vendredi 15 octobre 2021

Cayenne


On entend la mer au loin, une houle qui bat méthodiquement sur la plage à marée haute, un bruit de fond qu'on pourrait ne pas remarquer derrière les grenouilles, les insectes et quelques oiseaux qui forment un fond sonore dans lequel je ne sais vraiment distinguer que le cri du coq. Il n'est pas encore cinq heures, il commence tôt le bougre.

Ca doit bien faire deux heures que j'écoute les bruits de la nuit depuis notre moustiquaire. Je profite de la fraîcheur de la nuit, du calme. Je ne peux pas dormir. C'est le moment d'en profiter pour tenter d'écrire un peu : je n'ai pas pris le temps d'écrire, de poser des photos. Nous avons passé notre première journée, hier, à explorer un peu les environs en balades ensoleillées.

Du coup, je n'ai pas eu le temps de raconter la fin du vol vers Cayenne et la superbe collation qu'on nous a servie, les files d'attente entre police des frontières et attente des bagages, l'accueil de Paul Henri et la route dans le noir.

Pas eu le temps de dire la fatigue, bien sûr, et le ti-punch qu'il fallait prolonger très tard pour se coucher très tard et tenter de surmonter le plus rapidement possible le décalage horaire. Merci le rhum, merci les discussions, mais grosse fatigue en se couchant !

C'est seulement le matin que nous avons découvert le lotissement tranquille, les rues à angles droits, les peintures et les matériaux qui fatiguent vite sous le climat tropical, la plage à 500 mètres. Et la maison d'influence créole où nous habitons, le genre à courant d'air avec des persiennes à claire voie à l'étage où les fenêtres sont absentes. De l'air, il faut que l'air circule dans la chaleur ambiante.

Alors, les balades, c'est d'abord la plage le matin, à 500 mètres. C'était marée basse. Les vagues battaient au loin, devant les hauts fonds de la vase qui envahit le littoral. Paul-Henri nous explique que la morphologie de la plage évolue, plus de sable, moins de sable et la vase, la mangrove disparait parfois, se reconstitue à partir de ces brindilles verticales qui deviendront des palétuviers, ou non. Un peu plus loin, le processus est plus avancé, formant déjà un bosquet bas sur l'eau.

Les îles de Madame, Monsieur, le Malingre au large - je commence déjà à aimer la manière de nommer ici. Les cocotiers, les salines où la mangrove est développée parce que hors d'atteinte des vagues, un milieu d'ombres, de racines aériennes, de vase où on se surprend à chercher un caïman. La sirène d'une  ambulance au loin surprend, trop familière dans ce décor. Il fait chaud quand nous sommes à l'abri du vent du large.

Le confinement : notre tour en voiture à Cayenne est en dehors des règles. Il fallait le faire : revenir chercher un confinement après l'avoir vécu chez nous. Les sentiments antivax sont bien développés ici et on meurt encore beaucoup dans des services de réanimation débordés, Cayenne est en zone rouge. Il parait que la zone frontalière avec le Brésil où on craignait une contamination forte, eh bien cette zone n'est absolument pas sous tension après avoir fait l'objet de campagnes de vaccination massives - et acceptées par la population, sans doute : le Brésil proche devait motiver.

Cayenne, nous avons eu la vision trop rapide d'un bourg aux maisons basses (parfois des maisons créoles), des rues trop étroites pour la circulation, les bâtiments  administratifs un peu partout, moins nombreux que les magasins. J'aimerais m'y balader à pied. Plus tard.

Là, nous partons sur le chemin du littoral, pour marcher entre côte et forêt, dans la forêt, sous les arbres, les bambous, toute cette végétation qui pousse, grouille, bruisse. Nous tentons de retenir des noms, les oublions trop vite : il reste quand même le bois canon.

Ca y est, cet arbre qui pousse tout droit avant des branches aux fourches confortables, je l'aurai mémorisé à la balade du soir, deux heures de marche sur la colline de Rotoro avant le crépuscule, deux heures de marche dans la forêt. L'endroit est prisé des coureurs, des marcheurs qui font la boucle comme nous ou cherchent à repérer les paresseux qui affectionnent les bois canon. Nous sommes chanceux : quelques paresseux et... un serpent quasiment sous nos pieds. Plus la végétation tropicale, l'eau qui court dans l'ombre, la vue sur la côte. Comment pourrais-je trouver le temps d'écrire ?

D'autant plus qu'il faut revenir pour le couvre feu, mais non, pas tout de suite parce qu'on va chercher des roties à Cayenne, des galettes qu'on mange avec un colombo de poulet parfaitement épicé. C'est bien bon. Dîner, discussions avec Myriam et Annie, deux enseignantes nouvellement arrivées ici, en découverte de leur nouveau milieu professionnel, assez différent de l'hexagone. Elles nous racontent les bambins de maternelle qui arrivent à l'école en autocar, la construction de classes à la dernière minute pour accueillir une population supplémentaire... C'est à Cayenne et ses environs que se concentre la population du département, un mouvement qui se repère dans les constructions nouvelles et les embouteillages.

Paysages...









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