente refaite au dix-neuvième, ça donne cette carène renversée, élégante.



On quitte la ville contents, et puis la pluie, l'orage, de belles lumières éphémères, une fuite d'eau sur notre couchage...