lundi 28 août 2023

Terezin

Nous étions en montagne ce matin dans une paix totale. Nous avons trouvé de l'eau pour faire le plein.
Le temps était maussade, humide, même dans la plaine, Teplice ne ressemblait pas à une ville de Bohème, c'était tout simplement une ville moderne qui ne s'occupe pas trop de tourisme et vit sa vie de ville, assez tranquille elle aussi ce dimanche matin.
Nous avons rejoint l'Elbe à Ùsti Nad Labem. Un barrage  la coupe net. Vers le Nord, l'Elbe se navigue vers Dresde en Allemagne. Vers le Sud, l'Elbe se navigue aussi mais on n'a pas vu beaucoup de monde dessus : un bateau de croisière collective, quelques barques, et des embarcations appontées sur chaque rive, en moins grand nombre que les villas étagées sur la rive Est.
Mais ce n'est pas le sujet du moment. La journée , on la passe à Terezin.
Terezin : une double forteresse Vauban du XVIII° avec la garnison qui se retrouve désormais dans une des musées de la ville. Mais ce n'est pas le sujet.
Terezin, au XX°, c'est la transformation des deux forteresses Vauban : puisqu'elles retenaient les assaillants qui venaient de l'extérieur, elles pourraient bien confiner les indésirables pendant la deuxième guerre mondiale.
La grande forteresse est devenue un guetto. On  bouchait les issues, on enlevait les habitants et à la place on entassait les juifs, un solution plutôt simple 
La petite forteresse était transformée en camp de concentration. 
Avec la ligne de chemin de fer, on avait là un outil adapté pour recevoir des prisonniers d'un peu partout en Europe, prisonniers qu'on pouvait renvoyer, s'ils survivaient. Ils étaient alors redirigés vers des camps de concentration comme Auschwitz. Tout était bien organisé, la bureaucratie nazie faisait de son mieux.
Elle a même réussi à abuser la Croix Rouge quant aux conditions de vie dans le ghetto. Terezin c'était l'administration efficace, fours crématoires compris. 
On trouve encore quelques fantômes et les visiteurs ne sont pas trop nombreux : il est possible de déambuler à sa guise dans les espaces et de se plonger dans les affichages et les reconstitutions.
La petite forteresse, on ne s'y perd pas, c'est facile, on accueille ici, on entasse là, on soigne comme on peut et il est aussi possible de mourir executé par un peloton si le typhus n'a pas gagné avant.
Desnos est mort du typhus, un mois après la libération du camp par les Russes.
Les femmes avaient leur quartier, et la fin de la guerre a  vu apparaître les Allemands de Tchéquie, ceux qui étaient maintenant dans le camp des vaincus.
La grande forteresse enfermait le guetto, une ville surpeuplée où l'espérance de vie se reduisait dans la promiscuité. On y crevait ou alors on partait pour un camp mourir un peu plus loin. Les statistiques étaient effroyables mais les gardiens et leur famille avaient  leur piscine et leur cinéma, pas trop éloignés des fours crématoires particulièrement bien conservés, outils compris.
On a des bâtiments, des documents sous forme d'écrits, de nombreux et beaux dessins des artistes du ghetto et aussi un film dont il subsiste des bouts, tourné par les nazis et montrant une vie de ghetto absolument idyllique. De la grande œuvre de propagande dont les acteurs n'auraient pas l'occasion de revenir à l'écran.
Maintenant, la petite forteresse est entièrement transformée en un musée, la grande a retrouvé sa ville et des habitants libres mais elle a conservé certains bâtiments pour en faire le musée du ghetto. Ce dimanche pluvieux sur les rues quasi vides fait assez lugubre.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire