lundi 7 octobre 2024

Retour de Sospel

 

Nous n'avions pas envie de revenir en une étape. J'avais envie de passer par les Alpes du sud, de me perdre un peu dans ces paysages que je ne connais pas. Et puis après une semaine bien sédentaire, le besoin de marcher un peu dans la nature devenait impératif.

 


Aussi, après avoir déposé F. à la gare, nous avons rebroussé chemin vers Sospel, attirés par la Vallée des Merveilles plus au nord, une idée reprise d'une remarque entendue quelque temps auparavant (de la part de qui ?) et confirmée par un rapide coup d'œil sur la carte. Ces routes sinueuses qui s'immisçaient dans des vallées encaissées m'apparaissaient comme menant à autant de mondes particuliers.

 


A propos de routes sinueuses et de vallées séparées, la région entre Sospel et Vintimille parcourue plusieurs fois m'avait déjà donné un aperçu. Le fourgon se souvient encore d'une marche mal négociée dans un virage en épingle à cheveux : l'atterrissage a fait de petits dégâts qu'il a fallu réparer.

 

Menton est étonnante, une étoile de mer dont le cœur est vers la plage et les bras autant de vallées. Tout est urbanisé mais on reconnait les signes : les détours pour aller d'une vallée à une autre, les ruelles malaisées si on souhaite tenter un raccourci, les pentes qui relèguent les routes de notre Puy-de-Dôme à une amusette facile.

 

Nous y allons de bon cœur. Il pleut un peu, les nuages sont bas et la fraicheur ne nous dit rien qui vaille, le GPS affirme des durées étonnantes pour des kilométrages assez limités, les croisements peuvent faire serrer les fesses et les cols font penser au tour de France.

 

Turini : il y a là des parkings, une de ces petites stations de sports d'hiver si laide sans la neige, deux hôtels restaurants bars qui semblent tourner au ralenti. Nous choisissons au hasard celui de droite. Bon choix : les quatre tables disponibles au bar sont prises par un groupe de motocyclistes allemands, leurs casques, des papiers et des dossiers et deux hommes qui nous invitent à nous asseoir avec eux. Nous allons discuter pendant plus d'une heure avec Georges Belin et son acolyte qui ne se présente pas. Les deux sont bien sympathiques et se feront un plaisir de partager avec nous leur point de vue sur la région qu'ils semblent parcourir en tous sens. C'est surtout Georges Belin qui bavarde, photographe professionnel spécialisé dans la photo animalière, anti-chasse proclamé, amoureux de la faune qu'il guette tout au long de l'année, installé dans la région depuis des années.

 


Ils vont nous décrire leur Mercantour, nous confirmer dans l'idée d'aller à la vallée des merveilles par la vallée de la Gordolasque et nous conseiller un petit tour que nous n'avions pas prévu autour de l'Authion tout proche. Bien sûr, le mois de mai serait splendide mais nous sommes en octobre, le plafond est bas et le temps maussade.

 


On y va : les nuages qui étouffent parfois les reliefs n'empêchent d'appréhender la grandeur des paysages, les surfaces engazonnées font les pâtures de vaches peu frileuses, j'imagine les vachers durs à la tache dans cet isolement pas vraiment hospitalier. Pour arranger le décor, les ruines et les fortifications Maginot rappellent les combats qui se déroulèrent jusqu'à la fin de la deuxième guerre mondiale. Pour ce qui est de la gaieté, pour le côté jardiné de la nature, il faudra voir ailleurs.

 


Peut-être la Gordolasque : c'est le nom du torrent que la route longe comme elle peut. Ici, les résidences sont plus nombreuses puis elles se raréfient quand on prend de l'altitude. C'est au bout de la route que nous ferons une petite marche entre pâtures bien vertes et pentes plus sombres. Là-haut, les sommets sont à 2600 mètres environ. En bas, la cabane de "Belle et Sébastien" s'abrite sous un gros rocher, le chemin qui y mène est miné avec les bouses des vaches en semi liberté.

 


C'est vraiment dommage de se contenter d'une balade si courte mais nous n'avons pas le temps de rester. Nous n'avons pas envie de faire trop de route demain pour rentrer et Nice est encore tout proche, nous n'avons pas beaucoup progressé aujourd'hui. Il va falloir se décider à faire de la route, snober quelques perles comme Entrevaux, par exemple, rouler de nuit avant de passer la nuit à côté d'une rivière dont nous ne profiterons pas puisque nous repartirons tôt. Il faudrait ne pas avoir de rendez-vous mais garder davantage de temps.

 

 


 

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