vendredi 28 juin 2019

La Badine


Un beau mouillage que celui de la Badine. En imaginant que la péninsule de Giens soit une jambe terminée d'un pied tourné vers l'Est, nous sommes mouillés juste sur le coup de pied.

Le paysage du "pied", c'est une forêt qui cache quelques maisons et un gigantesque village de vacances, et puis quelques plages ceinturées par des rochers. La "jambe", c'est plus sableux, plus plat, avec des campings disséminés depuis le port d'Hyères, des plages sans fin et une route encombrée.


Nous avons préféré nous rapprocher des forêts et, hélas, du village de vacances qui nous a offert une fête sur la plage avec les watts qui allaient bien pour perturber un sommeil déjà gâché par la chaleur. Par contre, pour la promenade, le sentier côtier fait le tour de cap de l'Esterel jusqu'à la Tour Fondue, un port de départ pour les navettes qui desservent Porquerolles.


Je ne sais pas comment sont négociés les droits et devoirs des propriétaires concernant le sentier côtier. On imagine qu'ils renâclent parfois à laisser passer les promeneurs et les repoussent le plus possible vers la mer, quitte à aménager un ou deux passages par trop acrobatiques. A l'approche de la Tour Fondue, une villa domine la mer et le sentier abandonne bizarrement l'eau pour piquer droit sur le bourg.


Le village lui-même vit autour du port fréquenté par des professionnels : navettes, bateaux de balade en mer, plongeurs... On y retrouve depuis des années un vendeur de fruits et légumes. Très beaux les fruits et légumes et, bien sûr, un peu chers.

jeudi 27 juin 2019

La chaleur

Elle a beaucoup tardé cette année. Elle est arrivée depuis quelques jours seulement. Il fait 31 degrés, aussi bien dehors que dans le bateau. Il fait un temps à rester à l'ombre. Il fait un temps à revenir à la maison. Il fait maintenant trop chaud pour nous qui avons le choix d'éviter de naviguer en plein été.

Nous ne regrettons pas les navigations de l'Atlantique, les pluies, les marées, les courants... La Méditerranée nous convient malgré ses sautes d'humeur. Mais nous ne plongeons pas souvent dedans, peu accros aux baignades. Alors, pour nous rafraîchir quand le vent lui-même est chaud, il faut attendre le soir.

C'est l'explication plus ou moins scientifique de notre accoutumance à la cérémonie de l'apéritif.

mardi 25 juin 2019

Comment revenir plus vite


Le retour est toujours plus rapide que l'aller. La démonstration que nous ne sommes pas des machines mais des êtres bien subjectifs ? En tout cas, nous aurions pu faire deux étapes pour aller à Porquerolles.

Le bateau avançait bien sur une mer d'huile, au moteur avec l'aide d'un souffle de vent capté par une voile. Quatre nœuds de tranquillité en se tenant le plus possible à l'ombre à cause de la chaleur et des coups de soleil qui faisaient leur apparition.

Nous avions prévu la possibilité de nous arrêter aux alentours du cap Taillat ou de la baie du Lavandou pour être à l'abri du vent d'Est prévu pour l'après-midi et la nuit, mais nous avons finalement décidé de continuer pour la baie de l'Alicastre, à Porquerolles en comptant sur un renforcement du vent qui aurait pu nous faire arrêter le moteur. Pas de chance, le vent escompté n'a fait son apparition qu'à l'arrivée, vers 20 heures. C'était le moment de mouiller pour la nuit.
L'ambiance a changé sur Porquerolles depuis notre passage à l'aller : les bateaux se sont multipliés ; des bouées ont fait leur apparition, les unes pour empêcher de mouiller près des plages, les autres pour délimiter la zone des 300 mètres du rivage de la réserve. Promis, nous ne dépasserons pas la vitesse autorisée, nous ne déverserons pas nos eaux noires.

Quant au reste de la pollution que nous pourrions émettre, elle est assez limitée : nous n'utilisons pas de peinture anti salissures (l'antifouling qui empêche les organismes aquatiques de s'accrocher à la coque n'est pas très sain), nous lavons peu et lessivons le bateau encore moins souvent.

Il y a juste notre moteur qui fume un peu au démarrage, le privilège de ses plus de 30 ans de service et de l'injection indirecte (cette dernière remarque, c'est pour les techniciens). Mais avec une consommation de moins d'un litre à l'heure, on doit pouvoir considérer ses rejets comme assez limités. Au contraire de son fonctionnement de cette année. Les conditions nous auront fait largement dépasser les 120 heures de moteur, ce qui fait beaucoup.

Ce moteur, il fonctionne bien. Il a été démonté, révisé il y a deux ans. Nous sommes aux petits soins pour lui et craignons toujours qu'il chauffe. Alors, nous ouvrons les panneaux pour lui faire de l'air quand il fonctionne, et nous vivons avec son bruit à l'intérieur.

Paragraphe pour les techniciens. Les moteurs de voiture peuvent être refroidis directement à l'air (les vieilles 2 CV par exemple) ou à l'eau (presque toutes les autres). Les moteurs de bateaux sont en général refroidis par un système d'eau en circuit fermé comme ceux des voitures. Certains, comme le notre, sont refroidis directement par une circulation d'eau de mer. Avantages : c'est plus simple, plus léger et moins cher. Inconvénients : il ne faut pas chauffer l'eau de mer sous peine de cristalliser le sel et boucher les conduits, ce qui conduirait à la surchauffe. Du coup, le moteur est trop froid pour un fonctionnement optimum et craint la chaleur : c'est la raison pour laquelle nous ouvrons les panneaux pour refroidir son compartiment.



lundi 24 juin 2019

Le mouillage du Portet


Nous n'étions jamais venus planter notre ancre de ce côté nord de l'île Sainte Marguerite. Nous sommes à l'abri du vent de sud, et sans doute un peu préservés de la foule qui comble les eaux des Lérins en weekend. Un peu seulement...

Et pas tellement de la houle qui agite le plan d'eau à cause de tous les bateaux à moteur qui sillonnent les environs sans souci de vitesse et de désagréments. Nous sommes toujours étonnés quand nous ne pouvons distinguer les mouvements de l'eau générés par la météo et ceux-là dont le ressac bat les côtes plus fort que la houle, remue les embarcations au mouillage. C'est une pollution très mécanique dont tout le monde se fout.


Si, ce qui est drôle, c'est quand l'un de ces plaisantins de la manette de gaz, après avoir chahuté tous ses voisins à l'arrivée, se retrouve lui-même à danser, parfois de ses propres vagues. Piètre revanche. Mais un petit sourire quand même, voilà !


Et l'île en elle-même. A deux pas de Cannes, à condition de faire ces pas sur le pont d'une navette régulière, c'est un parc botanique, une plantation de pins, chênes verts, quelques eucalyptus, et puis les cystes, myrtes, fougères, pistachiers lentisques, acanthes... Je frime, là, sachant que je ne m'en souviendrai plus dans deux jours.


L'espace est quadrillé par des allées bien droites à l'ordonnancement militaire et aux noms révolutionnaires. Une citadelle loge un centre d'hébergement de groupes et un musée. Deux restaurants donnent sur l'eau. Avec ça, un village limité à quelques maisons, un chantier naval important, un espace ornithologique favorisé par un étang d'eau salé, quelques restes de blockhaus, des gens qui viennent se baigner, pique-niquer, faire la fête...


Cannes est toute proche. Nous voisinons donc avec de gros yachts plus ou moins oisifs occupés par des employés occupés eux-même à rincer, ranger quelque chose en permanence pendant que leurs patrons (du moment ?) cherchent à quoi s'occuper en passant du verre au jet-ski et en dédaignant le toboggan installé pourtant avant leur lever.

samedi 22 juin 2019

L'abri de l'Olivette


Du vent d'Est est prévu pour la nuit ; le mouillage des Lérins manque un peu de protection de ce côté. C'est le moment de découvrir un nouveau recoin, à l'ouest du Cap d'Antibes.

Le cap d'Antibes, de ce côté, c'est une avancée couverte de bois et de toits. Des façades aussi, et puis la route, passagère ; des petites plages ; quelques ports en activité ; les traces d'autres, plus anciens, petits et ruinés, et l'abri de l'Olivette, dernier petit port vers le sud pour des barques et notre annexe.


C'est un chouette endroit que surplombe la route. Deux pontons, quelques corps-morts pour des pointus en majorité, la protection d'une digue et une drôle de petite maison qui donne sur l'eau. On ne la remarque pas, elle est si basse qu'elle n'atteint pas le niveau du parapet derrière lequel circulent des véhicules qui ne peuvent pas la remarquer.

Eux, ils viennent d'Antibes dont les immeubles barrent l'horizon au Nord. Ce n'est pas très loin, accessible par la route qui peine à laisser de la place aux piétons. Les villas lorgnent la mer avant de se faire devancer par les hôtels qui exhibent assez d'étoiles pour attirer en plurilinguisme des berlines noires de préférence, et climatisées.

Il y a sans doute beaucoup à voir, à dire, sur Antibes. Nous n'y passons pas assez longtemps pour le découvrir.


Il n'empêche. A peu de distance, du côté du Cap, un lieu est ouvert pour les visiteurs : expositions sur le biotope de la Baie des Anges, photographies des Aquanautes, visite de la tour de guet, balade dans la pinède avec les jeux dédiés aux petits visiteurs, centre de réhabilitation des tortues marines, centre de plongée, un lieu vraiment sympa, gratuit, protégé des promoteurs, ouvert au milieu des villas et des hôtels.


Parce que, tout autour, les belles maisons ne manquent pas. Il y a tout pour elles : un peu d'entre soi, les points de vue, le côté un peu excentré, des restes pas encore tout à fait dissous de l'habitat d'avant.


Quelques propriétés n'ont pas été refaites ; elles sont plus modestes et toujours habitées, ou ont perdu de leur superbe en même temps que leurs héritiers.


vendredi 21 juin 2019

24 heures en mer


C'est toute une affaire. Du moins pour nous. De grands marins font de grandes traversées, poussés par les vents, heureux de naviguer au large pendant des jours et des jours.

Nous ne sommes pas de grands marins. Nos virées en bateau comportent davantage d'escales que de traces en mer. Nous allons quelque part que nous sommes bien contents de (re)découvrir, où nos balades deviendront facilement terrestres. Et nos ambitions marines restent limitées.

D'abord, nous avons choisi la Méditerranée. C'est la mer de l'Odyssée, elle est capricieuse mais imprégnée d'histoire. Il y fait bon, parfois trop chaud, et la météo en est bien compliquée même si nous sont épargnés les calculs de marées et de courants de l'océan.

Ce n'est peut-être pas une mer à traverser. Le vent loin des côtes est tout sauf évident, souvent absent. C'est alors le moteur qui fait le boulot. Et la mer est facilement courte, cassante, quand elle a été énervée par un de ces vents locaux qui portent tous un nom encore plus local.

Nous avons choisi notre fenêtre, façon Méditerranée. En partant mardi, nous n'avions pas de vent mais de la houle assez forte. Mercredi, vent de Sud-Ouest, au près (allure inconfortable et mouillante) et mer maniable. Jeudi, pas de vent et mer belle.


Nous avons choisi mercredi et le vent. Après un départ bien paisible, comme sur les photos, nous avons eu celui qui était prévu et un peu plus. Et nous avons eu la mer. Celle qui était prévue et un peu plus dans la nuit. Tranquille pendant la journée, la navigation est devenue plus sportive à partir du coucher du soleil. On a remué sur une mer hachée, voiles réduites et à la barre parce que le pilote automatique, dans ces conditions, rendrait l'âme très vite. Nous nous sommes félicités d'être deux sur un bon bateau et nous avons fait notre petite et bien suffisante traversée.

Ce n'était d'ailleurs même pas une traversée parce que nous avons bénéficié d'une visibilité incroyable. La Corse est restée visible derrière nous pendant 50 milles. Nous avons aperçu le continent à mi chemin. La terre n'a jamais disparu sous l'horizon et, la nuit, les lumières des villes se voyaient à plus de 30 milles de distance.

Les îles des Lérins commençaient à se distinguer dans la grisaille du petit matin quand le vent a faibli puis tourné. Nous avons donc sorti toute la toile pour finir et profiter d'un beau lever de soleil, puis d'une sieste une fois l'ancre posée. Tout est paisible. Comment des terriens pourraient-il imaginer ce qui se joue en mer quand ils se posent sur le sable chaud d'une plage ?


mardi 18 juin 2019

La baie de la Revellata, terre d'envol


Encore un mouillage. Un beau mouillage qui doit réunir certaines conditions : nous protéger du vent et de la mer, nous permettre d'aller faire les courses, nous mettre suffisamment en confiance pour que nous osions quitter le bord, nous permettre des balades intéressantes.

Pari tenu pour la Revellata. D'abord, le temps est agréable et la protection excellente du vent d'aujourd'hui, Ouest à Sud-Ouest.

Hier, nous avons pu poser nos poubelles, faire quelques courses en ville. Une heure de marche pour y aller, d'abord sur un mauvais chemin puis en longeant quelques maisons bien situées dans un grand bois de pins : un endroit superbe où habiter, proche de Calvi.


Et puis ce matin et en début d'après-midi, chaussures de marche et sentier de randonnée pour la pointe de la Revellata et son phare, austère bâtisse parallélépipédique en noir et blanc. En dessous, le petit port est inclus dans une zone de recherche scientifique et interdite. Étonnant comme un grand terrain comme ici est devenu impossible d'accès, avec quelques chouettes maisons.


D'autres maisons, on en trouve proches de notre mouillage. A quelques pas de l'eau, elles aussi sont très attirantes même si elles ne bénéficient pas de l'ombre des pins. On imagine leurs habitants très heureux d'être là.

Il fait chaud, il fait beau, la houle doit diminuer et le vent souffler du Sud-Ouest jusqu'à jeudi. La météo nous promet une navigation sous voiles vers les Lérins. Nous partirons demain matin pour une petite centaine de milles, soit 24 heures de traversée.

Du désert des Agriates à Calvi

Une succession de pointes rocheuses et de criques encombrées d'écueils, bordées de plages, de maquis, de roches, avec parfois un cours d'eau qui vient s'épuiser sur le sable ; des collines qui se prolongent de plus en plus hautes dans l'arrière pays ; quelques bosquets de pins et de plus en plus rarement la trace d'un habitat ou d'un chemin quand on s'éloigne du golfe de Saint-Florent. C'est beau, âpre ; il doit y faire chaud et sec, il doit y souffler un vent froid, on n'est pas embêtés par les voisins, la foule éventuelle de baigneurs sur la plage doit être odieuse.

Quand on va vers l'ouest, le maquis devient plus ras, le désert moins attirant, les montagnes en arrière plan plus hautes et on y distingue peut-être des traces de neige. Et puis on s'éloigne du rivage pour piquer droit sur l'Île Rousse, les maisons sur les pentes, la ville, les immeubles. Bientôt Calvi et sa citadelle surplombant la baie. Nous allons à peine plus loin, dans la baie de la Revellata, sous la pointe du même nom.


Un téléphone suspendu... Y a-t-il du réseau quelque part ?

dimanche 16 juin 2019

Saint-Florent


Pour nous, c'est d'abord l'attrait d'une grande plage qui ne lésine pas sur la surface pour mouiller dans de bonnes conditions, un emplacement qui tient bien, où de nombreux bateaux peuvent s'abriter.
C'est aussi une petite ville qui vit essentiellement du tourisme avec un grand port de plaisance très organisé, et ce qu'on trouve partout ailleurs, ainsi que des possibilités de navettes en tous genres pour rejoindre les plages des environs en vedettes, bateaux taxis...

C'est un point de départ pour des visites par la terre, que ce soit par la route ou des sentiers de randonnée. Pas question de laisser le bateau quand le Scirocco balaie le plan d'eau. Ça bouge, il fait chaud, ça ne dure pas. Le soir, tout est calme, et puis la houle va nous prendre par le travers et nous balancer toute la nuit. Pas facile de dormir quand il faut se cramponner dans son lit.


Pour arranger la situation, le vent est prévu de nord et c'est le seul secteur à craindre devant Saint-Florent. Nous partons donc à peu de distance pour un mouillage plus attirant même si sa protection ne semble pas bien meilleure : Fiume Cento, sur la côté ouest du golfe, dans un environnement sauvage à l'ouvert d'un cours d'eau.


C'est très joli avec une côte rocheuse très découpée, un maquis et une belle eau bien claire. Un sentier longe le rivage et mène à une tour génoise ruinée puis, au delà, à un vieux sémaphore, un phare et puis après, la côte nord, plus loin... Une balade à faire en solitaire pendant que l'autre reste à surveiller le bateau.



Quand même, la Corse, c'est chouette !


La balade que nous ferons à deux, le lendemain matin, ce sera remonter la rivière en canoë. Ce sera découvrir un autre monde en parcourant les méandres du cours d'eau.


Enfin, un cours d'eau, sans doute à certains moments. Mais là, l'eau est immobile. Ceux qui bougent le plus sont les insectes, mouches et moustiques, ainsi que quelques poissons sauteurs.


La végétation envahit les berges. La mer est loin. 



Cap Corse


Autant l'écrire tout de suite, Macinaggio à Saint-Florent, c'était une étape pourrie, gonflante, merdique. Pourtant, elle avait plutôt bien commencé.

Mais d'abord le cadre. Autrement dit, la météo :
- nous devions partir de Macinaggio parce que le vent d'Est annoncé nous aurait délogés en fin de matinée
- en attendant cette renverse, le vent était fort, d'Ouest, et avait généré une bonne houle, d'ouest aussi
- et le Cap Corse, c'est une chaine montagneuse allongée dont nous devions faire le tour pour suivre toute la côte ouest jusqu'à Saint-Florent.

Nous sommes partis au moment où le vent faiblissait, juste avant la renverse prévue, ce qui nous a fait trainer un peu au moteur devant les villages du bout du monde corse et sous le phare avec l'impression de se retrouver au sein de paysages nordiques. Étonnant comme on sent bien ici que le temps n'est pas toujours joli !

Et nous avons tourné au bout et bien trouvé la houle prévue. Elle était là, nous a bien balancés comme elle le souhaitait. Super, le confort ! Parce que le vent d'Est annoncé, celui qui devait nous gonfler les voiles, nous faire avancer et appuyer les voiles pour nous éviter de nous faire chahuter par la mer, eh bien, ce vent d'Est, nous ne l'avons pas vu. Toutes les météos consultées se sont plantées.

Nous avons donc fait l'étape au moteur, des heures à avancer tout doucement en appréciant davantage les mouvements du bateau que le paysage, pourtant bien joli dans la partie nord de la péninsule.

mercredi 12 juin 2019

Changement de côté


Il faisait brumeux, humide et calme quand nous avons quitté la rade de Portoferraio très tôt le matin. La brume, elle s'est légèrement levée et puis est revenue de manière insidieuse, nous empêchant de voir ce qui se passait autour de nous. Une visibilité limitée qui nous a caché Capraia, puis la Corse dont nous n'avons deviné les reliefs qu'à 4 milles de distance (multiplier par deux, enlever un dixième du résultat pour obtenir approximativement la distance en kilomètres...).

C'était joli, ce paysage délavé, les hauteurs du Cap Corse en fond, Macinaggio qu'on devinait tout en bas, au ras de l'eau.


Macinaggio : un grand port de plaisance qui a servi de prétexte à l'installation d'une bourgade tranquille, du moins en cette saison. En été, les touristes sont tondus à la chaine comme ailleurs. En attendant, ceux qui viennent là pour la plage ou la randonnée peuvent côtoyer les locaux qui se connaissent, se saluent, discutent devant l'école, au supermarché, à l'épicerie ou aux terrasses....
Des maisons du temps du port de pêche, il en reste quelques unes, et on voit aussi des pavillons "sous-sol, étage, balcon, gazon", quelques immeubles bas. L'habitat assez dispersé se poursuit dans les terres, sur les pentes.

Un panneau indicateur signale Saint-Florent à 66 kilomètres par la route. Pour nous, il est à 28 milles en faisant le tour du Cap Corse. Ce serait notre prochaine étape.


Pour l'instant, il est question de s'abriter du vent d'ouest (encore). Il parait que les deux extrémités nord et sud de la Corse sont les endroits les plus ventés de France. En tout cas, on n'ira pas tenter le passage du cap aujourd'hui. Et avec d'autant moins de remords que les environs sont superbes.


Le chemin côtier qui part de Macinaggio vers le nord longe des plages couvertes de banquettes de posidonies bien blanches, la mer bien bleue, les pointes rocheuses, quelques îlots proches et là-bas, au loin, Capraia. Elbe se devine aussi.


Il faut marcher un peu pour profiter des points de vue. Nous ne sommes pas les seuls à le savoir. Les randonneurs défilent sur le sentier. Il y a aussi les gens qui trimbalent un tapis et parfois un parasol pour aller s'allonger plus ou moins solitaires sur une des plages.

vendredi 7 juin 2019

Jeudi 6 juin

Il s'agit aujourd'hui de laisser le bateau tout seul, perdu au bout de sa chaîne et au milieu d'inconnus. Ce n'est pas facile, on s'inquiète toujours un peu. D'autant que le temps est assez instable. En tout cas, la météo affiche que c'est le seul jour pour relâcher notre surveillance. Alors nous partirons le matin, reviendrons jeter un coup d'œil depuis le rivage en début d'après-midi avant une nouvelle virée jusqu'au soir. Un port rassurerait. Mais un port coûterait plus cher que la location d'une voiture.

La société de location de voitures, nous la connaissons déjà : nous avions déjà loué ici une vieille Panda il y a... longtemps, quand nous naviguions à trois. Maintenant, nous sommes deux et les voitures y sont plus nombreuses, en bon état, même si l'ambiance n'a pas changé : la famille vit toujours à côté d'un bureau assez informel, les jouets des enfants encombrent davantage que la petite photocopieuse, l'ambiance est détendue et le prix plus bas que l'agence voisine.

Nous voici automobilistes pour la journée, d'une Clio Staria (je crois), un modèle bas de gamme dépourvu d'autoradio mais "français choisi exprès pour les français", en italien et avec un grand rire.

Portoferraio, c'est une petite ville italienne assez habituelle dès qu'on en a quitté le centre historique : les immeubles gris, la circulation, les scooters, les supermarchés Conad ou Coop, les zones industrielles poussiéreuses et un peu de laisser aller, on les retrouve ailleurs.

Même si les bateaux ne paraissent pas déverser des foules de touristes en cette saison, nous allons très vite remarquer l'afflux de voitures allochtones, de véhicules de location, de bicyclettes... On vient sur Elbe pour les plages, les visites, le soleil, mais aussi pour la randonnée, le cyclotourisme, la plongée, et manger. Il y a des terrasses à peu près partout. L'est, plus couru, les remplit davantage mais en garde certaines fermées en attendant la saison. L'ouest, plus circulant, les ouvre à peu près toutes et distribue équitablement les clients avec une table ici et deux tables là...

Les bourgs médiévaux sont plus charmants qu'historiques, plus vivants que préservés. Souvent sur les hauteurs, ils bénéficient d'un chouette point de vue sur les maquis touffus, les montagnes et quelques échappées sur la mer. Les ruelles étroites, les escaliers, les petites places, les passages voûtés sous les immeubles, une ou deux portes des anciens remparts, on y retrouve l'ossature de la cité moyennageuse recouverte d'un crépi épais, lisse et coloré. On a soigné les pavages de granit sous lesquels courent les réseaux, on a laissé les fils électriques, on dératise, toute une population vit ici et ce n'est pas un musée. C'est une urbanisation tassée dans laquelle il vaut mieux bien s'entendre avec ses voisins. Les gens discutent dans les rues, quand on les voit. Mais nous avons aussi circulé dans des ruelles où nous n'avons croisé personne.

Nous n'avons pas vu grand monde non plus dans notre échappée baladeuse dans la forêt. Des châtaigniers, des résineux, des fougères, un ruisseau très encaissé que l'on entend avant de le voir, des traces de sangliers, partout des effleurements de granit.

Ce granite était exporté et de grandes carrières ont par endroits balafré les pentes. Des mines, tout un passé industriel, nous n'en verrons que les grands bâtiments parfois ruinés qui encombrent les banlieues. Ailleurs, on remarque plutôt un habitat dispersé dans la végétation, les vignes et un peu de culture, les concentrations plutôt vers les plages et dans les villes.

Parmi celles-ci, des mentions particulières pour :
- Portoferraio, son joli port, sa vieille ville, quelques marchands de glaces, sa banlieue industrieuse, la vue d'en haut, peut-être la meilleure raison pour aller visiter les monuments de son histoire militaire ;
- Capoliverie, perchée, elle associe de manière plus harmonieuse qu'ailleurs les magasins pour touristes et son environnement. Il fait bon rester sur certaines terrasses mais nous ne sommes pas en pleine saison ;
- Porto Azzuro, et son joli mouillage ;
- Rio Nell'Elba, tout là-haut et un peu à l'écart des circuits, semble-t-il, avec de vraies gens, des boutiques pour les autochtones et les services d'une petite ville de montagne mais aussi les ruelles, les passages, une vue sur la mer.

Bien sûr, il faudrait recenser les bourgs : San Ilario, Poggio, Magazzini, histoire de commencer à ressembler à la compilation d'un guide touristique. Pour le guide nautique, on noterait que les mouillages du sud sont amputés des meilleures places par des bouées de protection des plages très éloignées du bord ainsi que quelques champs de corps-morts.

Et pour compléter le tableau de notre point de vue, il resterait la météo qui est celle d'une période instable : nous sommes sous l'influence de perturbations qui se succèdent. Celles-ci, plus proches, amènent du vent ; celles-là, plus lointaines, de la houle. Toutes nous posent la question des jours prochains.

mercredi 5 juin 2019

Portoferraio



Eh bien oui, nous l'avons ce vent de sud-est prévu. A Portoferraio, ce n'est pas un problème : nous sommes à l'abri dans ce grand mouillage qui nous rappelle les rades que nous avons pu fréquenter ces dernières années : Pollensa, Sollers... Chaque fois, ce sont de grandes étendues où s'abriter à proximité d'un ville.

Ici, la ville vit du tourisme et de l'activité des ferrys qui se succèdent sur un grand quai. Le vieux port serait bien incapable de les recevoir, faute de place. Il n'est d'ailleurs pas encore très fréquenté à cette période de l'année. Portoferraio dort encore un peu. Le prochain weekend de la Pentecôte donnera peut-être le coup d'envoi de la saison estivale ?


Pour le moment, les rues de la vieille ville restent assez tranquilles, les gosses jouent au foot dans des terrains militaires ou sur un petit stade au pied des remparts, des groupes discutent aux terrasses des cafés, il y a des places libres dans le port où on n'accepte pourtant les bateaux que pour deux jours maximum en été.




Nous avons trouvé de l'eau, un endroit où poser nos poubelles (c'est un problème en Italie pour les non résidents), un supermarché, une boulangerie. Le minimum que l'on recherche en bateau. Des informations fournies spontanément par un navigateur slovène. Il nous a aussi indiqué où poser notre annexe pour accéder à terre. C'est bien beau de mouiller gratis devant des chantiers ou des ports : les locaux ne font rien pour nous faciliter la vie.

J'irais bien boire un café en ville en ce début d'après-midi, mais faire le trajet en annexe avec ce vent reviendrait à me faire tremper. Ce matin, c'était plus calme et nous avons passé fait des bricolages qui attendaient depuis longtemps : faire une fixation pour la lampe de mouillage, celle que nous allumons la nuit pour nous signaler) ; tenter une réparation de la tête à godets de notre anémomètre à base de colle époxy, de morceaux de plastique et de cure-dents (je l'avais cassée lors de l'armement du bateau). On verra si ça tient.

mardi 4 juin 2019

C'est fichu pour Carrare


Nous avions eu l'info par l'équipage de G, nous l'avons transmise à l'équipage de C, rencontré à plusieurs reprises depuis San Remo : c'est bien d'aller à Carrare et de visiter les carrières de marbre, par exemple. C & F l'ont fait, après notre discussion. Ils ont beaucoup aimé.

Ca ne sera pas pour nous. Sinon, la météo pourrait nous bloquer dans le coin pour une bonne partie de la semaine. Nous décidons de la devancer et de filer au sud, droit sur Capraia, à 61 milles, ce qui représente une quinzaine d'heures de navigation.

La météo, toujours elle, prévoyait un peu de sud-est faible, tournant lentement vers l'ouest, modéré. De quoi faire un long bord tranquille à la voile après un peu de moteur pour commencer.
En fait, nous aurons du sud-ouest fort. Et nous allons forcer dans la piaule tout l'après midi, avec les embruns sur le pont, des pointes à 6,5 nœuds malgré les voiles réduites. et les vagues courtes. Et nous avons trop laissé travaillé le pilote automatique tout neuf qui fait maintenant de drôles de bruits.

Et la photo ci-dessous souffre d'un horizon penché ! Le pilote automatique, c'est le machin horizontal enveloppé de tissu. Il commande la barre du bateau, en bois.


L'arrivée à Capraia nous a fait du bien dès que nous avons pu bénéficier de l'abri de l'île. Le mouillage devant le port a été libéré par un bateau qui ne parvenait pas à faire crocher son ancre. Hop, nous avons profité de l'aubaine pour planter la notre, bientôt rejoints par un italien. Pas question d'aller à terre : nous sommes quand même un peu cassés par nos 13 heures et demie de navigation dynamique et il faut surveiller le mouillage dans les dernières rafales qui tombent des reliefs.



Et puis, Capraia, ce ne sera pas non plus pour cette fois. Il nous faut encore suivre les impératifs de la météo qui annonce du sud-est mercredi. Si nous restons mardi, nous aurons des difficultés pour rejoindre l'île d'Elbe, face au vent. Et ici, le mouillage n'est pas protégé de ce côté. Nous partirons demain sans avoir mis les pieds à terre.

Portovenere

C'est une bonne idée d'y aller un dimanche, ça permet d'imaginer le monde qui doit hanter l'endroit pendant la saison. Les ruelles doivent être pleines. Non pas que ce ne soit pas organisé. Le touriste y est bien entouré. Mais la place est somme toute limitée dans ce petit bourg resserré au pied du château. C'est bien joli mais l'originalité vient surtout de la situation le long du passage à terre de l'îlot Palmaria. Les bateaux peuvent passer par ici pour aller dans le golfe de la Spezia, et il ne s'en privent pas : navettes pour touristes, bacs pour l'île, pêcheurs du matin, voiliers du weekend, baigneurs du dimanche, tous profitent du très beau paysage et du vent qui s'engouffre ici pour le plaisir des voiliers.

Autant le bourg est couru, autant l'île est tranquille sitôt les bords des plages abandonnés. La forêt couvre la plus grande partie de l'île. Quelques maisons se cachent plus ou moins sous la végétation touffue. Ambiance un peu bohème sur les hauts, pour ce que j'ai cru en remarquer, et plus classique en bas avec des gîtes et des maisons refaites, des terrasses et puis ces plages organisées que les italiens pratiquent un peu partout.

Euh... Pour les photos, ce sera un peu plus tard...

samedi 1 juin 2019

Les Cinq Terres vues de la mer


Certains villages coulent vers la mer et l'entassement de leurs maison aux couleurs pastel fait penser à ce qu'on pourrait obtenir en faisant couler de trop gros morceaux dans un entonnoir. Ca bloque. Depuis le bateau, il est difficile de discerner des rues dans ces empilements.

D'autres villages sont en hauteur, accrochés à la pente. Ils regardent la mer de haut et s'occupent davantage de leurs vignes. Les pentes sont agencées pour la culture. Nous en avons eu un aperçu plus détaillé quand nous étions venus profiter de la région en voiture. Alors, pour les photos, il faudra remonter des mois en arrière sur ce super blog.

Par contre, en bateau, on remarque des maisons perdues, loin de tout. Par quel chemin les rejoint-on. Que fait-on quand on habite un hameau tellement en pente ? Les Cinque Terre ne se racontent pas aux bateaux.


Après quelques heures de moteur, nous terminons l'étape à la voile. Il s'agit de longer la paroi rocheuse jusqu'à Portovenere, à l'ouvert du golfe de la Spezia. Nous trouvons un coin pour mouiller au moment où le vent monte nettement. On lâche une bonne longueur de chaîne et on vérifie que ça tienne. Pas question d'aller à terre pour le moment.

Santa Margherita Ligure



C'est dans la baie que ferme Portofino, le Saint-Tropez local, un peu plus au nord, un peu plus fonctionnel. On y trouve même des pêcheurs qui partent pêcher en mer, des retraités qui discutent sur le port, des gens qui travaillent, des magasins et tout ce qu'il faut pour accueillir les touristes.


D'ailleurs, quand nous arrivons, nous posons l'ancre à l'endroit qui nous semble le plus adéquat. Il se révèle, à l'usage, un peu trop sur le trajet des nombreuses vedettes qui promènent les nombreux visiteurs entre Portofino et les Cinq Terres. Nous bougerons le lendemain matin pour un peu plus de tranquillité.


Pas trop le goût du vedettariat quand quelques centaines de touristes entassés sur un bateau nous prennent pour le final du spectacle alors que nous bricolons notre annexe sur le pont.



Le clou de leur spectacle, ils l'avaient pourtant à Portofino où les grands yachts sont là, disponibles, à la vue de la foule : les passants qui passent et ceux qui restent un moment dans les lieux. Deux mondes se côtoient et on ne les confond pas. Les locaux, quant à eux, ils bossent.

A Santa Margherita, même si on vit du tourisme, la ville est plus grande, le port travaille, l'ambiance est moins artificielle, on a même un supermarché où les prix sont bon marché, même si ne manquent pas les lieux où il faut être allé. Tiens, devant le mouillage, le café Piccolo Grande n'ouvre qu'en soirée et fait le plein de clients qui viennent goûter l'inconfort de chaises tronquées installées sur la rue en pente, une caisse servant de table. L'idée, le lieu sont sympathiques, c'est plein.


Sur les hauteurs partent des chemins de randonnée qui sont très vite trop étroits pour des voitures. Des villas les bordent parfois. Rien n'est prévu pour la voiture, ni l'étroitesse ou le seuil de leurs portails, ni leur architecture sans garage ni parking. Quelques escaliers interdisent parfois même le scooter. Un engin plus grand aurait des difficultés pour faire demi tour : le chemin est bordé de murs. La végétation envahit certaines propriétés délaissées.


Plus haut, plus loin dans la forêt, il y a davantage de place et des propriétaires ont garé leur quad ou leur Piaggio.


La vue est superbe depuis leur coin isolé.


Et puis le chemin se transforme brusquement en sentier. Après s'être glissé dans les herbes, nous voici dans les forêts.


Et puis après, c'est un bon moment de marche, les cours d'eau qui dévalent, une ou deux vieilles baraques abandonnées.


Des surprises, comme cette maison accessible à pied...


... et le retour progressif à la ville par les hauteurs de Portofino.


Des marcheurs font leur apparition dans l'autre sens, un court de tennis, quelques immeubles et la gendarmerie.


Et très vite la foule, venue en voiture, en bus, en bateau. Tout ce monde marche un peu, mange beaucoup, achète...