dimanche 6 novembre 2022

Vartzia

Six heures du matin, je me dis que nous avons eu beaucoup de chance : il pleut. Pas une petite pluie mais une bonne averse qui martèle le toit et fait goutter les tôles. La météo prévoyait de la pluie mêlée à la neige pour ce matin .
Et nous sommes au sec et au chaud dans notre guest House. C'est déjà ça. Et nous avons pu visiter les habitats troglodytiques de Vartzia hier soir. Ce n'était pas gagné d'avance avec la location de la voiture avant 232 kilomètres pour venir ici dans des paysages qui donnaient envie de flâner.
La sortie de Tbilissi s'est bien passée. Cette ville se congestionne tard. Entre 9 et 10 heures on circule bien et nous nous retrouvons assez rapidement sur les petites routes de l'ouest, dans un paysage de moyenne montagne boisée où s'installent des résidences secondaires.
 Nous sommes encore proches de la capitale quand nous grimpons pour une visite aux restes du château d'Azeula. Il subsiste quelques pans de murailles de briques sur un pic et une vue à 360 degrés.
 Outre l'histoire mouvementée d'un château fort imprenable et pourtant conquis plusieurs fois depuis le onzième siecle, sa place importante dans l'histoire géorgienne faite de conquêtes ou d'abri pour des souverains, l'endroit porte aussi un monument à la mémoire de cadets de l'armée qui ont été massacrés ici lors de la défaite contre l'armée bolchévique au début de vingtième.
Trouver de l'essence, changer de l'argent, acheter à manger dans une des villes trop vite traversées, un moment pour pique niquer debout à l'abri du vent. 
La route monte à 2000 mètres d'altitude tout près du niveau de la neige. La voie ferrée s'enfouit par endroits dans une tranchée où elle est protégée par un tunnel de ferraille. Est-il prévu de remblayer ensuite ou bien va-t-on laisser côté à côté l'arrondi métallique qui dépasse du niveau du sol et ces remblais qui semblent attendre ?
Puis ce sont de grands plateaux superbes, une steppe à perte de vue limitée seulement par les montagnes enneigées, des grands troupeaux, moutons ou vaches avec leurs gardiens à cheval, et des villages clairsemés aux maisons grises, avec des pyramides de foin, des jardins assez maigres, des abris semi enterrés aux toits engazonnés qui servent peut-être pour les bêtes. 
Nous passons trop vite. De grands lacs expliquent tous ces véhicules sur lesquels sont juchés des canots pneumatiques. Ici, on pêche. On ramasse aussi des choux dans ces parcelles cultivées en grands rectangles noirs éparpillés dans le beige environnant. Une impression d'être ailleurs dans le Nord, la tôle pour faire une chapelle, le vent d'ouest qui interdit les ouvertures de ce côté.
La route redescend se blottir dans une longue vallée. Nous nous rapprochons de la Turquie. Quelques semi remorques nous accompagnent. Eux vont sans doute traverser la frontière colle le Russe qui nous précède un moment . Nous l'abandonnons et tournons à gauche. 
C'est une petite route qui mène à Vartzia, haut lieu de tourisme géorgien comme l'attestent les pancartes pour les guest houses. Le monastère de la falaise pourrait avoir accueilli jusqu'à 2000 moines dans ce gigantesque ensemble troglodytique. Tremblements de terre, armée d'occupation, les effondrements ont vide les lieux. Il reste quelques habitants dans un coin qui ne se visite pas mais le reste est aménagé avec des passerelles et des escaliers métalliques.
Sous la lumière du soleil de fin d'après midi, c'est superbe. Nous avons tous des références aux travaux d'Echer qui nous viennent en tête en regardant les agencements qui nous permettent de passer des cellules à la suite nuptiale ( ? ), la boulangerie, les celliers à vin, les chapelles, l'église qui est active. 
Un moine chantonne sa bible, solitaire quand nous pénétrons discrètement. Il ne nous met pas dehors et n'interrompt pas sa litanie et nous contemplons les fresques en l'écoutant.
Outre les passerelles extérieures et modernes, des tunnels permettaient la circulation dans le complexe. 
Nous accédons ainsi à la source, une belle eau claire qui coule dans une vasque abritée derrière une paroi de verre ; nous changeons d'étages, débouchant parfois sur des plateformes ouvertes par les tremblements de terre. 
Les moines, semble-t-il, se réfugiaient dans ces abris. Pour notre part, nous descendons la falaise par le "tunnel secret" qui ne l'est plus puisqu'il termine la visite en débouchant dans la vallée et le crépuscule.
Et ce matin il pleut. Nous avons pu visiter Vartzia, nous avons bien dîné dans notre guest House en compagnie de touristes allemands et de géorgiens voisins ou de la famille de notre hôtesse. 
Son repas était excellent, notre compréhension mutuelle vacillante, la chaleur du poêle en tôle bienvenue, le vin ambré, et si la chambre n'est pas chauffée, ce qui nous a d'abord inquiétés, les couettes sont chaudes.

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