dimanche 7 novembre 2021

Mercredi 27 octobre, deuxième jour (et la nuit)

Au lever, c'est-à-dire après le chant du coq, c'est le moment de la toilette dans le fleuve. Il s'agit de choisir un coin rocheux dans le courant pour y faire tout ce qu'on doit y laisser. Comment dire ? J'avoue être encore un peu coincé. Après la baignade, le petit-déjeuner se prend chez "le capitaine" qui a animé la veillée précédente avec ses bavardages. Il nous a raconté avoir créé le village à l'âge de 22 ans, à son retour de l'armée dans les années 2000. Il aime se raconter. Certains récits sont intéressants quand il évoque ses expéditions dans la forêt, d'autres moins. Nous apprenons que le covid est une maladie ancienne pour les Amérindiens qui sont naturellement protégés. Pas de chance, quand nous repasserons dans l'autre sens, une semaine et demie plus tard, le capitaine sera au lit, victime lui aussi de la vieille pandémie.

Si les Amérindiens de ce village de Petit Saint-Laurent, à proximité d'Antecume, ont leurs toilettes dans le fleuve, ils ont aussi un robinet d'eau propre, traitée, bien bonne. Et il y a des panneaux solaires sur toutes les maisons. Nadine en profite pour recharger son téléphone. 

Les maisons sont bâties sur pilotis avec pas mal de bazar et parfois un hamac en sous-sol pour la sieste dans le courant d'air. Quant à nous, nous dormons dans un carbet : un toit, des piliers, de quoi accrocher nos hamacs.

Au matin, Florent et Minès filent chercher de l'essence pour plus de 400 €. C'est la quantité qui sera nécessaire aux deux pirogues.

Le chargement des embarcations prend du temps ! C'est Lamori, le père de Minès qui supervise, attentif à l'équilibre. Les deux pirogues une fois chargées partent franchir un saut (une chute) proche avec leur équipage tandis que nous traversons l'île à pied, nous les touristes avec les enfants.


Nous embarquons de l'autre côté et c'est parti : la forêt de chaque côté, le bruit du moteur (beaucoup de bruit !), le soleil, le paysage varié, les sauts aux roches disséminées et aux bouillonnements impressionnants avec quelques hauts fonds sableux (autant de vestiges du travail de la suceuse des orpailleurs). Les piroguiers ne chôment pas pour le pilotage.

Arrêt dans un village le temps de quelques gorgées de bière de manioc (de couleur orange, très douce), une dame accepte que je prenne quelques photos de sa fabrication de galettes de semoule de manioc (la kassav). Puis pirogue.


Arrêt à midi : Minès déploie immédiatement son épervier. Il a une technique bien à lui avec un lancer bien arrondi puis un plongeon pour récupérer le filet. Ça fonctionne plutôt bien. Dylan et Lulika, les deux garçons, y vont au fusil harpon. A midi, c'est poisson au menu. Ce sont les femmes qui se sont occupées du feu, de la préparation du poisson qui est bouilli avec plus ou moins d'oignons et de piment (ouvert c'est fort, fermé c'est jouable). Galette de manioc à tremper, café pour compléter.

L'après-midi va durer assez longtemps car l'emplacement prévu pour le camp est déjà pris. On va plus loin. Arrivés juste avant la nuit, il faut bâtir le carbet à côté des restes d'un petit dans lequel nous dormirons à trois, Nadine, Paul-Henri et moi. Il s'agit encore de trouver le repas du soir. Les chasseurs repartent en pirogue dans le noir pour pêcher. Ils vont ramener quelques poissons dont des aïmaras à préparer tout de suite puis Minès repart avec Lulika. Nous les accompagnons, Florent, Paul-Henri et moi. Il s'agit cette fois-ci d'utiliser le filet que Florent a apporté.

Pêche au filet dérivant en trois essais puis recherche de gibier à la lampe frontale. Un caïman de 80 cm en fait les frais (10 centimètres par an, ça donne 8 ans). Moi, je suis complètement perdu sur l'eau, je n'arriverais même pas à revenir tout seul. Heureusement que personne ne me mette au défi de seulement pointer le doigt en direction du camp.

Nuit sans pluie. Petit-déjeuner thé ou café avec l'eau du fleuve. Traitement de quelques bouteilles d'eau au micropur. Nous repartons après chargement.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire