mercredi 30 mai 2018

Cala Binarras

La cala de San Miguel est une baie assez profonde dans laquelle s'ouvre la cala Binarras plus étroite qui semble moins urbanisée et moins fréquentée. C'est là que nous plantons la pioche. Et nous avons la chance d'être arrivés assez tôt car à 14 heures il y a un septième voilier qui tourne à la recherche d'un endroit pour se poser.
La plage représente le centre d'intérêt de la cala. Dans la journée, on y trouve les chaises longues et les parasols habituels accompagnés par quelques pédalos. De chaque côté, les vieux garages à bateaux servent à boire un coup en groupe face à la mer. Sur un toit, un couple se masse. La plage elle même est cernée par des restaurants et un marché hippie. C'est la mode à Ibiza : ce n'est pas tellement pour la qualité des articles proposés que l'apparence baba cool des vendeurs.
Des baba cool que l'on retrouvera le soir face au coucher du soleil quand ils viendront jouer des percussions en groupe, sujets originaux des smartphones des touristes. 
Ce n'est pas non plus que la musique soit extraordinaire, non, mais le magnifique coucher de soleil et la présence des musiciens suffisent à garantir l'attraction du lieu.

lundi 28 mai 2018

De Majorque à Ibiza

Y'a des jours où il faut s'accrocher un peu.


C'était bien beau à la cala Sant Elm, dans l'ouest de Majorque et on y a passé une soirée assez tranquille et une nuit rouleuse. Y'a des jours où la mer bouge. Raison de plus pour partir lundi matin. Il n'y a pas d'abri pour nous sur cette côte, à part Andraitx qui ne nous a pas branchés.


Alors on est partis dans une ambiance de Bretagne brumeuse pour une douzaine d'heures de traversée vers Ibiza, en espérant un vent au près bon plein (confortable) qui nous ferait jouer des voiles.

Y'a des jours où le vent ne coopère pas : il a préféré refuser (faire preuve de mauvaise volonté en se flanquant pile devant le bateau ou presque) et la houle a grossi à un petit mètre assez inconfortable. Du coup, nous avons dû faire une étape à la cala d'es Llamp, un trou au milieu des falaises dans lequel nous nous sommes retrouvés à cinq voiliers qui attendaient de meilleures conditions pour continuer. Si nous étions protégés du vent, c'était moins bien en ce qui concernait la houle et nous avons roulé une deuxième nuit. Pourvu que ça ne devienne pas une habitude.


Au matin, c'était bien beau avec ces parois éclairées par le soleil levant. De toutes manières, il n'était pas vraiment facile d'aller faire un tour à terre dans les falaises et le bateau était déjà prêt à appareiller au cas où les éléments nous fassent des misères. Le départ a été rapide et le petit déjeuner s'est passé en mer où les conditions s'étaient bien améliorées.


Nous faisons le tour du cap Moscarté et son curieux phare en forme de colonne et mouillons à Portinatx, notre destination initiale, avec une bonne demi journée de retard. Dans cette station balnéaire assez tranquille, nous pourrons faire quelques courses et laisser passer un peu de vent du sud avant de continuer pour explorer la côte nord-ouest d'Ibiza.

jeudi 24 mai 2018

Soller

Soller, c'est à 3 ou 4 kilomètres dans les terres, une manière de se protéger des pirates à la grande époque - et puis il y avait sans doute d'autres raisons liées à l'agriculture, les communications... Je n'évoque pas seulement le fameux tramway qui relie le port à Soller à la vitesse d'un cycliste essoufflé pour 7 € le trajet.



Le port de Soller était une porte ouverte vers ailleurs, quand il était plus facile d'aller à Palma en faisant le tour de l'île en bateau plutôt qu'en passant par la sierra Tramontana. Cette situation et les cultures ont logiquement développé une navigation de commerce avec une bonne partie de la Méditerranée occidentale, d'après notre doc.

Il en reste un peu de pêche, la plaisance, une baie assez abritée, des militaires discrets, des touristes en grand nombre et des exploitations d'oliviers et d'agrumes, orangers, mandariniers et citronniers.


Alors, le bourg du port ne nous fait pas grande impression. C'est comme ailleurs, entre restaurants et terrasses, quais et musique, hôtels et locations, allemand, anglais et français.


Plus en arrière, les cultures en terrasses, les chemins encaissés entre des murs de pierres sèches bien entretenus, les maisons isolées, les oliviers centenaires aux troncs torturés, les orangers, tout ce paysage nous plaît beaucoup. Très vite, quand on s'éloigne de la mer, on s'aperçoit de la maitrise de l'eau qui est disponible un peu partout, sous forme de citerne ou par des captages dans les torrents tout proches.


Deux bourgs nous ont bien plu. Fornalutx est superbe, fleuri et un peu confit ; Biniareix en sera bientôt le sosie. Pour l'instant, c'est un peu moins apprêté mais on y retrouve ces pierres aux tons ocres sur les murs et à terre dans les ruelles et les escaliers. Soller est un peu plus grand et nous ne nous y sommes pas attardés. Il y avait des terrasses, des visiteurs, des ruelles bien tranquilles et de belles façades vers l'église dans laquelle nous n'avons pas pu entrer : c'était pas l'heure. Tant pis pour la déco de Gaudi.Une autre fois ?

mardi 22 mai 2018

Cala de la Calebra

C'est une question de point de vue : quelqu'un arrivant par la terre titrerait peut-être "Torrente de Pareis", son objectif de visite ici. Nous atterrissons depuis la mer ; pour nous, c'est donc la Cala de la Calebra, et c'est niché dans cette paroi nord-ouest de Majorque, une forteresse de falaises et de pentes auxquelles s'accrochent des nuages qui en diminuent un peu l'austérité.


Sur la plage, dans la partie est, des baigneurs, des crieurs criards, des gens en balade qui suivent un chemin aménagé partiellement en tunnel depuis l'ouest de la cala, le point d'arrivée des navettes qui viennent de Porto Sollers et de la route en lacets où on trouve un petit bourg de restaurants, terrasses et boutiques de souvenirs.




Le Torrent de Pareis débouche sur la plage formée de galets poussés là à la manière d'une moraine. Derrière, le flot est juste suggéré par quelques flaques d'eau joliment verdie par des algues au milieu d'un grand lit à sec, sous les parois verticales d'un défilé.


C'est un paysage contrasté d'ombres et de lumière vec des creux et des arêtes, quelques grottes et une végétation qui pervient à s'insérer dans cette fracture géologique : pins, figuiers, de l'herbe autour de l'humidité...


jeudi 17 mai 2018

La baie des Paulilles

Après cinq jours à Gruissan dans le froid et le vent, il a suffi que la Tramontane s'arrête et que nous fassions 40 milles vers le sud pour changer de monde. Tout seuls au mouillage des Paulilles, l'ancre dans 4 mètres d'eau et du sable, 25 degrés dans le bateau et 22 dehors, des visites à faire tout près. On est en vacances.

On est partis à 6 heures du matin pour profiter de la fin de la tramontane. C'était fun : force 6 de travers, mer plate, le bateau toujours entre 6 et 7 noeuds. Et puis ça s'est calmé et on a pu enlever les cirés et puis ça s'est encore calmé et il a fallu deux heures de moteur en attendant que le vent passe un peu de l'autre côté, et on a même enlevé les pulls et les chaussures.

Comme le moteur avait assez hurlé (super le vacarme du nouvel extracteur d'air que nous avons installé), on a fait 3 noeuds pendant un moment à la voile puis le vent s'est renforcé, du large, et on a approché le Cap Béar entre 4 et 5 noeuds, sur une mer plate bien sûr. Bonne météo pour aujourd'hui : Météo France et OpenWRF. Météo Consult complètement planté dans la rotation du vent ainsi que sa force ce matin.

Nous voici maintenant dans l'anse nord, Bernardi. Du sable, des rochers sur les côtés, un peu de monde sur la plage et quelques randonneurs sur le chemin côtier. C'est une réserve. C'est aussi notre premier mouillage.


On se méfie, alors on va se promener à tour de rôle. L'un de nous reste à bord pour parer à tout souci éventuel : a-t-on oublié de mettre l'ancre au bout de la chaîne ? a-t-on pris les rames de l'annexe 


Pour les visites, il y a des chemins, des vignes, le cap Béar tout proche, Banyuls et Port Vendres sont à 6 kilomètres environ. Et surtout, sur place, l'ancienne dynamiterie du père Nobel a été recyclée par le conseil départemental : on visite les quelques traces qui subsistent de ce qui était une véritable ville ainsi qu'un atelier de réparation de barques traditionnelles. Sympa.

samedi 12 mai 2018

Gruissan

Le port...

Faut bien y aller de temps en temps. Les raisons principales pour y passer un moment peuvent être le mauvais temps, le manque d'abri dans les parages, le manque de carburant, un ennui technique, les achats divers, un rendez-vous avec les copains ou des visites...


Le mauvais temps s'annonce vigoureux. Il y a des moments où il vaut mieux se balader à pied que sur la mer. Comme les progrès de la météo permettent d'anticiper plus facilement qu'auparavant ces épisodes perturbés, le jeu est de se faire coincer dans un endroit choisi plutôt que subi, à condition de ne pas se tromper dans l'interprétation qu'on fait des prévisions.

Là, c'est tout bon : le temps se dégrade à l'heure prévue. On est coincés pour plusieurs jours. L'endroit est agréable bien qu'un peu frais. Il faut dire qu'il y souffle maintenant un air froid qui nous ferait regretter de sortir. Il fait 10° le matin à Gruissan, en cette mi-mai. La Tramontane...


Avec cette humidité, la pluie qui est tombée, Gruissan pourrait faire penser au Mont Saint-Michel...


... et le boulodrome est déserté dimanche. Lundi, malgré le vent et la pluie, c'est plein de joueurs.


Le passé maritime gruissanais est affiché au cimetière marin. Rien à voir avec celui de Sète. Ici, c'est une sorte de chemin de croix assez large, inauguré par un monument et régulièrement bordé de cénotaphes à la mémoire de disparus de la deuxième moitié du XIX° et du XX°.


D'après ce que j'ai vu, ça concerne ceux qui ont offert une stèle à leurs défunts. Quand il est question de simples marins, ce sont les fils ou neveux de... La famille Rouquette semble avoir laissé du monde un peu partout en mer.


Les tailles de pierre peuvent être maladroites, laisser quelques fautes d'orthographe et des défauts d'alignement ; les marbres sont bien conservés ; les messages, en général très pieux, peuvent trahir frustration ou colère.


C'est un coin très fréquenté, même par les chauve-souris dans une grotte sous la chapelle qui culmine ce très beau secteur entre pinèdes, prés bien verts, ruisseaux. A cette (petite) altitude, il y a une humidité qui ne doit pas tout au temps actuel et la mer semble lointaine.


Plus bas, Gruissan se donne des allures insulaires entre la mer, les marais salants et les étangs. On y fait du vent, un château ruiné, du vin, du sel, du poisson, du touriste souvent retraité et parfois randonneur, des bateaux et on attend la grosse affluence estivale.


Les petits coins sympas ne manquent pas pour nos balades soufflées, côté campagne ou dans une ambiance plus maritime vers les vignes, les étangs et les salins.





Il y a encore un autre Gruissan, vers la plage et les sports de glisse, avec un véritable bourg de chalets à l'ambiance parfois américaine.