lundi 6 juillet 2020

L'île de Cavallo


Le bateau est mouillé dans une anse bordée de gros rochers ronds et de maisons de toutes sortes, à l'abri d'une île dont on fait le tour à pied en une ou deux heures, dans des paysages magnifiques, mais nous sommes... en banlieue.


La banlieue PSP+ d'une ville miniature et endormie avec des immeubles, des hôtels, des appartements de location, des voiturettes électriques, un port aux trois quarts vide.


Il y a des routes cimentées, des chemins carrossables, une vieille piste pour les avions, une bande d'herbe brûlée abandonnée depuis l'utilisation des hélicoptères. Et quelques fourgons d'artisans italiens pour entretenir les villas les plus soignées, du côté est de l'île, là où nous sommes.


Qu'est-ce qu'on doit les embêter à venir ainsi planter une ancre sous leurs fenêtres. Ce n'est pas que les propriétaires semblent souvent sur place mais la proximité de Bonifacio, Porto Vecchio au nord, ainsi que les villes de Sardaigne au sud, cette proximité explique le nombre et la diversité des embarcations qui fréquentent le mouillage.


Ca va du yacht avec équipage au pneumatique familial muni de sa glacière, les jet-skis sont de la partie, les voiliers de l'école de voile de Bonifacio, les hipsters , les vedettes à moteur adeptes du pique-nique rigolard et pas très discret. 


A propos de discrétion, une mention spéciale pour un pneumatique poussé par trois moteurs de 300 chevaux chacun, occupé par des beaux mecs et des belles nanas. Différence, différences, les mecs discutaient et buvaient des canettes, les nanas portaient le minimum et se trémoussaient sur la plage arrière dans les vibrations de la sono. Dans la baie, parce que, dehors, tout était plus sage sur les vagues et loin des spectateurs. Il est toujours difficile d'imaginer ce qui fait agir des gens qui nous sont bien étrangers, ceux-là comme le propriétaire dont deux employés s'occupent pour un peu de ski nautique "solitaire".


L'île elle-même est un mystère : les investissements du port, les hôtels, le côté préservé avec les voiturettes électriques, la mutilation du cadre de vie, ce n'est pas aussi surprenant que le peu d'activités et la proximité des villas dont on imaginerait les propriétaires exigeants quant à leur environnement.


Tout ce qui est collectif fait un peu fatigué, dans cette île à l'occupation désordonnée, de nombreux bâtiments  ont été abandonnés bien avant l'achèvement de leur construction. Sur la côté ouest, c'est un village entier qui n'est plus que ruines à côté d'un village de bungalows en préfabriqué (pour les employés ?). A croire que des investisseurs se sont employés consciencieusement à saloper l'île.


Ca plaît pourtant : il y a des voiturettes pour transporter quelques estivants, des hélicoptères pour des résidents, des clients sur certaines chaises longues de l'hôtel du port. Mais pas plus, c'est morne et on rencontre davantage de personnel que d'estivants.


Juste en face, la Sardaigne et les îles de la Maddalena, à côté les îlots des Lavezzi, cimetière de la Sémillante, entre beaucoup d'autres. Nous sommes encore dans les Bouches de Bonifacio. Il fait du vent et l'ancre a bien croché. Nous allons rester là pour la nuit. Qui a éteint les cigales ?


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