vendredi 22 octobre 2021

Le marais de Kaw

 D'abord, ce n'est pas un marais, c'est une savane inondée, et ce n'est pas la même chose. En saison sèche, la terre émerge en grande étendue plane et herbeuse de chaque côté de la rivière de Kaw. On peut y marcher, des zébus pâturent à peu près librement, provenant de la seule ferme de la réserve de Kaw. Mais celà, nous ne le savons pas encore quand nous arrivons à Roura, une petite localité plutôt mignonne en bord de fleuve.


Roura, c'est une frontière : jusque là, la route est bonne, roulante. Et c'est à partir d'ici que le goudron se détériore, et pas qu'un peu. La moyenne en prend un coup, le Toyota aussi. Une piste serait moins cassante que ces trous dans le goudron.

C'est que nous sommes pressés. Il s'agit d'aller rendre une petite visite aux coqs de roche. Donc, on se gare sur le côté de la piste route, on se dépêche sur le chemin au milieu de la forêt sur un sol de roche et de racines, on file pour ne pas prendre de retard sur la suite de notre programme.

Au bout du sentier, une zone d'observation permet d'observer les oiseaux sans trop les déranger. Les repérer, c'est assez facile même pour moi qui ne suis franchement pas doué pour l'observation dans la nature : les mâles affichent leur robe orange sans complexe. Ils étaient un peu éloignés, j'ai préféré les observer que rater mes photos.

Ca s'est gâté à ce moment avec une averse qu'on pourrait qualifier de tropicale. Ce qu'on s'est pris sur la tête, le sac, les vêtements ! On est remontés à la voiture trempés. Et le sac à dos n'est pas étanche dans ces conditions. Je n'évoque pas les vêtements, pas la peine, ça revient à rester sous une douche bien soutenue pendant une bonne dizaine de minutes. Pas trop froide la douche, et de toutes manières on courait presque, mais on est restés humides longtemps, jusqu'à la douche du soir...


Fin de la pluie, arrivée à notre rendez-vous à l'embarcadère du marais de Kaw (d'accord, ce n'est pas un marais - mais je ne le savais pas encore !). Le gars est souriant, accueillant, d'autant plus accueillant qu'il nous propose des ponchos pour nous protéger des prochaines averses. On aurait pu y penser avant, on aurait pu aussi penser aux lampes frontales, mais voilà, notre réflexion s'est arrêtée à la glacière scientifiquement remplie dont le contenu s'avèrera judicieusement choisi. Si, si...

Nous serons une bonne dizaine durant cette balade en pirogue. Oui, ce n'est pas une barque, encore moins une plate, mais une pirogue. L'objectif est de faire passer l'embarcation et tous ses passagers (nous) de ce milieu-là à celui-ci :

Entretemps, le déplacement sera agrémenté par quelques beaux points de vue et la découverte d'une partie de la faune locale.

Mais je reprends depuis le début. Voici d'abord le village de Kaw : on n'y accède en pirogue, peut-être avec une piste praticable par les quads mais je n'en suis pas sûr.


On arrive par le canal jusqu'au port. Un superbe bâtiment est à peu près abandonné (non, en travaux depuis... longtemps), rendu aux guêpes qui colonisent une bonne partie des bâtiments.

Respect quant à la taille des bestioles ! Il y en a un peu partout, ça vrombit un peu. Je me suis fait piquer une seule fois, mais je crois que c'était un taon. Ce qu'il y a aussi, bien distribué un peu partout, c'est ça : 

un certain laisser aller quant à l'environnement. Dommage, le bourg a des allures de far west plutôt sympathique. Les gens ne souhaitent pas être photographiés, on les comprend. Ce qui ne les empêche pas de saluer quand on les croise, mais on ne croise pas grand monde : Kaw a gardé une trentaine d'habitants  seulement. Il y a une classe unique dont nous avons vu la récréation, une épicerie, un restaurant, une annexe de la mairie de Regina.

Au bout du bout, un groupe électrogène fournit l'électricité à la place de l'ancienne ferme solaire (eh oui !) qui n'a pas convaincu à l'usage. Entretenir un moteur s'avère plus facile à mettre en place que le nettoyage des panneaux.

Nous repartons vers le marais (non, ce n'est pas un...). Cette fois, l'objectif est de voir les habitants de la rivière de Kaw.  La pirogue avance bien sur la rivière large qu'on remonte.

La plaine est plate, large, bordée de montagnes couvertes de forêt primaire. La savane est à peu près sèche pour ce qu'on a pu en voir, herbeuse. Pendant la saison des pluies, le niveau d'eau aura augmenté d'1,5 mètre.

J'avais mon carnet devant moi (celui qui était trempé) et j'ai noté ce que disait notre guide. Ca fait plus d'une page de noms d'oiseaux, de plantes, parfois avec les appellations locales. Là, au dessus, une poule d'eau, déjà bien jolie comme ça mais surprenante avec ses ailes jaunes et son vol d'échassier, les deux pattes tirées en arrière.

Il faudrait les énumérer : urubu, balbuzard pêcheur, jacara, grande aigrette, martin pêcheur, doucherole à tête blanche, zozodiab (je mélange les langues), zozo serpent, cacique, tyran licteur, piai-pio (papiio ?)...


De toutes manières, je vais tout oublier !




Ceux-là, on les connait, ce sont des cormorans - en bande. Et dessous, les jacinthes d'eau et les maucou maucou qui bordent la rivière dans sa première partie.

Quand la savane est bien sèche, les gens du village les brûlent pour dégager l'espace et pouvoir, par exemple, disposer leurs filets.

Et, histoire d'étaler mes maigres connaissances avant leur oubli, voici les moutouchis, ces arbres dont les racines filent à l'horizontale s'appuient sur des contreforts très esthétiques.

La rivière s'est resserrée, l'environnement change assez brusquement. La pirogue remonte toujours le faible courant. Notre guide s'arrête souvent au gré des rencontres. C'est une balade vraiment sympa.


Nous nous arrêtons au carbet aménagé dans la forêt après trois heures de pirogue. Discussions dans le groupe, ti-punch, pique nique (bien la glacière !), et retour dans la nuit. Il s'agit maintenant de repérer des billes de lueurs formées par les yeux des animaux. En haut, un martin pêcheur bien flou, éclairé par une lampe frontale et toujours un peu endormi. Ci-dessous, un caïman (je crois que c'est un noir, un petit). Ils sont repérables d'assez loin avec les lumières mais leur approche n'est pas garantie : ils se laissent souvent couler  avant qu'on ait pu les voir réellement.


Un caïman à lunettes s'est laissé attraper bien gentiment. Gentiment... Il était bien calme mais je ne tenais pas vraiment à rester à portée de mâchoire.

Sept heures sur le marais (non, ce n'est pas...) avant notre retour au degrad de Kaw : le débarcadère ou le port suivant les cas, si j'ai bien compris, sont nommés dégrad, la rivière est une crique.


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