lundi 1 juin 2020

Déconfinement progressif

On commence une balade dans l'Aubrac pour profiter du beau temps et d'un moment encore tranquille. Avec le souci du tourisme national qui semble pointer le nez, les prochains voyages des vacanciers devraient sans doute viser la France et ses petits coins. Tout le monde ne va pas à la plage, et il se pourrait que les plus accros au sable aient quelques réticences devant le concept étonnant de plage dynamique, ce lieu plein de mouvement et vide de serviettes alors qu'on interdit ailleurs de trop bouger, même solitaire, y compris dans des parcs urbains.
 
Donc, une balade dans l'Aubrac pour se dérouiller les jambes, pour quitter la maison où nous sommes coincés depuis cinq mois par les fautes successives d'Achille puis du confinement. Le premier accepte de travailler même s'il peut y mettre parfois de la mauvaise volonté ; le deuxième semble nous proposer un début de répit. Les conditions sont réunies pour l'Aubrac. Enfin, l'Aubrac, c'est grand. Il s'agit pour le moment d'un lieu au sud-est du Cantal, à l'ouest de Saint-Chély d'Apcher qui est dans la Lozère.
 
Distanciation sociale devant un magasin à Chaudes Aigues
Nous sommes à une frontière marquée ici par le Bès dont les gorges nous font marcher. Un sentier de petite randonnée nous guide dans la pente boisée. Il y a le bruit de l'eau, l'ombre des frondaisons, la marche sur les feuilles sèches qui ont tenu jusque là, les fleurs en nombre et le panorama quand on quitte les arbres. A gauche d'abord, puis derrière nous, les eaux du Bès accumulées dans le barrage de Grandval. A droite, on surplombe les gorges. En face, la Lozère, le dernier pan du mur ruiné d'un château, une chapelle, des bâtiments agricoles, ensemble, esseulés, dans le vert clair des pâtures du plateau, au-dessus du vert soutenu du coteau.
 
C'est une région d'élevage laitier. De grandes fermes exploitent des étendues bien soignées, des vaches se gorgent dans l'herbe haute. A côté, un habitat dispersé desservi par une multitude de petites routes et des chemins à faire le bonheur des randonneurs, d'autant que des itinéraires sont balisés.
Ça tombe bien. Achille est de bonne humeur. Et puis nous trouvons un coin pour poser le fourgon : un parking tranquille un peu à l'écart de la petite route et du village de Marsanges, juste au dessus d'un site d'escalade. Nous sommes logés pour la soirée et la nuit. Certains moments doivent être plus animés ici : le site d'escalade est bien soigné et doit donc être fréquenté ; le four à pain de Marsanges est assez bien  entretenu pour pouvoir imaginer quelques fêtes locales.
 
Pas de fête particulière pour nous mais une bonne nuit et un petit déjeuner à rallonge au soleil du mardi matin. Et la route de Nasbinals puis la montée vers le col de Bonnecombe nous prendront le reste de la matinée. Nous avons apprécié la route et ces hauts plateaux de l'Aubrac colonisés par des vaches tellement sûres d'elles qu'elles restent couchées, peinardes, gavées par la richesse des pâtures. Ce n'est pas fréquent d'apercevoir de l'Aubrac debout.
 
 
Il y a le moment de la transhumance. Elle est en cours mais il n'est pas question de rassemblements ou de fête cette année. Les bêtes montent en camion et finissent à pattes, sans témoins. Comme elles ne sont pas toutes arrivées sur les hauteurs, nous pouvons nous perdre dans les hautes chaumes. Nous perdre, c'est un peu exagérer mais l'absence de chemins nous aura menés à bien des détours dans les herbes hautes, les gentianes, les narcisses, et puis les touffes de nards qui cachent ces cours d'eau que nous devrons contourner bien souvent.
 
Deux petits engins agricoles bizarres font de drôles de trajets dans les prés. Il s'agit de ramasseurs de fleurs, des narcisses qui seront distillés à Aumont d'Aubrac avant de partir à Grasse. La distillerie traite toutes sortes de produits et fait vivre à l'année une dizaine d'employés, et les narcisses si éphémères procurent un supplément de revenu aux paysans du coin. 
 
 
Merci au ramasseur qui nous a si aimablement renseignés sur le chemin du Mailhebiau. Enfin, le chemin... En réalité un trajet assez approximatif pour atteindre la discrète table d'orientation du sommet.
 
Nous repartons vers l'ouest et Laguiole qui se lamente à cause du manque de visiteurs et de la fermeture des restaurants. Et puis quelques détours par des petites routes dans un Aveyron plus vallonné où les grandes fermes sont peut-être moins nombreuses, avant de trouver un endroit pour nous cacher des humains mais pas des moustiques vers Montézic.
 
 
Dernier des trois jours de cette balade, avec un petit tour vers le château de Messilhac. On le repère de loin, de la route. Mais il fait suivre longtemps le chemin carrossable qui le dessert.
 
 
Il n'y a personne, les bâtiments sont seulement visible de l'extérieur, les corbeaux pas trop bruyants. C'est un bon endroit pour pique-niquer sous la surveillance de la tour qui en a vu bien d'autres.
 
 
Enfin, Salers, toute vide et abandonnée par les visiteurs. Ces vieilles bâtisses habituées des hommages, elles n'en reviennent pas de toute cette tranquillité. Les rares touristes eux-mêmes semblent égarés : tant de soleil et même pas une terrasse à fréquenter.
 
 

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