vendredi 11 novembre 2022

Athènes

Huit heures du matin, nous nous retrouvons coincés à la sortie de l'aéroport d'Athènes, un mouvement de grève immobilise le métro et la plupart des bus vers la ville. Rien que ça ! Nous nous retrouvons par hasard à quatre personnes à demander des infos au seul comptoir où une personne accepte de nous renseigner. Le renseignement est vite donné : c'est non. Y'a pas !

Quatre personnes avec les mêmes préoccupations, ça peut former une équipe éphémère, non ? Le Lituanien un peu grande gueule à l'anglais parfait, la Russe discrète à l'anglais encore plus hésitant que celui des deux Français, tout ce beau monde décide de se mettre en quête d'un taxi pour le centre ville.
Mais les taxis font également la grève et eux, ils ne répondent pas trop à nos questions. C'est grève et c'est marre.


Pendant que la Lituanie cherche des solutions sur Internet, la Russie se demande comment rester dans le groupe et la France - qui l'eut cru ? - télécharge au plus vite l'application Uber sur son smartphone. C'est LA solution. Pour 40 euros, un "taxi" Uber va nous transporter en centre ville ; c'est à peine plus onéreux par personne que la solution initialement prévue en transport en commun. Merci Uber, briseur de grève.


Nous nous retrouvons en plein centre après un trajet rapide pendant lequel le Lituanien s'est avéré russophone. Ils ont dialogué avec animation avec la Russe plus si discrète que ça - et ils ne paraissaient pas d'accord sur la situation. Tout juste a-t-on compris qu'ils évoquaient la guerre en Ukraine et les positions respectives de l'Europe et la Russie. Qui défendait quelle position ? Je ne sais pas. 

Le groupe explose à la descente du taxi. Bye bye, tout le monde. Nadine et moi prévoyons de porter nos sacs toute la matinée ; ça va être long. Alors, la solution est vite découverte : aller faire un tour au musée de l'Acropole, laisser les bagages à la consigne pendant que nous visiterons les expositions.
Il s'agit des résultats des fouilles et de leur mise en valeur à base de reconstitutions. Nous circulons entre bas reliefs délicats et statues à l'esthétique émouvante. Quelques références à leur polychromie originelle dérangent nos habitudes : je les considère éternellement de marbre lisse. Des explications sr l'histoire du Parthénon, une ou deux vidéos et des informations à oublier tellement elles dépassent mes capacités mémorielles. Les photos sont interdites à part dans l'entrée - sans doute les droits d'auteur ne sont-ils pas encore prescrits ?

Quand nous sortons, repus de culture hellénique, nous nous attablons pour un kebab dans une rue tranquille. C'est quasiment l'été sur Athènes, les habits sont colorés, les gens détendus, la circulation d'autant plus dense que les deux roues sont nombreux et vifs, les chats sont là mais les chiens sont absents, les gens sourient facilement et le kébab est décevant après ceux de la Turquie et de la Géorgie.

On vasouille un peu pour entrer à l'appartement. C'est notre faute, on n'a pas lu assez attentivement l'explication du propriétaire, explication un peu brouillonne parce qu'issue sans doute d'une traduction approximative et dénuée de ponctuation. Mais notre fatigue est aussi là pour nous brouiller les idées.


Heureusement, un homme d'en face nous a aidés à nous en sortir - et l'appartement est vaste et accueillant. Super. Sieste. Zut, y'a pas tellement d'eau chaude. Demain, il n'y en aura plus du tout. Balades dans les rues.


Jeudi matin, nous prions les Dieux du Genou et ceux de l'Olympe, puis nous pratiquons les deux incantations de l'anti-inflammatoire, comprimé et patch : il faut que les jambes de Nadine tiennent pour monter à l'Acropole tôt le matin. Nous avons prévu d'y être à peu près à huit heures et c'était une bonne idée. Quand nous sommes redescendus un peu après dix heures, il y avait foule.


Là-haut, c'est grandiose. Le site domine la ville. Les vestiges frappent d'abord par leur gigantisme. Le Parthénon a beau avoir eu une histoire assez compliquée après avoir lui-même un peu vampirisé les temples voisins lors de sa construction, il fut vandalisé, transformé en église puis en mosquée, explosé ou bombardé, et maintenant il reste en travaux semi permanents qui consistent à le remonter progressivement dans l'état qui était le sien à la période classique.


Ce qu'on voit du bâtiment, ce qu'on devine aussi parce que le bougre est quand même bien incomplet, est harmonieux mais je me demande s'il n'y avait pas de l'encombrement sur ce plateau. Entre les temples et les statues, le citoyen hellène devait facilement trouver de l'ombre quand il allait prendre le frais là-haut.


Il pouvait aussi se contenter de ne pas grimper jusqu'en haut mais s'attarder sur les coteaux où poussaient les bâtiments : encore des temples, et puis la stoa, cette espece de galerie marchande de l'antiquité qu'on trouvait aussi un peu plus loin, dans l'Athènes d'aujourd'hui, plus précisément dans un parc où le long batiment est reconstitué depuis les années 1956, je crois.


 C'est qu'Athènes n'est pas seulement formée d'immeubles un peu sales, de ruelles encombrées, d'artères à la circulation bruyante, le tout coiffé par l'Acropole. Non, il y a aussi des parcs bien tranquilles, des coins préservés, d'autres où des fouilles pourraient bien trouver des trésors mais les travaux ont été arrêtés il y a longtemps et leur date de reprise semble bien improbable.


Cette maison, bâtie sur des vestiges (comme beaucoup ?), a adapté sa petite cour.

Les touristes sont nombreux, Athènes s'écoute polyglotte. Les rabatteurs des terrasses m'insupportent, les mendiants sont fréquents, les petits boulots étonnants : balayeurs de rue en détail, gardiens de parking, surveillants de vestiges...


Quand nous avons fait notre plein de vieilles pierres, nous nous faufilons dans le quartier Anafiotika, tout petit, tout resserré, peuplé d'émigrés de l'île d'Anafi - on se croirait dans les Cyclades.




 Ce quartier surplombé par les remparts de l'Acropole domine pourtant le centre ville ; on ne peut pas imaginer environnement plus citadin et l'ambiance est celle, rurale, d'un petit coin tranquille, on y trouve des  murs chaulés, des volets bleus, des chats amicaux et sans doute bien trop de visiteurs bien qu'ils ne paraissent proportionnellement pas trop nombreux en comparaison de l'affluence attirée par les terrasses deux-cents mètres plus bas. On découvre aussi beaucoup de portes fermées par des cadenas : ouvertures saisonnières ou abandons ?


Tout en haut, une petite cabane, une sorte de bloc rectangulaire de la taille d'une chambre aux volets fermés laisse échapper de jolis morceaux de violon. Un joueur s'est isolé pour pratiquer ?

 

S'isoler, la bonne idée. Athènes, nous en parcourons le centre ville, une partie historique, sillonnée par les touristes, traversée par de grandes artères où la circulation se calme entre minuit et cinq heures. Les terrasses de la Plaka font le plein en anglais  mais pas que... Des Grecs viennent aussi fréquenter ces cafés restaurants qui envahissent les ruelles et installent des coussins sur les marches. Plus bas, c'est plus classique, les terrasses s'étendent plus à l'aise et chaque restaurant gère une multitude de tables où l'affluence du soir est garantie. la musique, le brouhaha de la foule des convives, ces quartiers doivent être des enfers nocturnes pour les habitants.

Chez "nous", à un petit quart d'heure à pied de l'Acropole, c'est beaucoup plus calme mais nous n'échappons pas au fond sonore de la circulation depuis le salon. La chambre et la cuisine donnent heureusement sur un cour intérieure bien tranquille. C'est un peu sombre, ce qui ne doit pas être désagréable en plein été.

Nous sommes en novembre. Il fait bon. Le tee-shirt suffit en journée, on ajoute un petit pull le soir pour le confort. Ceux qui sortent les matins en bonnet et doudoune, c'est bien simple, ce sont des Grecs. Ils vont au boulot. L'inflation est à plus de 13 %, la Grèce est reprise dans des problèmes économiques d'où émergeait la grève du jour de notre arrivée. C'est la débrouille. Après échange avec notre propriétaire, nous avons compris qu'il éteignait le chauffe-eau dès que possible. Nous l'avons rallumé pour la douche.

Qu'est-ce que j'oublie ? La relève des gardes devant le parlement ? Ces fameux evzones que les touristes viennent voir à l'heure pile, quand ils abandonnent leur immobilité de statue pour un pantomime où l'humain disparait derrière la marionnette aux gestes un peu grotesques. Et elle claque du sabot ou le fait grincer sur la pierre, et elle se synchronise avec les autres, partenaire d'en face ou trio de la relève qui arrive au pas, le pied bien levé, parfois la main, dans une chorégraphie dont le sens m'échappe.


Si Athènes produit du gaz d'échappement, elle dispose aussi d'îlots de paix, par exemple ses jardins publics où il fait bon s'asseoir, souvent seul ou à deux devant une pièce d'eau ou sous les frondaisons. Les parcs aux vieilles pierres restent bien calmes aussi, l'agora romaine, la bibliothèque, ce sont des lieux assez vastes où déambuler dans l'antique.


Rues tranquilles


De nombreux garages automobiles et motos


Et l'environnement vers le port du Pirée quand on y arrive par le Sud



 La mauvaise idée ? Marcher jusqu'au Pirée sans écouter les recommandations de Monsieur Google. Les abords de la partie Sud du port sont plus facilement parcourues par les voitures sur les voies rapides que par le pauvre piéton qui se demande par où passer. J'abandonne au bout d'un moment pour revenir, penaud. Enfin, penaud, c'est quand même chouette de profiter des rues d'Athènes.

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