dimanche 28 juin 2020

Cargèse


Nous ne sommes pas au port mais dans un mouillage voisin, devant la plage. On aurait pu aller au port. Il y a la place, c'est très calme. La saison n'a pas encore démarré après le confinement. Peut-être les gens sont-ils allés ailleurs, dans un endroit qui leur aurait semblé plus sécurisé par rapport au Covid, plus facile à programmer à l'avance ?


En tout cas, la cité de Cargèse est endormie sous une bonne chaleur d'après-midi. Les terrasses ne retrouveront leurs client que vers 18 heures - et ce n'est pas la foule.


Cargèse a un passé de ville grecque fondée pour des chrétiens exilés et - donc - une église catholique grecque. En réalité deux églises : l'église catholique latine et l'église catholique grecque se font face, toutes deux remarquables. Il semble qu'elles aient même partagé leurs prédicateurs en les nommant différemment.


L'architecture est différente, l'intérieur n'a pas les mêmes décorations. La dernière  fois que nous sommes passés ici, des gens prenaient le frais sur le parvis en groupe. Personne à part une famille de trois touristes en balade.


Et puis nos voisins bateleurs rencontrés par hasard au coin d'une rue. Ce sera un plaisir de partager un peu de rosé ce soir.


Ce soir... avant la houle qui ne nous lâchera pas de la nuit. Pas facile de dormir dans ce balancement.
Pour compenser, l'étape sera facile : mer calme et un petit vent qui nous mène gentiment vers les Sanguinaires, à l'entrée du golfe d'Ajaccio. Nous ne battrons pas des records de vitesse, non, mais une journée de navigation sans le moteur et sans toucher la barre grâce au pilote automatique, c'est agréable. Le mouillage des Sanguinaires a cette particularité de subir un renforcement des vents dû au relief. C'est la deuxième fois que nous y venons et c'est la deuxième fois que nous sommes dans les courants d'air. Heureusement pour nous, les vedettes qui mènent les touristes visiter les îles semblent en pause et nous ne ballottons pas au gré de leurs allées et venues comme la dernière fois.

samedi 27 juin 2020

L'anse de Tuara et le mouillage organisé de Girolata


Nous sommes à mi chemin entre Calvi et Ajaccio, à l'entrée du golfe de Porto. L'arrivée du large, c'est une vue exceptionnelle sur les montagnes de la région découpées en ombres chinoises sur plusieurs plans. Plus près, les caps rocheux occupent davantage le panorama, rocailleux et arides, souvent surmontés d'une tour de guet génoise et précédés de quelques rochers à fleur d'eau. Cet ouest corse ne doit pas rigoler tous les jours avec le temps qu'il fait.


Le golfe de Porto est très ouvert sur le large avec la ville tout au fond que nous ne distinguerons pas : nous nous dirigeons au fond d'une grande baie du nord bordée de parois abruptes couvertes de maquis.  Cette odeur lourde, épicée, c'est lui, le maquis, avec une variété de plantes dont je n'ai pas idée mais que je sens depuis la mer.


A gauche, une tour, mieux qu'une tour, un fort, et en réfection avec des murs tout blancs un peu choquants : c'est la Girolata avec son mouillage organisé, donc cher. On y trouve aussi des résidences secondaires, des restaurants en nombre, des débarcadères pour les bateaux qui amènent les visiteurs depuis Porto, quelques résidents permanents qui doivent trouver que c'était bien plus tranquille avant. La Girolata, c'est magnifique mais tout le monde le sait. Heureusement, ce n'est pas encore la saison.
De toutes manières, notre destination est à côté, dans l'anse de Tuara. Plus sauvage, plus préservée plus ouverte, ce n'est qu'un mouillage de beau temps et il faudrait vite en partir si les conditions étaient mauvaises.


Là, le temps est calme, l'endroit est très beau, la plage accueille notre annexe et nous pouvons faire quelques balades autour par des chemins de randonnée caillouteux, poussiéreux, caniculaires, entravés par des racines tortueuses qui peinent à se faire leur place entre les rochers, le rêve.


Il faut vivre ce passage dans quelques zones d'ombre, la fraîcheur soudaine, le soudain confort de pouvoir déplisser les paupières. Il fait trente degrés. quelques vaches maigres et sombres arrachent leur pitance dans les buissons autour sans crainte de la pente.


Elles vivent en compagnie de lézards... nombreux, de cochons sauvages, de chèvres aussi. On les retrouve parfois sur la plage. L'endroit n'étant parcouru que de sentiers, on croise des randonneurs ou des membres de l'équipage d'un bateau. La foule, c'est pour la Girolata.


Ah ! C'est là que nous nous baignons pour la première fois. L'évènement d'importante très limitée montre toutefois que la température de l'eau est montée.



jeudi 25 juin 2020

AIS

Les navires pro et de nombreux bateaux de plaisance transmettent en permanence leur position et leurs mouvements par le biais de ce système. Nous sommes maintenant équipés d'un récepteur qui permet de recevoir ces informations.


C'est un équipement qui change la vie pendant les navigations. Notre veille depuis le cockpit à nous interroger sur les trajectoires des bateaux à l'horizon en est bien facilitée.


Et pourtant notre installation tient du bricolage :
- la position est donnée par un vieux téléphone portable rangé dans l'entrée
- la VHF capte les signaux AIS des navires et les retransmet à l'ordinateur qui les affiche sur une carte à l'écran
- ces deux infos sont récupérées par un petit ordinateur qui les affiche sur une carte à l'écran.

Le point rouge au milieu de la traversée, c'est nous !

Et ça fonctionne à peu près. Nous avons pu passer la nuit à l'intérieur avec l’œil sur l'écran,  ne sortant pour un tour d'horizon que toutes les 10 minutes pendant notre traversée sur la Corse.

Et c'est l'arrivée.


mercredi 24 juin 2020

Météo France

Météo France, c'est un service public. C'est LE service public français consacré à la météorologie, les prévisions, avec des développements spécialisés vers la montagne ou la mer.

Pour la mer, Météo France est intégré dans un vaste système mondial fournissant les prévisions météorologiques pour les marins, les secours et tous les usagers en mer. C'est du sérieux.
La météo, les plaisanciers la captent sur une radio, la lisent sur un récepteur spécialisé ou sur une application fournie par Météo France elle même.

Il y a déjà quelques années, on pouvait écouter le bulletin marine de Météo France sur France Inter avec un simple récepteur radio grandes ondes. J'ai connu des auditeurs qui n'avaient aucun contact particulier avec la mer et écoutaient avec plaisir Marie-Pierre Planchon égrener les zones et les détails du temps qui allait régner dans des coins où ils n'avaient aucune intention d'aller naviguer. Je n'ai connu personne qui se soit plaint d'une utilisation abusive du temps d'émission de France-Inter.
La diction en est devenue de plus en plus rapide, jusqu'à ce que la diffusion elle-même en soit stoppée. Il n'y a plus de bulletin météo pour la marine sur France-Inter. Il était facile à capter, régulier, renseignait sur les conditions générales, il n'existe plus.

A la place, il fallait un récepteur spécialisé. Il en existait exploitant plusieurs techniques ; la BLU, la VHF, les ondes courtes, les fac similés, le répondeur téléphonique. Evidemment,il fallait se payer ce nouveau matériel et c'était souvent moins facile à utiliser.

Déjà, des sociétés privées exploitaient ces moyens de communication en fournissant des prévisions correctes. Elles aussi ont développé des applications. On n'y trouve pas, comme maintenant sur celle de Météo France, une publicité en plein écran au lancement, juste pour consommer malgré nous de la bande passante. On n'y trouve pas, en clair, les limitations horaires de Météo France.

Parce que la prévision du service public, créée par des humains, est soumise à un horaire de parution alors que ses concurrents sont basés sur le flux apparemment continu des calculs fournis par des serveurs. Redisons-le, le service officiel, c'est celui qui est basé sur une prévision réfléchie par des humains et fourni par un service public gratuit. Ouf ! ça n'enlève absolument rien aux qualités des autres services, privés ceux-là, que j'exploite aussi, surtout parce qu'ils sont plus précis en ce qui concerne les zones. Et puis, ils permettent de croiser les sources d'informations.

Et le service public, je le sens s'étioler : des bulletins qui ne paraissent plus qu'une fois par jour au lieu de deux, des bulletins souvent tardifs, et, depuis cette année, des bulletins incomplets ! Du genre prévision à 7 jours qui n'aborde pas les QUATRE derniers.

On s'étonne de voir des plaisanciers se tourner vers des prévisions automatiques, voire des gribs : des fichiers graphiques détaillant les conditions prévues sur place mais que nous n'avons pas toujours les capacités d'analyser complètement. Ces traitements automatiques qui devraient être complémentaires vont devenir nos sources principales d'information météorologique, sans l'apport quotidien d'un météorologue capable d'anticiper un phénomène exceptionnel, par exemple.

Un jour, le fonctionnaire aura perdu son boulot et le marin l'accès raisonné aux progrès fantastiques réalisés par les météorologues durant les deux dernières décennies. Qui aura gagné quelque chose à cette lente dégradation de la situation ?

mardi 23 juin 2020

Port Man


Une échancrure dans la côte nord de l'île de Port-Cros, une échancrure connue des nombreux bateaux qui la fréquentent. Ils viennent ici pour pique-niquer, pour passer un moment de la journée (après tout, on est à portée de pneumatique des ports du continent), ou pour la nuit - et tout ce monde se croise, laboure les fonds, se baigne, se balade ou fait la fête au soleil.

Au fond, une maison accueille des estivants isolés. Au plus proche, une forteresse et puis c'est tout. Il faut aller au village de l'autre côté de l'île ou revenir vers les ports pour faire les courses ou voir du monde

Sans doute les locataires préféreraient-ils être seuls ici dans une ambiance de bout du monde, sans tous ces bateaux devant leurs fenêtres ?

Porquerolles



En mai 2019, l'île était fleurie et tranquille. En juin, déconfinée, elle est déjà sèche, touristique, cycliste sur les chemins, occupée sur les plages et les mouillages. Étonnant comme l'été vient vite quand tu passes du relatif mauvais temps bricoleur à la glande estivale et partagée.

C'est l'été.

Et, sur la photo, ce n'est pas Porquerolles mais les îles vers Marseille parce que ma connexion est trop mauvaise pour envoyer des images.

lundi 22 juin 2020

La Capte

Porquerolles depuis le mouillage de La Capte

La Capte, c'est entre Hyères, Porquerolles et la presqu'île de Giens, un endroit encore assez sympa. Des maisons dans le bourg près de la rue commerçante, une place de village, un port d'embarcations et puis, un peu plus loin, dans les rues plus ou moins ombragées par des pins préservés, des maisons de moins en moins dépareillées.

Quand nous avons découvert ce bourg, il y a maintenant longtemps, il donnait encore l'impression d'être composé d'un vieux bourg tranquille et de cabanons ou des pavillons modestes occupés par des employés de la région proche, peut-être de la ville d'Hyères. C'était bien sûr une impression mais tout respirait la détente derrière quelques palissades peu étanches. Il y avait aussi une plage assez étroite où toute une population se partageait sans façons l'espace. Quelques boutiques pour les touristes, quelques hôtels et un nouveau quartier au sud avec des hébergements plus ambitieux.

L'ambiance a changé : s'il reste les parties de pétanque, les cabanons ont trop souvent été reconstruits et leurs nouveaux propriétaires ont des moyens qui se remarquent davantage, les voitures dans les allées sont montées en gamme, les boutiques se modernisent, les gens viennent faire la fête dans des boîtes d'où s'échappent des basses qui s'entendent trop bien sur l'eau - ce n'est pas le cas cette année.
Ce dimanche de juin, il y a du monde sur la plage, pas trop sur les terrasses. Personne ne porte de masque. Il semble que le virus n'existe que dans les réflexions de quelques mécontents de la promiscuité sur la plage.


dimanche 21 juin 2020

Premier matin


Sept heures et demie à La Capte... Le mouillage est encore très tranquille. Pas de bruit, la mer est plate et le soleil déjà au boulot, un petit vent de nord oriente les bateaux dans le bon sens. Nous sommes en vacances.

C'était plus sportif hier soir au moment du mouillage : il y avait du monde dans la rade d'Hyères pour profiter du samedi et du vent pour faire avancer les voiliers. Le vent, on en a profité toute la journée avec le génois tout seul pour avancer et une mer assez agitée pour nous tenir à la barre en permanence sans chercher à utiliser le pilote automatique.


Notre GPS nous a affirmé avoir mesuré régulièrement des pointes à plus de 8 nœuds sur la crête de vagues, on a même repéré un affichage à 9,2 mais il ne faut pas croire ce GPS qui cherchait sans doute à nous faire plaisir. Une moyenne calculée à l'arrivée évoquait plutôt 5,3 nœuds pendant 13 heures de route dont 2 heures au moteur à petite allure dans le chenal de Martigues et à l'arrivée au mouillage. Pas mal du tout pour notre boîte de conserve de plus de 7,5 tonnes, mais l'ambiance était animée.


vendredi 19 juin 2020

Mise à l'eau


Il y en a qui croient...

Il y en a qui croient que la plaisance, c'est du repos, du farniente, de la glande et un peu de sport quand on le souhaite.


Une semaine et demie que ça dure. On gratte, on peint, on fait de la menuiserie, de la couture, on teste, on installe, on prépare.. Les journées sont remplies.


Pendant le chantier, c'est le fourgon qui sert de chambre. Ca permet de désynchroniser les levers, de faire un peu de bruit le matin, de laisser un chantier en plan.

La nouvelle radio nous a occupés plus de deux jours. Entre électronique et informatique, dans le domaine de l'à peu près et des hypothèses, le temps est vite perdu. L'enjeu est de relier ensemble un radio (VHF), un positionneur par satellites (GPS), un grand écran avec des cartes marines (un ordi).
- la VHF bas de gamme n'a pas de prise ad hoc. Il faut souder... Mais quoi ?
- notre vieux GPS était tout trouvé. Las, il est trop vieux et son signal n'est pas compatible. C'était trop simple.
- alors, on a relié la VHF au PC ; il a fallu tester, chercher... Et ce PC, on l'a relié par Bluetooth à un vieux smartphone qui sert à capter le signal GPS.
Ca fonctionne un peu, sans vraiment de fiabilité : le signal se perd au bout d'un moment. C'est soit la VHF qui ne capte plus le GPS, soit le PC qui n'entend plus la VHF, quand le smartphone ne plante pas.

Bricoles...


Et aujourd'hui, les choses sérieuses commencent.

Il y en a qui croient que la plaisance, c'est cool... 
Quand on a travaillé sur le moteur, refait l'échappement, bidouillé les entrées d'eau du refroidissement, on se demande où sera la prochaine fuite lors de la mise à l'eau. Alors, on stresse. Comment ça va se passer ? 

Y aura-t-il seulement une place de libre dans la darse de mise à l'eau ?
C'est un portique à roues qui vient suspendre le bateau à ses sangles pour l'amener jusqu'à la mise à l'eau. Après, un petit bassin nous accueille pour les derniers bricolages indispensables avant le départ. Ce bassin m'a eu l'air bien plein. J'espère qu'une place se libérera d'ici notre venue.



Il y en a qui croient que la plaisance, c'est tranquille...



vendredi 12 juin 2020

Déconfinement progressif

Il faut s'y prendre avec méthode. On lave et ça s'écaille par plaques ; on gratte et ça part ; on décape et on n'a  plus qu'à repeindre. C'est le moment des retrouvailles bateleuses et actives.


Après un confinement hivernal et un abandon de l'entretien du bateau, il nous reste du boulot pour remettre à l'eau.


Quelques couches plus tard, un peu de sable à noyer sous la peinture et l'aspect (re)devient présentable.


Il reste à s'occuper du moteur, de la coque, des voiles, du matériel électronique, de quelques apéros amis. Il faut laisser passer un épisode météo désagréable bien que cévenol. Et nous serons bientôt à l'eau, en principe mardi, si le temps le veut bien.

samedi 6 juin 2020

Coronapente glissante 16

Hydro
Hydroxy
Hydroxychloro
Hydroxychloroquine  (je crois)
Comment ça pourrait être simple avec un nom pareil ?


Va le prononcer, à l'aise, le coude sur un comptoir ou sur le coin de la salle à manger, devant toute ta foule en délire ! Allez, suivant ton alcoolémie, ta fatigue, les jolis yeux qui te regardent, tu as plus d'une chance sur deux de te planter avant d'avoir articulé correctement la troisième syllabe. A tous les coups, ce "xy" va manquer et tu vas t'en apercevoir, et ça va t'embrouiller davantage et tu auras la haine.

Pas étonnant que l'hydro-machine, tout le monde veuille sa peau ! Pas chère, ancienne, prévue pour le palu (l'Afrique !), imprononçable, elle ne peut évidemment pas nous convenir. 

J'exagère : il y en a qui sont pour. Les fans de la première heure, Raoult par exemple. Mais on en préférerait un qui porte une cravate et soit plus présentable. Il y en a - aussi.

En principe, les vrais scientifiques sont incontestables, eux. Ou alors contestés par leurs confrères dans les limites de la bienséance et avec quelques arguments bien balancés.


Enfin, non, justement, pas avec l'hydro-machine : un coup c'est oui, un coup c'est non, surtout pas ou peut-être. A force de tourner en tous sens, l'opinion scientifique nous donne le tournis.

Ça ne serait pas bien grave mais l'hydro-machine est une fouteuse de bazar à tous les niveaux. Prenez l'OMS : un coup, il faut rechercher si la petite ancienne peut servir à quelque chose, un coup il faut tout arrêter parce qu'une publication a prouvé que c'est pas bon du tout. Irréfutable la dénonciation de l'efficacité de l'hydro-machine. Sauf que même les auteurs de l'étude n'en sont plus trop certains le lendemain. C'est con. Et on se rend compte que cette étude est sans doute largement bidonnée. C'est re-con.

Je me souviens - au début, avec le pionnier Raoult : il prescrivait son traitement dès les premiers symptômes. Vlan, on s'est empressés d'en tester l'efficacité en dernier recours sur des patients en réanimation.

L’hydroxychloroquine a au moins un effet visible : elle nous rend cons. Ah, oui, elle soigne aussi le palu. Et depuis des années. Sans qu'on relève tellement ses contre-indications. Mais c'est pour l'Afrique.

mercredi 3 juin 2020

Déconfinement progressif

C'est le dernier jour du déconfinement en phase 2. Demain, nous passerons en phase 3. Combien y en aura-t-il jusqu'à une vie "normale" ? Je n'évoque pas ici une vie sans virus, sans épidémie ; je ne me fais pas d'illusions sur ce point : si le (la) Corvid 19 ne fait pas un retour bientôt, il (elle) sera de toutes manières suivi(e) par de petites sœurs dont j'ignore à peu près tout et j'espère simplement que nous serons davantage préparés et qu'elles ne seront pas plus redoutables. Pour être mieux préparés, il faudra que l'épidémie actuelle soit encore dans les mémoires. Plus d'une dizaine d'années et les habitudes de gestion à flux tendus auront repris leur cours.


Je crois que le confinement sera terminé avec l'état d'urgence sanitaire, si les dispositions transitoires qui l'accompagnent ne se propagent pas au droit applicable en temps "normal". Les états d'urgence sont une autre épidémie dont l'état a du mal à guérir.


Mais aujourd'hui, lundi de Pentecôte c'est balade au Puy Mary avec des touristes, des étrangers ou des visiteurs locaux de moins de 100 kilomètres, des randonneurs recpnnaissables à leur équipement technique et leur manière d'occuper l'espace, des visiteurs au souffle un peu court, des motards en bande venus là un peu par hasard pour faire un tour de bécane et un selfie devant la panneau du Pas de Peyrol.


Depuis ici, il faut grimper un dénivelé de 200 mètres par un raide chemin aménagé pour profiter d'une vision à 360 degrés sur les montagnes environnantes. Certains continueront plus loin, par le sentier qui file sur les crêtes mais ils sont rares en cette fin de matinée. Les marcheurs sont partis plus tôt et se distinguent au loin. Il fait beau et le Cantal est en beauté. Nous faisons quelques haltes en montant. Évidemment, il ne s'agit pas de reprendre son souffle mais d'admirer ce paysage.
 
 

lundi 1 juin 2020

Déconfinement progressif

On commence une balade dans l'Aubrac pour profiter du beau temps et d'un moment encore tranquille. Avec le souci du tourisme national qui semble pointer le nez, les prochains voyages des vacanciers devraient sans doute viser la France et ses petits coins. Tout le monde ne va pas à la plage, et il se pourrait que les plus accros au sable aient quelques réticences devant le concept étonnant de plage dynamique, ce lieu plein de mouvement et vide de serviettes alors qu'on interdit ailleurs de trop bouger, même solitaire, y compris dans des parcs urbains.
 
Donc, une balade dans l'Aubrac pour se dérouiller les jambes, pour quitter la maison où nous sommes coincés depuis cinq mois par les fautes successives d'Achille puis du confinement. Le premier accepte de travailler même s'il peut y mettre parfois de la mauvaise volonté ; le deuxième semble nous proposer un début de répit. Les conditions sont réunies pour l'Aubrac. Enfin, l'Aubrac, c'est grand. Il s'agit pour le moment d'un lieu au sud-est du Cantal, à l'ouest de Saint-Chély d'Apcher qui est dans la Lozère.
 
Distanciation sociale devant un magasin à Chaudes Aigues
Nous sommes à une frontière marquée ici par le Bès dont les gorges nous font marcher. Un sentier de petite randonnée nous guide dans la pente boisée. Il y a le bruit de l'eau, l'ombre des frondaisons, la marche sur les feuilles sèches qui ont tenu jusque là, les fleurs en nombre et le panorama quand on quitte les arbres. A gauche d'abord, puis derrière nous, les eaux du Bès accumulées dans le barrage de Grandval. A droite, on surplombe les gorges. En face, la Lozère, le dernier pan du mur ruiné d'un château, une chapelle, des bâtiments agricoles, ensemble, esseulés, dans le vert clair des pâtures du plateau, au-dessus du vert soutenu du coteau.
 
C'est une région d'élevage laitier. De grandes fermes exploitent des étendues bien soignées, des vaches se gorgent dans l'herbe haute. A côté, un habitat dispersé desservi par une multitude de petites routes et des chemins à faire le bonheur des randonneurs, d'autant que des itinéraires sont balisés.
Ça tombe bien. Achille est de bonne humeur. Et puis nous trouvons un coin pour poser le fourgon : un parking tranquille un peu à l'écart de la petite route et du village de Marsanges, juste au dessus d'un site d'escalade. Nous sommes logés pour la soirée et la nuit. Certains moments doivent être plus animés ici : le site d'escalade est bien soigné et doit donc être fréquenté ; le four à pain de Marsanges est assez bien  entretenu pour pouvoir imaginer quelques fêtes locales.
 
Pas de fête particulière pour nous mais une bonne nuit et un petit déjeuner à rallonge au soleil du mardi matin. Et la route de Nasbinals puis la montée vers le col de Bonnecombe nous prendront le reste de la matinée. Nous avons apprécié la route et ces hauts plateaux de l'Aubrac colonisés par des vaches tellement sûres d'elles qu'elles restent couchées, peinardes, gavées par la richesse des pâtures. Ce n'est pas fréquent d'apercevoir de l'Aubrac debout.
 
 
Il y a le moment de la transhumance. Elle est en cours mais il n'est pas question de rassemblements ou de fête cette année. Les bêtes montent en camion et finissent à pattes, sans témoins. Comme elles ne sont pas toutes arrivées sur les hauteurs, nous pouvons nous perdre dans les hautes chaumes. Nous perdre, c'est un peu exagérer mais l'absence de chemins nous aura menés à bien des détours dans les herbes hautes, les gentianes, les narcisses, et puis les touffes de nards qui cachent ces cours d'eau que nous devrons contourner bien souvent.
 
Deux petits engins agricoles bizarres font de drôles de trajets dans les prés. Il s'agit de ramasseurs de fleurs, des narcisses qui seront distillés à Aumont d'Aubrac avant de partir à Grasse. La distillerie traite toutes sortes de produits et fait vivre à l'année une dizaine d'employés, et les narcisses si éphémères procurent un supplément de revenu aux paysans du coin. 
 
 
Merci au ramasseur qui nous a si aimablement renseignés sur le chemin du Mailhebiau. Enfin, le chemin... En réalité un trajet assez approximatif pour atteindre la discrète table d'orientation du sommet.
 
Nous repartons vers l'ouest et Laguiole qui se lamente à cause du manque de visiteurs et de la fermeture des restaurants. Et puis quelques détours par des petites routes dans un Aveyron plus vallonné où les grandes fermes sont peut-être moins nombreuses, avant de trouver un endroit pour nous cacher des humains mais pas des moustiques vers Montézic.
 
 
Dernier des trois jours de cette balade, avec un petit tour vers le château de Messilhac. On le repère de loin, de la route. Mais il fait suivre longtemps le chemin carrossable qui le dessert.
 
 
Il n'y a personne, les bâtiments sont seulement visible de l'extérieur, les corbeaux pas trop bruyants. C'est un bon endroit pour pique-niquer sous la surveillance de la tour qui en a vu bien d'autres.
 
 
Enfin, Salers, toute vide et abandonnée par les visiteurs. Ces vieilles bâtisses habituées des hommages, elles n'en reviennent pas de toute cette tranquillité. Les rares touristes eux-mêmes semblent égarés : tant de soleil et même pas une terrasse à fréquenter.