mercredi 24 novembre 2021

Un petit air de villégiature

 C'est à l'embouchure du Maroni qu'on découvre un lieu où la Guyane sourit à la mer. Sympa, non ?





Awala-Yalimapo, après Mana, mérite bien un petit détour. Des hébergements, des gens accueillants, un environnement plutôt tranquille.

lundi 22 novembre 2021

Cacao, un dimanche matin

Cacao, pour un premier dimanche libéré !


Les restrictions dues à la pandémie sont allégées en Guyane où la situation sanitaire est sur une tendance à l'amélioration. La cinquième vague n'est pas encore arrivée ici et dimanche 21 novembre 2021, eh bien c'est le premier dimanche libéré du confinement qui s'imposait aux Guyanais de la zone orange.

Pour nous, c'était prévu, nous allons à Cacao.

C'est un lieu où les Hmong se sont installés dans les années 1977. Voir le lien ci-dessus. 45 ans après, le village semble à la fois prospère, laborieux et dénué d'ostentation. La semaine y est sans doute tranquille, tout comme ce dimanche matin à 8 heures quand nous arrivons. La foule, ce sera pour plus tard quand les visiteurs en masse auront investi les restaurants et leurs files d'attente.

Pour nous, c'était l'ouverture, un moment encore bien calme. Nous étions les premiers à commander notre soupe au milieu des préparatifs. Bonne la soupe ! Une institution que nous n'avions pas pu approcher à Javouhey, le deuxième bourg Hmong, plus proche de Saint-Laurent. Là-bas, le confinement limitait l'accès à un seul établissement devant lequel la file d'attente était rédhibitoire.

Là, on n'attend pas. On a quand même le temps de visiter les stands d'artisanat tout proches où acheter des tissus, des sacs, des photos prises dans la nature guyanaise (orignaux parce que tirés très flashy avec le parti pris de faire ressortir le travail sur les couleurs au tirage).

Un peu plus loin, le marché. Euh... Les Hmong vendent ailleurs sur les marchés de Cayenne entre autres lieux, ce qui limite l'extension du marché aux produits disponibles. Il est donc tout petit ce marché. Pour s'approvisionner, ce n'est pas indispensable de venir jusqu'ici ; par contre, pour la salade de papayes, nous avons même eu droit à la démonstration de la recette (il aurait fallu noter : je n'ai à peu près rien retenu, hors la gentillesse gaie de la dame).




Balades dans le bourg et ses maisons de planches noires, outillages, poules, quads ou pickups aux roues marquées par la latérite, beaucoup de voitures garées dans les rues, la gendarmerie...




L'église et la messe dominicale très suivie : les officiants sont en blanc bien repassé, les fidèles entrent et sortent librement pendant l'office et les chants puis repartent en belle voiture ou en camion plateau fatigué.



Dominique nous montre ses collections d'orchidées, de poissons et de serpents. C'est le deuxième herpétologue qualifié que nous rencontrons en Guyane. Il y a de quoi être fasciné par la culture de nos guides et les bêtes mais j'aime bien les admirer derrière une vitre. Pas tout à fait vrai, certains serpents s'habituent au contact et à la manipulation (pas pris dans les mains, pas envie de les laisser tomber par terre).

Une grand mère placide. Elle bouge peu ses quatre mètres. Embêtant : elle n'a pas voulu manger depuis cinq mois.

Je savais que les chats étaient liquides. Eh bien les serpents le sont également ! La tête est bien à l'abri.




dimanche 21 novembre 2021

Les îles du Salut

On l'appelle le bagne de Cayenne, c'est d'ailleurs à peu près tout ce qu'on connait de la Guyane avec les insectes, les mygales, les serpents, la forêt... Une liste limitée, bien sûr, mais la Guyane, c'est un peu notre point aveugle de la France, département 973.

Alors ce bagne. Il n'était pas du tout à Cayenne. Les bagnards arrivaient à Saint-Laurent du Maroni d'où ils pouvaient être assignés à d'autres emplacements, des lieux plus ou moins proches de l'enfer, où l'espérance de vie pouvait être en moyenne de cinq ans. Cinq ans ou beaucoup moins pour ceux qui étaient par exemple en forêt. Si j'ai bien compris, on pouvait y travailler nus, histoire de... Histoire de quoi ? Eviter les évasions ? Punir ? Torturer ? Ça dépend des époques, expier et coloniser, ou faire disparaitre et punir. La troisième république fit pire que l'empire.

Si l'esclave s'achetait, le bagnard devait être disponible pour moins cher ; réduit à son matricule d'après Seznec, moins qu'un esclave sans doute, moins qu'un homme, jetable.

J'imagine qu'on se préservait une bonne conscience comme on pouvait. Les religieuses du couvent des îles du Salut, qu'en pensaient-elles ? Les curés, les médecins de la marine, les autres, tous les "libres" ? Il reste les murs de l'hôpital, plutôt bien foutu, cet hôpital, mais pas pour tout public. Les pavillons des administratifs, des gardiens en famille, les chambres des gardiens célibataires, l'église, et même le logement pour les visiteurs, tout était bien organisé pour gérer l'horreur.

Le cimetière des enfants est tout proche de notre logement. Les bagnards, eux, étaient jetés à l'eau. Il faut comprendre : la place était limitée, il fallait gérer au mieux. D'autant que même ici, sur l'île du Salut, on trouvait un quartier des condamnés à mort, une guillotine dont il subsiste les plots pour l'installation.

Ici, il en reste une ambiance de vacances. Les chambres se louent, le restaurant bénéficie d'une belle vue sur l'océan, l'île du diable est bien mignonne avec ses palmiers et la cabane de Dreyfus, le port est fréquenté par quelques catamarans qui font la liaison avec Kourou ; on vient pour se détendre, passer un moment hors du temps, loin des contraintes.

Si l'eau était plus claire, la Guyane serait envahie par les hôtels ou les marinas. Les grands fleuves et les courants charrient trop d'alluvions pour espérer une eau bleu et limpide. Tant pis pour les plongeurs, tant pis pour l'économie du tourisme de masse.

Ouaip. C'est quand même l'île du Diable où Dreyfus passa quatre ans. Nous avons connu l'endroit bien tranquille vendredi, nous l’éviterons samedi soir.




Le bagne de la Transportation

 Quelques photos







Pas l'endroit qui m'a le plus impressionné lors de la visite, mais un vrai pan de l'histoire de France auquel je n'ai pas attaché assez d'importance. Un petit tour sur Wikipédia s'impose tout d'abord.


jeudi 18 novembre 2021

Saint Laurent

C'est une grande ville de l'ouest. On dit l'ouest en parlant de cette région, malmenant légèrement la rose des vents. Certains aiment, d'autres évoquent une région défavorisée, minée par l'immigration irrégulière et le sous développement, en régression constante depuis des années. On évoque les restaurants fermés, les amis partis, l'idée de les suivre, c'était mieux avant.


Les rues ont des nids de poules à loger le poulailler entier, les habitats informels, comme on dit, eh bien ils sont un peu partout. Les écoles sont créées en série, les collèges et lycées suivent de près, freinés par le manque de place disponible.

Il semblerait que la nouvelle de la construction d'un établissement scolaire favorise l'installation de quartiers de ces habitats informels d'où les gens refusent de partir à moins d'être relogés. Et certaines implantations ont été abandonnées ainsi. Le nouvel hôpital flambant neuf remplace le bâtiment colonial d'une vétusté affirmée. Reste qu'il est bien plus  éloigné du centre ville et que ça ne plaît pas à tous.

Ça ne plaît pas du tout à notre guide des bâtiments de le transportation en tout cas. Elle s'en plaint par une plaisanterie, elle plaisante beaucoup, ce qui me provoque un sentiment un peu bizarre en visitant les souvenir de l'enfer que je tente d'imaginer ici.

Oui, on peut préférer les rives du Maroni, le mouillage, ou bien les gens en balade sur la petite place. Le vieux rafiot rouillé s'imagine toujours garder la petite plage. Les bateaux aux coffres s'imaginent ailleurs, et un îlot boisé a oublié que c'était à l'origine un bateau maintenant échoué et chevelu.


Le marché concentre commerçants réguliers et vendeurs à la sauvette peut-être pourchassés par les policiers municipaux. On trouve ici des fruits qui nous sont inconnus et quelques plats à rapporter pour le déjeuner.

En parlant de fruits, Paco transforme ceux de son jardin en confitures - bien les confitures ! En amont, il a transformé son jardin en oeuvre d'art, une création au long cours à travers laquelle il nous guide. On goûte, on touche - où on évite de se frotter quand ça pique, on rend visite au caïman de la mare derrière, on essaie quelques confitures, je renonce à mémoriser les différentes espèces.

F et F nous parlent de serpents et de balades, assaisonné avec des mélipodes, un brin d'architecture, des zestes de fleurs et un accueil parfait 


Je m'aperçois que j'ai peu écrit sur l'architecture de Saint Laurent. C'est l'inconvénient de voyager à plusieurs : je m'imagine mal embêtant tout le monde pour photographier ces bâtiments que je qualifie de coloniaux alors qu'ils sont d'abord administratifs. Ils datent des bagnes quand on envoyait les droits communs pour exploiter le pays après la fin de l'esclavage et soulager les bourgeois de la présence des voyous. Pour les explications sur le bagne, voir ici.