mercredi 26 octobre 2022

Koutaissi

Kutaisi. Ça m'amuse de l'écrire de plusieurs manières : Koutaïssi, Kut'aïsi, Koutaisi, mon correcteur orthographique ne sait plus où donner de la proposition.
Nous sommes encore logés dans une de ces cours collectives qui semblent fréquentes en Géorgie alors qu'on les imaginait plutôt limitées à Batoumi (Batoumi, Batum en turc). 
Ici, c'est un logement réservé la veille seulement, une chambre avec une salle de bains. C'est tout petit, la cuisine est composée d'une bouilloire, d'une assiette et d'une tasse, les propriétaires à côté ont vue sur la porte, les occupants du dessus bougent beaucoup, mais nous sommes en centre ville sans les bruits de la circulation.
Les ressemblances avec la Turquie ne sont plus de mise. L'architecture fait davantage penser à la Roumanie. Les églises et les statues y sont pour beaucoup. 
On trouve aussi des vérandas vitrées, et des abris de portes en fer forgé. La rivière Rioni roule des flots tumultueux et bien laiteux. Les quatre ponts ont chacun leur manière de franchir les flots. Celui qui propose de marcher sur les plaques de verre pour un peu de vertige facile est bien entendu réservé aux piétons.
Des piétons qui ne font pourtant pas la loi dans les rues, mais ils sont respectés aux passages protégés. Ailleurs, il vaut mieux se tenir prêt à laisser passer les voitures qui n'hésitent pas à frôler le pauvre bipède.
 Et puis les ronflements agressifs des moteurs de conducteurs qui s'amusent à des accélérations de 100 mètres avec une bagnole rutilante vitaminée ne rassurent pas. A côté des vielles caisses, on trouve des engins de haut de gamme un peu partout.
À l'Office du tourisme, l'anglais est superbement pratiqué, mais ailleurs c'est beaucoup moins facile. Nos conversations sont limitées. Il vaudrait mieux parler russe. En tout cas, nous recevons les informations dont nous avons besoin pour nous rendre à un ou deux sites touristiques. Ce n'est par exemple pas évident de connaître le lieu d'où partent les marchroutski.
Une marchroutka, c'est un minibus qui sillonne une ligne. Il part quand le conducteur estimé que c'est assez plein mais il peut aussi respecter des horaires sur certaines lignes. C'est le cas ici, on nous indique des horaires.
Le marché est immense, fourni d'une quantité incroyable de fruits et légumes par exemple. Et les vendeurs sont regroupés. Comment font-ils pour gagner leur vie dans cette concurrence confinée ? Ils semblent proposer des tarifs très proches pour des qualités assez équivalentes, et des quantités superflues. En fin d'après midi, les stands semblaient encore pleins, et les vendeurs attendaient les clients. Attendre, encore...
Les bouchers, les charcutiers, et puis les vendeurs d'épices (il y avait du monde qui faisait la queue dans l'un d'eux), de café, de tisanes et de thé, et puis les outils ménagers, les accessoires, l'huile... Ce grand bazar est couvert, immense, assez sombre, flanqué de répliques moins ambitieuses dans les rues voisines. Là encore se remarquent ces femmes habillées de noir jusqu'au fichu sur la tête. Elles vieilliront sans doute ainsi, on en voit du même modèle, à petits pas courbés sur les trottoirs.
 
Contact avec Do mardi soir : la grève de jeudi risque de mettre à mal son trajet jusqu'à l'aéroport. Ce qui était bien calé dépend désormais de la disponibilité des TER. L'hébergement de la chatte, le parking de la voiture, le contenu des vacances, les billets et l'équipement, tout dépend de ce moment. Les dieux seront-ils avec nous ?
Mercredi matin
Notre mini studio n'est clairement pas prévu pour deux. Même la couette était un peu trop petite cette nuit. Et nous avons un peu l'impression de vivre chez les voisins bien que nous ne les ayons pas vus. Si ! Notre logeuse est venue avec des raisins lavés. Elle est repartie bien vite, c'est sans doute la barrière de la langue qui la fait fuir ainsi.
Balade en ville, le marché où nous revoyons les stands et celui, étrange, où trônent quatre femmes troncs, grosses, vissées à leur siège derrière le comptoir étroit surchargé de sacs de farines. Hier, elles décortiquaient des noix. Aujourd'hui, elles discutent, elles plaisantent. On nous présente un peu plus loin des épices, safran géorgien d'abord, et des tisanes, hibiscus en premier.
Les bouchers trimbalent leur viande découpée, les poissonniers étalent leurs bêtes entières.
Et nous partons pour Gelati, monastère célèbre de Géorgie. Nous y allons en marchroutka depuis le centre ville, c'est à une douzaine de kilomètres.
Depuis le Moyen Âge, les bâtiments s'étaient détériorés mais il semblerait que la période soviétique ait fait davantage de dégâts. En tout cas, un rattrapage généralisé fait que des jeunes se signent dans ou devant les lieux de culte, les églises et les popes sont restaurés, et Gelati a profité de nombreux plans de réhabilitation. L'intérieur de la plus grande église est encombré par les échafaudages : on restaure les fresques. La salle d'études est quasiment refaite d'après les photos du début du XX' qui montrent des ruines.
La vue sur les environs est sympa, relief de petites montagnes et, au loin, le Caucase enneigé. Mais ce sera encore plus beau à Motsameta, plus sauvage, avec les méandres d'une rivière dans la vallée encaissée, l'architecture est moins grandiose, avec une seule église et un monastère dont les appartements te donnent envie de prendre l'apéritif sur le balcon, face à la vallée dans la lumière du soleil couchant.
On n'a pas trop de concurrents touristes mais on a entendu parler le français, l'américain et ... pas du russe mais approchant avec des gutturales ?
Nous sommes allés de Galeti à Motsameta à pieds. Environ 5 kilomètres, peut-être un peu moins parce que nous avons coupé par la voie ferrée. Le train ne nous a pas dérangés, le gardien du passage à niveau n'a pas été choqué de nous voir déambuler sur ses rails, nous avons traversé un village : deux joueurs d'échecs ou de dames (je crois bien que c'étaient des échecs) nous ont confirmé être sur la bonne voie. À Motsameta, la mini gare, ou le peu qui en  reste, est envahie depuis longtemps par la végétation.
C'est fou comme tout pousse bien ici. Nous sommes dans un pays de vignes souvent installées en treilles à côté des maison lesquelles ont souvent un balcon au sud et parfois des varangues.
Et notre retour ? Eh bien nous avons rejoint à pieds la grande route et nous nous sommes plantés sur le bord en espérant faire signe à la prochaine marchroutka qui passerait. C'est un camion qui nous a pris. Un truc branlant, cassé de partout avec un conducteur mutique quand il s'est aperçu qu'il avait chargé des étrangers. La conduite, terrible. Ça fait longtemps que je n'avais pas eu aussi peur en voiture, entre les virages coupés, la vitesse dans les descentes, les coups de freins et les contorsions pour tenir le volant. Le type vraiment sympa nous a amenés où on souhaitait aller, n'a pas voulu un sou et m'a rappelé quand j'ai perdu mon téléphone sur le siege, trop pressé que j'étais, sans doute, d'aller boire une bière pour fêter d'être en vie.
Il fallait bien que je case cette photo de la mini boutique atelier d'un couturier. Il n'y a que la place qu'on distingue par les fenêtres : une chaise, une table face à la rue, une machine à coudre classique et quelques rangements. L'horloger du marché n'est pas installé avec plus d'espace.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire