vendredi 7 juin 2019

Jeudi 6 juin

Il s'agit aujourd'hui de laisser le bateau tout seul, perdu au bout de sa chaîne et au milieu d'inconnus. Ce n'est pas facile, on s'inquiète toujours un peu. D'autant que le temps est assez instable. En tout cas, la météo affiche que c'est le seul jour pour relâcher notre surveillance. Alors nous partirons le matin, reviendrons jeter un coup d'œil depuis le rivage en début d'après-midi avant une nouvelle virée jusqu'au soir. Un port rassurerait. Mais un port coûterait plus cher que la location d'une voiture.

La société de location de voitures, nous la connaissons déjà : nous avions déjà loué ici une vieille Panda il y a... longtemps, quand nous naviguions à trois. Maintenant, nous sommes deux et les voitures y sont plus nombreuses, en bon état, même si l'ambiance n'a pas changé : la famille vit toujours à côté d'un bureau assez informel, les jouets des enfants encombrent davantage que la petite photocopieuse, l'ambiance est détendue et le prix plus bas que l'agence voisine.

Nous voici automobilistes pour la journée, d'une Clio Staria (je crois), un modèle bas de gamme dépourvu d'autoradio mais "français choisi exprès pour les français", en italien et avec un grand rire.

Portoferraio, c'est une petite ville italienne assez habituelle dès qu'on en a quitté le centre historique : les immeubles gris, la circulation, les scooters, les supermarchés Conad ou Coop, les zones industrielles poussiéreuses et un peu de laisser aller, on les retrouve ailleurs.

Même si les bateaux ne paraissent pas déverser des foules de touristes en cette saison, nous allons très vite remarquer l'afflux de voitures allochtones, de véhicules de location, de bicyclettes... On vient sur Elbe pour les plages, les visites, le soleil, mais aussi pour la randonnée, le cyclotourisme, la plongée, et manger. Il y a des terrasses à peu près partout. L'est, plus couru, les remplit davantage mais en garde certaines fermées en attendant la saison. L'ouest, plus circulant, les ouvre à peu près toutes et distribue équitablement les clients avec une table ici et deux tables là...

Les bourgs médiévaux sont plus charmants qu'historiques, plus vivants que préservés. Souvent sur les hauteurs, ils bénéficient d'un chouette point de vue sur les maquis touffus, les montagnes et quelques échappées sur la mer. Les ruelles étroites, les escaliers, les petites places, les passages voûtés sous les immeubles, une ou deux portes des anciens remparts, on y retrouve l'ossature de la cité moyennageuse recouverte d'un crépi épais, lisse et coloré. On a soigné les pavages de granit sous lesquels courent les réseaux, on a laissé les fils électriques, on dératise, toute une population vit ici et ce n'est pas un musée. C'est une urbanisation tassée dans laquelle il vaut mieux bien s'entendre avec ses voisins. Les gens discutent dans les rues, quand on les voit. Mais nous avons aussi circulé dans des ruelles où nous n'avons croisé personne.

Nous n'avons pas vu grand monde non plus dans notre échappée baladeuse dans la forêt. Des châtaigniers, des résineux, des fougères, un ruisseau très encaissé que l'on entend avant de le voir, des traces de sangliers, partout des effleurements de granit.

Ce granite était exporté et de grandes carrières ont par endroits balafré les pentes. Des mines, tout un passé industriel, nous n'en verrons que les grands bâtiments parfois ruinés qui encombrent les banlieues. Ailleurs, on remarque plutôt un habitat dispersé dans la végétation, les vignes et un peu de culture, les concentrations plutôt vers les plages et dans les villes.

Parmi celles-ci, des mentions particulières pour :
- Portoferraio, son joli port, sa vieille ville, quelques marchands de glaces, sa banlieue industrieuse, la vue d'en haut, peut-être la meilleure raison pour aller visiter les monuments de son histoire militaire ;
- Capoliverie, perchée, elle associe de manière plus harmonieuse qu'ailleurs les magasins pour touristes et son environnement. Il fait bon rester sur certaines terrasses mais nous ne sommes pas en pleine saison ;
- Porto Azzuro, et son joli mouillage ;
- Rio Nell'Elba, tout là-haut et un peu à l'écart des circuits, semble-t-il, avec de vraies gens, des boutiques pour les autochtones et les services d'une petite ville de montagne mais aussi les ruelles, les passages, une vue sur la mer.

Bien sûr, il faudrait recenser les bourgs : San Ilario, Poggio, Magazzini, histoire de commencer à ressembler à la compilation d'un guide touristique. Pour le guide nautique, on noterait que les mouillages du sud sont amputés des meilleures places par des bouées de protection des plages très éloignées du bord ainsi que quelques champs de corps-morts.

Et pour compléter le tableau de notre point de vue, il resterait la météo qui est celle d'une période instable : nous sommes sous l'influence de perturbations qui se succèdent. Celles-ci, plus proches, amènent du vent ; celles-là, plus lointaines, de la houle. Toutes nous posent la question des jours prochains.

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