lundi 25 octobre 2021

Préparatifs

 


40 kilos de bagages en soute pour 4 personnes, c'est juste la règle sur Air Guyane., Plus 5 kilos en cabine par personne. Les hamacs, les moustiquaires, les duvets, les vêtements de jour, de nuit, et puis les sacs à dos pour randonner ainsi que les chaussures, la pharmacie, les affaires de toilette, tout est dans deux grosses touques et quelques sacs. On s'en sort mieux que Florent qui prévoit 40 kilos de bagages supplémentaires avec tout ce qu'il emmène à Minès.


Les touques, ces gros bidons étanches, c'est pour la pirogue. Il semble que ce soit un milieu humide voire renversable ou inondable. La randonnée, ce sera plus tard, lors de la montée à l'inselberg.


En attendant, nous en sommes à imaginer ce qui nous attend et tenter de nous équiper en suivant les recommandations de nos équipiers plus aguerris.
Florent nous a indiqué approximativement notre trajet vers le haut Maroni, dans cette région à la frontière du Surinam, du Brésil et de la Guyane. Une chouette balade : 3 ou 4 jours pour monter, 2 pour randonner, 3 pour redescendre, en principe.
Ce serait bien que la pluie se laisse oublier. Il pleut à peu près tous les jours alors que nous sommes sensés être en saison sèche. Ça va finir par mouiller le rhum.


vendredi 22 octobre 2021

Le marais de Kaw

 D'abord, ce n'est pas un marais, c'est une savane inondée, et ce n'est pas la même chose. En saison sèche, la terre émerge en grande étendue plane et herbeuse de chaque côté de la rivière de Kaw. On peut y marcher, des zébus pâturent à peu près librement, provenant de la seule ferme de la réserve de Kaw. Mais celà, nous ne le savons pas encore quand nous arrivons à Roura, une petite localité plutôt mignonne en bord de fleuve.


Roura, c'est une frontière : jusque là, la route est bonne, roulante. Et c'est à partir d'ici que le goudron se détériore, et pas qu'un peu. La moyenne en prend un coup, le Toyota aussi. Une piste serait moins cassante que ces trous dans le goudron.

C'est que nous sommes pressés. Il s'agit d'aller rendre une petite visite aux coqs de roche. Donc, on se gare sur le côté de la piste route, on se dépêche sur le chemin au milieu de la forêt sur un sol de roche et de racines, on file pour ne pas prendre de retard sur la suite de notre programme.

Au bout du sentier, une zone d'observation permet d'observer les oiseaux sans trop les déranger. Les repérer, c'est assez facile même pour moi qui ne suis franchement pas doué pour l'observation dans la nature : les mâles affichent leur robe orange sans complexe. Ils étaient un peu éloignés, j'ai préféré les observer que rater mes photos.

Ca s'est gâté à ce moment avec une averse qu'on pourrait qualifier de tropicale. Ce qu'on s'est pris sur la tête, le sac, les vêtements ! On est remontés à la voiture trempés. Et le sac à dos n'est pas étanche dans ces conditions. Je n'évoque pas les vêtements, pas la peine, ça revient à rester sous une douche bien soutenue pendant une bonne dizaine de minutes. Pas trop froide la douche, et de toutes manières on courait presque, mais on est restés humides longtemps, jusqu'à la douche du soir...


Fin de la pluie, arrivée à notre rendez-vous à l'embarcadère du marais de Kaw (d'accord, ce n'est pas un marais - mais je ne le savais pas encore !). Le gars est souriant, accueillant, d'autant plus accueillant qu'il nous propose des ponchos pour nous protéger des prochaines averses. On aurait pu y penser avant, on aurait pu aussi penser aux lampes frontales, mais voilà, notre réflexion s'est arrêtée à la glacière scientifiquement remplie dont le contenu s'avèrera judicieusement choisi. Si, si...

Nous serons une bonne dizaine durant cette balade en pirogue. Oui, ce n'est pas une barque, encore moins une plate, mais une pirogue. L'objectif est de faire passer l'embarcation et tous ses passagers (nous) de ce milieu-là à celui-ci :

Entretemps, le déplacement sera agrémenté par quelques beaux points de vue et la découverte d'une partie de la faune locale.

Mais je reprends depuis le début. Voici d'abord le village de Kaw : on n'y accède en pirogue, peut-être avec une piste praticable par les quads mais je n'en suis pas sûr.


On arrive par le canal jusqu'au port. Un superbe bâtiment est à peu près abandonné (non, en travaux depuis... longtemps), rendu aux guêpes qui colonisent une bonne partie des bâtiments.

Respect quant à la taille des bestioles ! Il y en a un peu partout, ça vrombit un peu. Je me suis fait piquer une seule fois, mais je crois que c'était un taon. Ce qu'il y a aussi, bien distribué un peu partout, c'est ça : 

un certain laisser aller quant à l'environnement. Dommage, le bourg a des allures de far west plutôt sympathique. Les gens ne souhaitent pas être photographiés, on les comprend. Ce qui ne les empêche pas de saluer quand on les croise, mais on ne croise pas grand monde : Kaw a gardé une trentaine d'habitants  seulement. Il y a une classe unique dont nous avons vu la récréation, une épicerie, un restaurant, une annexe de la mairie de Regina.

Au bout du bout, un groupe électrogène fournit l'électricité à la place de l'ancienne ferme solaire (eh oui !) qui n'a pas convaincu à l'usage. Entretenir un moteur s'avère plus facile à mettre en place que le nettoyage des panneaux.

Nous repartons vers le marais (non, ce n'est pas un...). Cette fois, l'objectif est de voir les habitants de la rivière de Kaw.  La pirogue avance bien sur la rivière large qu'on remonte.

La plaine est plate, large, bordée de montagnes couvertes de forêt primaire. La savane est à peu près sèche pour ce qu'on a pu en voir, herbeuse. Pendant la saison des pluies, le niveau d'eau aura augmenté d'1,5 mètre.

J'avais mon carnet devant moi (celui qui était trempé) et j'ai noté ce que disait notre guide. Ca fait plus d'une page de noms d'oiseaux, de plantes, parfois avec les appellations locales. Là, au dessus, une poule d'eau, déjà bien jolie comme ça mais surprenante avec ses ailes jaunes et son vol d'échassier, les deux pattes tirées en arrière.

Il faudrait les énumérer : urubu, balbuzard pêcheur, jacara, grande aigrette, martin pêcheur, doucherole à tête blanche, zozodiab (je mélange les langues), zozo serpent, cacique, tyran licteur, piai-pio (papiio ?)...


De toutes manières, je vais tout oublier !




Ceux-là, on les connait, ce sont des cormorans - en bande. Et dessous, les jacinthes d'eau et les maucou maucou qui bordent la rivière dans sa première partie.

Quand la savane est bien sèche, les gens du village les brûlent pour dégager l'espace et pouvoir, par exemple, disposer leurs filets.

Et, histoire d'étaler mes maigres connaissances avant leur oubli, voici les moutouchis, ces arbres dont les racines filent à l'horizontale s'appuient sur des contreforts très esthétiques.

La rivière s'est resserrée, l'environnement change assez brusquement. La pirogue remonte toujours le faible courant. Notre guide s'arrête souvent au gré des rencontres. C'est une balade vraiment sympa.


Nous nous arrêtons au carbet aménagé dans la forêt après trois heures de pirogue. Discussions dans le groupe, ti-punch, pique nique (bien la glacière !), et retour dans la nuit. Il s'agit maintenant de repérer des billes de lueurs formées par les yeux des animaux. En haut, un martin pêcheur bien flou, éclairé par une lampe frontale et toujours un peu endormi. Ci-dessous, un caïman (je crois que c'est un noir, un petit). Ils sont repérables d'assez loin avec les lumières mais leur approche n'est pas garantie : ils se laissent souvent couler  avant qu'on ait pu les voir réellement.


Un caïman à lunettes s'est laissé attraper bien gentiment. Gentiment... Il était bien calme mais je ne tenais pas vraiment à rester à portée de mâchoire.

Sept heures sur le marais (non, ce n'est pas...) avant notre retour au degrad de Kaw : le débarcadère ou le port suivant les cas, si j'ai bien compris, sont nommés dégrad, la rivière est une crique.


mercredi 20 octobre 2021

Confinement ( 2 )


Grève, port bloqué, nous voici à économiser le reste de carburant. Ces derniers jours ont été bien calmes, contrastant avec le début de notre séjour. Si c'est bon pour la planète, c'est peut-être plus risqué pour nous depuis que Nadine s'est lancée dans la pâtisserie. (Addiction : quand on essaie de terminer la part du jour pour obtenir quelque chose d'autre le lendemain tout en se disant que ce n'est pas raisonnable du tout mais en proposant quand même des pistes d'amélioration ou de nouvelles idées pour les pâtisseries).


Projet du jour pour Nadine entre deux pâtisseries : transformer une calebasse en deux objets, une saladier et un abat-jour. Paul-Henri et moi, nous trouvons une peu par hasard le courage de désherber une allée du jardin. Dix mètres de long, un de large, et une quantité phénoménale de déchets verts et de sueur sous le soleil de la fin de la matinée. Il n'y a pas que dans la forêt que ça pousse.


Une recette locale...

Il y a aussi la lecture, les bricolages, les petites balades dans le quartier ou sur la plage : le lieu où on se rencontre, où on peut échanger les derniers nouvelles ou un simple salut selon le degré de familiarité entre les présents.

Dernières nouvelles du mercredi soir, le blocage des dépôts de carburants semble levé. Et les stations services sont déjà assiégées alors que les cuves sont encore vides. On verra demain.


mardi 19 octobre 2021

C'est le bon moment

 ... pour un blocage.

Voici l'article de France-Guyane ici : https://www.franceguyane.fr/ 

DERNIERE MINUTE : la préfecture décide de la fermeture des stations-service jusqu’au mercredi 20 octobre
Une mesure prise pour permettre le maintien de l'activité des services de secours et de sécurité intérieure. - D.R.

 Sur arrêté préfectoral, les stations-service de Guyane seront fermées deux jours durant, jusqu'au mercredi 20 octobre. 

 Depuis ce lundi matin, le blocage de la société anonyme de la raffinerie des Antilles entraîne un afflux important d’usagers de la route désireux de faire le plein, présageant une pénurie de carburants. Peu après 13h, le préfet a tranché : les stations-services vont être fermées dès aujourd’hui par arrêté préfectoral, et ce jusqu’au mercredi 20 octobre. A cette date, les usagers de la route auront la possibilité de renflouer leur réservoir avec une quantité limitée de carburant à la vente, soit 10 litres par véhicule. « Cette mesure vise à permettre le maintien de l’activité des services de secours et de sécurité intérieure » explique la préfecture par voie de communiqué.
Bon, on a 1/3 de réservoir dans la voiture. L'activité des prochains jours va être un peu ralentie.
En gros : 
  • lundi matin, les militants de la caravane des libertés, antivax et antipass, ont bloqué le dépôt de carburants de Cayenne.
  • ces militants de la caravane des libertés soutiennent 4 de leurs membres qui ont incendié (un incendie réel ? mis le feu à des palettes ?) la façade d'un bâtiment et ont été condamnés
  • le mouvement est soutenu par l'UGT, union des travailleurs guyanais, affiliée à la CGT quand ça l'arrange, indépendante quand ça lui va mieux.

Hier matin, lundi, les files d'attente aux stations services ont asséché les cuves. Il faut désormais attendre mercredi pour pouvoir récupérer 10 litres de carburant. Il va falloir investir dans la bibliothèque, d'abord pour les temps d'attente aux stations.


Ah, la vie n'est pas toujours simple, obligés de subir cette vue depuis la fenêtre de notre chambre. Remarquer qu'on nous a promis la Guyane en saison sèche et que le temps est tout à fait couvert. Ca ne va pas du tout. Je me recouche :





dimanche 17 octobre 2021

Confinement

 Eh oui, il faut quand même être un peu bête pour aller se fourrer dans un coin confiné. On en sort après l'avoir subi - en métropole. On y est en plein dans les Antilles et en Guyane où le virus et ses variants circulent de manière très active.


La Guyane est globalement séparée en trois zones : 

  • Cayenne et Saint-Laurent du Maroni sont en zone orange : on confine sévère dans ces  régions qui sont celles dont la densité d'habitants est la plus élevée.
  • La plupart de la Guyane est en zone verte où le passe sanitaire devrait être mis en place rapidement. Les mesures de confinement sont déjà moins strictes.
  • Enfin, une zone bleue, proche du Brésil, est libre de la plupart des restrictions. 

Donc aujourd'hui, dimanche, ce matin c'était plomberie. Confinement total depuis samedi soir jusqu'à lundi matin. Une heure de sortie promenade seulement. Alors, nous avons plongé sous l'évier de la salle de bains, sous le lavabo, bricoler un peu.

L'idée était de déplacer le filtre à eau de la salle de bains à la cuisine où il aurait davantage sa place. Il nous manque encore une pièce : l'installation a avorté.



Ce n'est pas que l'incident soit remarquable en soi. Mais il montre - je crois - certains éléments de la vie à Cayenne. Celui de la qualité de l'eau, très chlorée. C'est compréhensible avec une eau qui sort du robinet à 25 degrés. On devrait ajouter aussi l'alarme de la maison. Ca n'a pas loupé, je l'ai déclenchée un matin en ouvrant les persiennes sans appuyer sur le bouton de mise hors service. Un bon moyen pour réveiller tout le monde à six heures.


Parce qu'on se lève tôt ici. Il fait encore frais le matin et on en profite le plus longtemps possible. Les débuts d'après-midi sont trop chauds pour sortir. J'en profite pour parfaire un entrainement méthodique à la fréquentation du hamac. Ce n'est pas donné à n'importe qui de savoir dormir dans un hamac. J'ai encore une semaine pour parfaire la technique à raison d'une sieste par jour.


Un petit tour en ville, côté vitrine(s)

 D'abord une carte de la Guyane. J'ai pris celle du couvre-feu, c'est représentatif, je crois, à la fois des superficies et des populations : 


Et pour ce qui est du tour en ville, eh bien c'est assez rapide. Pas désagréable, c'est simplement que j'ai un peu de peine à qualifier ce que j'ai ressenti pendant notre tour. Alors, je mets quelques photos. Ici, depuis le fort du bout de l'île de Cayenne. Une île parce que logée dans une pointe entre deux cours d'eau.
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C'est chouette comme place. Les palmiers, les bâtiments officiels, l'herbe bien tondue, tout est propre et aéré et le lieu se nomme Place des Palmistes. Un petit cinéma, un complexe dédié super productions est en "banlieue".


Les rues commerçantes du centre ville : c'est bien calme, encore un effet du confinement ? Beaucoup de boutiques dont les Chinois, très bien achalandés.


Boutiques ouvertes, musée fermé.


Le musée : il a fermé pour rénovation. Il est rouvert depuis juillet, mais pas au moment de notre balade.


Les maisons sont quand même superbes, non ? Il faut dire que nous sommes dans le beau quartier du centre ville.


Prix Nobel de littérature 1921 : Cayenne célèbre un enfant du pays (ou presque). En 2021, cent ans après, c'est le tanzanien Abdulrazak Gurnah qui est distingué.


Presque l'impression d'une fôte ! Extractions me plait plus mieux.


L'ambiance est détendue, les gens se baladent, font leurs courses. Tout le monde se côtoie paisiblement. La voirie est un peu fatiguée, ce n'est pas toujours très propre. Les maisons créoles sont mises en valeur. Il semble qu'une politique active menée il y a quelques années ait permis à des propriétaires de rénover dans de bonnes conditions.


Il existe d'autres Cayenne. Les guides touristiques évoquent le quartier de la Crique, vers le canal. Nous y sommes passés. L'environnement est totalement différent de celui évoqué par les photos du dessus; Ca ruine davantage, les rues sont moins lisses, les trottoirs plus bancals, les habitants vivent davantage à l'extérieur, c'est du moins l'impression que j'ai eue - peut-être avec davantage de convivialité ? 

Une peu plus loin, un bidonville, tout proche de la piscine (superbe la piscine, elle est aux dimensions olympiques, refaite depuis peu). Mais enfin, je me perds encore un peu, circulant toujours guidé par Paul Henri, alors les distances entre les quartiers me dépassent encore parfois.